jeudi 28 janvier 2010

Exercice de version, 69

Epílogo

La Barcelona de mi juventud ya no existe. Sus calles y su luz se han marchado para siempre y ya sólo viven en el recuerdo. Quince años después regresé a la ciudad y recorrí los escenarios que ya creía desterrados de mi memoria. Supe que el caserón de Sarriá fue derribado. Las calles que lo rodeaban forman ahora parte de una autovía por la que, dicen, corre el progreso. El viejo cementerio sigue allí, supongo, perdido en la niebla. Me senté en aquel banco de la plaza que tantas veces había compartido con Marina. Distinguí a lo lejos la silueta de mi antiguo colegio, pero no me atreví a acercarme a él. Algo me decía que, si lo hacía, mi juventud se evaporaría para siempre. El tiempo no nos hace más sabios, sólo más cobardes.
Durante años he huido sin saber de qué. Creí que, si corría más que el horizonte, las sombras del pasado se apartarían de mi camino.
Creí que, si ponía suficiente distancia, las voces de mi mente se acallarían para siempre. Volví por fin a aquella playa secreta frente al Mediterráneo. La ermita de Sant Elm se alzaba a lo lejos, siempre vigilante. Encontré el viejo Tucker de mi amigo Germán.
Curiosamente, sigue allí, en su destino final entre los pinos.
Bajé a la orilla y me senté en la arena, donde años atrás había esparcido las cenizas de Marina. La misma luz de aquel día encendió el cielo y sentí su presencia, intensa. Comprendí que ya no podía ni quería huir más. Había vuelto a casa.
En sus últimos días prometí a Marina que, si ella no podía hacerlo, yo acabaría esta historia. Aquel libro en blanco que le regalé me ha acompañado todos estos años. Sus palabras serán las mías.
No sé si sabré hacer justicia a mi promesa. A veces dudo de mi memoria y me pregunto si únicamente seré capaz de recordar lo que nunca sucedió.
Marina, te llevaste todas las respuestas contigo.

Carlos Ruiz Zafón, Marina

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Épilogue

La Barcelone de ma jeunesse n’existe plus. Ses rues et sa lumière s’en sont allées pour toujours, elles ne vivent plus que dans le souvenir. Quinze ans après, je revins dans cette ville, et je parcourai les lieux que je croyais alors exilés de ma mémoire. J’avais su que le Caserón de Sarriá avait été détruit. Les rues qui l’entouraient faisaient maintenant partie d’une autoroute le long de laquelle, à ce qu’on dit, court le progrès. Le vieux cimetière est encore là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m’assis sur ce banc de la place que j’avais tant de fois partagé avec Marina. Je distinguai au loin la silhouette de mon ancien collège, mais je n’osai pas m’approcher de lui. Quelque chose me disait que, si je le faisais, ma jeunesse s’évaporerait à jamais. Le temps ne nous rend pas plus sages, seulement plus lâches.
Pendant des années, j’ai fui, sans savoir ce que je fuyais. J’avais cru que, si je courrais plus loin que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de mon chemin. J’avais cru que, si je mettais suffisamment de distance, les voix de mon esprit se tairaient pour toujours. Enfin, je retournai à cette plage secrète face à la Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm s’élevait au loin, toujours aux aguets. Je rencontrai le vieux Tucker de mon ami Germán. Curieusement, il est encore là, sur la voie de son ultime destin parmi les pins.
Je descendis sur le rivage et je m’assis sur le sable où, des années auparavant, j’avais dispersé les cendres de Marina. La même lumière que ce jour-là alluma le ciel, et je sentis sa présence, intense. Je compris que je ne pouvais plus, ni ne voulais plus, fuir davantage. J’étais rentré chez moi.
Lors de ses derniers jours, j’avais promis à Marina que, si elle ne pouvait pas le faire, ce serait moi qui terminerait cette histoire. Ce libre en blanc que je lui avais offert m’a accompagné pendant toutes ces années. Ses mots seraient les miens.
Je ne sais pas si je saurai honorer ma promesse. Parfois, je doute de ma mémoire, et je me demande si je ne serai pas uniquement capable de me rappeler ce qui n’est jamais arrivé.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Coralie nous propose sa traduction :

Épilogue

Le Barcelone de ma jeunesse n'existe plus. Ses rues et sa lumières s'en sont allés pour toujours et ne vivent plus que dans le souvenir. Je revins en ville quinze ans plus tard et je parcourus les lieux que je croyais alors bannis de ma mémoire. J'appris que l'immeuble de Sarría avait été démoli. Les rues qui l'entouraient forment aujourd'hui une voie rapide par laquelle, dit-on, le progrès se propage. Le vieux cimetière est toujours là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m'assis sur ce banc de la place que j'avais tant de fois partagé avec Marina. J'aperçus au loin la silhouette de mon ancien collège, mais je n'osai pas m'en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, ma jeunesse s'évaporerait pour toujours. Le temps ne nous rend pas plus sages, mais seulement plus lâches. Pendant des années j'ai fuit, sans savoir quoi. Je crus que, si je courais au-delà de l'horizon, les ombres du passé s'écarteraient de mon chemin. Je crus que, si je mettais une distance suffisante, les voix de mon esprit se tairaient pour toujours. Je retournai enfin sur cette plage secrète face à la Méditerranée. L'ermitage de Sant Elm se dressait au loin, sans cesse vigilant. Je trouvai le vieux Tucker de mon ami Germán. Curieusement, il reste là, voué à son ultime destin entre les pins. Je descendis sur la rivage et m'assis sur le sable, où, des années auparavant, j'avais répandu les cendres de Marina. La lumière, pareille à celle de ce jour, embrasa le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris que je ne pouvais plus ni ne voulais fuir encore. J'étais retourné chez moi. Dans ses derniers jours, j'avais promis à Marina que, si elle ne pouvait pas le faire, je finirais moi-même cette histoire. Ce livre vierge que je lui avais offert m'a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens. Je ne sais pas si je saurai honorer ma promesse. Je doute parfois de ma mémoire et je me demande si je serais seulement capable de me souvenir de ce qui n'eut jamais lieu.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Chloé nous propose sa traduction :

Épilogue

Le Barcelone de ma jeunesse n’existe plus. Ses rues et ses lumières s’en sont allées pour toujours et ne vivent désormais que dans mon souvenir. Quinze ans plus tard, je suis retourné dans cette ville, et j’ai parcouru les endroits que je croyais déjà chassés de ma mémoire. J’avais appris que la bâtisse de Sarriá avait été démolie. Les rues qui l’entouraient font aujourd’hui partie d’une autoroute par laquelle, dit-on, court le progrès. Le vieux cimetière est toujours là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je me suis assis sur ce banc de la place que j’avais partagé tant de fois avec Marina. Au loin, j’ai distingué la silhouette de mon ancien collège, mais je n’ai pas osé m’en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, mon enfance s’évaporerait à tout jamais. Le temps ne nous rend pas plus sages, juste plus lâches. Pendant des années, j’avais fui, sans savoir ce que je fuyais. J’avais cru que, si je courrais au-delà que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de mon chemin.
J’avais cru que si j’y mettais suffisamment de distance, les voix de ma conscience se tairaient pour de bon. Enfin, je suis revenu sur cette plage secrète face à la Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm se dressait au loin, toujours vigilant. J’ai retrouvé la vieille Tucker de mon ami Germán.
Curieusement, elle est encore là-bas, parmi les pins, son ultime destination. Je suis descendu sur le rivage et je me suis assis sur le sable, où des années auparavant, j’avais dispersé les cendres de Marina. La même lumière qu’il y avait eu ce jour-là a éclairé le ciel, et j’ai senti sa présence, intense. J’ai compris que maintenant, je ne pouvais ni ne voulais plus fuir. J’étais rentré chez moi.
Durant les derniers jours de son existence, j’avais promis à Marina que, si elle ne pouvait pas le faire, je terminerais cette histoire. Ce livre vierge que je lui avait offert m’a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens.
Je ne sais pas si je saurai honorer ma promesse. Parfois, je doute de ma mémoire et je me demande si je serai seulement capable de me rappeler ce qui ne s’est jamais produit.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Amélie nous propose sa traduction :

Épilogue

Le Barcelone de ma jeunesse n’existe plus. Ses rues et sa lumière sont parties pour toujours et ne vivent désormais que dans mes souvenirs. Quinze ans plus tard, de retour dans la ville, je parcourus les lieux que je croyais déjà bannis de ma mémoire. J’avais appris que la bâtisse de Sarriá avait été démolie. Aujourd’hui, les rues alentours font partie d’une voie express, sur laquelle roule le progrès, à ce qu’on dit. Le vieux cimetière est toujours là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m’assis sur un banc de la place, celui que j’avais tant de fois partagé avec Marina. Au loin, je distinguai la silhouette de mon ancien collège, mais je n’osai pas m’en approcher. Quelque chose me disait que, si je m’y risquais, ma jeunesse s’évaporerait à tout jamais. Le temps ne nous rend pas plus sages, juste plus lâches.
Pendant des années, j’ai fui sans savoir ce que je fuyais. J’avais cru que si je courrais au-delà de l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de ma route.
J’avais cru que, si j’établissais une distance suffisante, les voix dans ma tête se tairaient pour l’éternité. Je finis par retourner sur cette plage secrète, face à la Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm se dressait sur les hauteurs, en fidèle veilleur. J’y retrouvai la vieille Tucker de mon ami Germán.
Curieusement, elle ne bouge pas de là, sa dernière destination parmi les pins.
Je descendis sur la rive et m’assis sur le sable, où j’avais dispersé les cendres de Marina, des années auparavant. Le ciel s’éclaira de la même teinte que ce jour-là et je ressentis sa présence, intense. Je compris alors que je ne pouvais ni ne voulais plus fuir davantage. J’étais revenu chez moi.
Les derniers jours avant sa mort, j’avais promis à Marina que si elle n’avait pas la possibilité de le faire, je terminerais cette histoire. Ce livre vierge que je lui avais offert m’a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens.
Je ne sais pas si je saurai honorer ma promesse. Parfois, je doute de ma mémoire et je me demande si je serai seulement capable de me rappeler ce qui n’est pas arrivé.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Pascaline nous propose sa traduction :

Épilogue

La Barcelone de ma jeunesse n’existe plus. Ses rues et sa lumière s’en sont allées pour toujours ; désormais, elles ne reviennent que dans mon souvenir. Quinze ans après, je retournai dans la ville et parcourus les scènes que je croyais déjà bannies de ma mémoire. J’appris que la vielle maison de Sarriá avait été démolie. Les rues qui l’entouraient font maintenant partie d’une autoroute par laquelle, dit-on, arrive le progrès. Le vieux cimetière est toujours là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m’assis sur ce banc de la place que j’avais tant de fois partagé avec Marina. Au loin, j’aperçus la silhouette de mon ancien collège, mais je n’eus pas l’audace de m’en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, ma jeunesse s’évaporerait pour toujours. Le temps ne nous rend pas plus sages, seulement plus lâches.
Pendant des années, j’ai fui, sans savoir quoi. Je pensai que, si je courais plus vite que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de mon chemin.
Je crus que, si je mettais suffisamment de distance, les voix dans ma tête se tairaient à jamais. Je retournai enfin sur cette place secrète, face à la Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm se dressait au loin, toujours vigilant. Je tombai sur la vielle Tucker de mon ami Germán.
Curieusement, elle est encore là, effectuant son dernier voyage parmi les pins.
Je descendis au bord de l’eau et m’assis sur le sable, où, des années auparavant, j’avais répandu les cendres de Marina. La même lumière que ce jour-là illumina le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris que ne je pouvais ni ne voulais plus fuir. J’étais de nouveau chez moi. Dans ses derniers jours, je promis à Marina que si elle, elle ne pouvait pas le faire, j’achèverais cette histoire moi-même. Ce livre encore vierge que je lui offris m’a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens.
J’ignore si je saurai honorer ma promesse. Parfois, je doute de ma mémoire et je me demande si je serai ne serait-ce que capable de me souvenir de choses qui jamais n’eurent lieu. Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Marie G. nous propose sa traduction :

La Barcelone de mon enfance n'existe plus. Ses rues et sa lumière sont parties pour toujours et elles ne survivent que dans mon souvenir. Quinze ans après, je revins dans cette ville et je parcourus les endroits que je pensais déjà s'être envolés de ma mémoire. J'appris que la bâtisse de Sarria fut démolie. Les rues qui l'entouraient font désormais partie d'une autoroute par laquelle, dit-on, passe le progrès. Le vieux cimetière demeure là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m'assis sur ce banc de la place, que j'avais maintes fois partagé avec Marina. Je distinguai au loin les contours de mon ancienne école, mais je n'osai pas m'en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, ma jeunesse s'évaporerait pour toujours. Le temps ne nous rend pas plus sages, seulement plus lâches.
Pendant plusieurs années, j'ai fui sans savoir ce que je fuyais. Je crus que, si je courais au-delà de l'horizon, les ombres du passé s'écarteraient de mon chemin.
Je pensai que, si je mettais suffisamment de distance, les voix de mon esprit se tairaient à jamais. Je refis un tour sur cette plage secrète face à la Méditerranée. L'ermitage de Sant Elm s'élevait au loin, toujours vigilant. J'y trouvai le vieux Tucker de mon ami German. Curieusement, il était toujours là, dans son ultime destin, au milieu des pins.
Je descendis au bord de l'eau et m'assis sur le sable, où des années auparavant j'avais répandu les cendres de Marina. La lumière identique à ce jour-là éclaira le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris que je ne pouvais plus, ni ne voulais plus fuir. J'étais revenu chez moi.
Dans les derniers jours de sa vie, je promis à Marina que, si elle ne pouvait pas le faire, je terminerais moi-même cette histoire. Ce livre vierge que je lui avais offert m'a accompagné pendant toutes ces années. Ses mots seront les miens.
Je ne sais pas si je saurais respecter ma promesse. Je doute parfois de ma mémoire et me demande si je ne serais guère capable que de me rappeler ce qui n'a jamais eu lieu.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Sandrine nous propose sa traduction :

Epilogue

Le Barcelone de mon enfance n’existe plus. Ses rues et sa lumière s’en sont allées pour toujours et ne revivent déjà plus que dans nos souvenirs. 15 ans après je revins dans la ville et parcourus les lieux que je croyais déjà banni de ma mémoire. Je sus que la bâtisse de Sarria fut démolie. Les rues qui l’entouraient, étaient maintenant une autoroute par laquelle, on dit qu’avance le progrès. Le vieux cimetière est encore là, je suppose, perdu dans le brouillard. Je m’assis sur ce banc de la place que j’ai tant de fois partagé avec Marina. Je remarquai au loin la silhouette de mon ancienne école, mais je n’osai pas m’en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, ma jeunesse s’évaporerait pour toujours. Le temps ne nous rend pas plus sages, seulement plus lâches.
Durant des années j’ai fui sans savoir quoi. Je crus que, si je courrais plus loin que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de mon chemin.
Je crus que, si je mettais assez de distance, les voix dans ma tête se tairaient pour toujours. Je retournai enfin à cette plage secrète face à la Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm se dressait au loin, toujours vigilant. Je rencontrai le vieux Tucker de mon ami German.
Curieusement, il est encore là, à sa place finale entre les pins.
Je descendis jusqu’à la rive et m’assis dans le sable, où j’avais quelques années plus tôt répandu les cendres de Marina. Une lumière identique à ce jour éclaira le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris que je ne pouvais ni ne voulais fuir encore. J’étais rentré à la maison.
Dans ces derniers jours de vie je promis à Marina que, si elle ne pouvait le faire, moi je terminerais cette histoire. Ce livre vierge que je lui offris m’a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens.
Je ne sais pas si je saurai rendre justice à ma promesse. Parfois je doute de ma mémoire et je me demande si je serai seulement capable de me souvenir de ce qui n’arriva jamais.
Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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Loïc nous propose sa traduction :

Épilogue

La Barcelone de ma jeunesse n’existe plus. Ses rues et sa lumière s’en sont allées pour toujours et ne vivent plus à présent que dans le souvenir. Quinze ans après, je retournai dans la ville et je parcourus les lieux que je croyais chassés de ma mémoire. J’appris que la bâtisse de Sarriá fut démolie. Les rues qui en faisaient le tour sont devenues maintenant une voie rapide par laquelle, dit-on, le progrès se propage à toute vitesse. Le vieux cimetière est toujours là, je présume, perdu dans le brouillard. Je m’assis sur ce banc de la place que j’avais partagé tant de fois avec Marina. Je distinguai au loin la silhouette de mon ancienne école, mais je n’osai pas m’en approcher. Quelque chose me faisait dire que, si je le faisais, ma jeunesse s’évaporerait pour toujours. Le temps ne nous rend pas davantage sages, mais seulement plus lâches.
Pendant des années, j’ai fui sans savoir quoi. Je crus que si je courais plus vite que l’horizon, les ombres du passé se sépareraient de ma route. Je crus que si j’imposais une distance suffisante, les voix de mon esprit se tairaient pour toujours. Je revins en définitive sur cette plage secrète en face de la mer Méditerranée. L’ermitage de Sant Elm s’élevait au loin, toujours vigilant. Je trouvai la vieille Tucker de mon ami Germán. Curieusement, elle est toujours là, dans sa dernière course au milieu des pins.
Je descendis au bord de la mer et m’assis sur le sable où, quelques années auparavant, j’avais répandu les cendres de Marina. La même lumière que ce jour-là emplit le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris alors que je ne pouvais ni ne voulais fuir davantage. J’étais de retour à la maison.
Au cours de ses derniers jours d’existence, je fis la promesse à Marina que si elle ne pouvait pas le faire elle-même, je finirais cette histoire. Ce livre encore vierge que je lui offris m’a accompagné toutes ces années. Ses mots seront les miens. Je ne sais pas si je rendrai correctement justice à ma promesse. Parfois, je doute de ma mémoire et je me demande si je serai capable de me rappeler seulement ce qui ne se produisit jamais.
Marina, tu as emporté avec toi toutes les réponses.

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Morgane nous propose sa traduction :

Épilogue

La Barcelone de ma jeunesse n’existe déjà plus. Ses rues et sa lumière s’en sont allées pour toujours et elles ne vivent déjà plus que dans le souvenir. Quinze ans après je revins à la ville et j’arpentai les théâtres que je croyais déjà bannis de ma mémoire. Je sus que la bâtisse de Sarriá avait été démolie. Les rues qui l’entouraient font à présent partie d’une quatre-voies par laquelle, dit-on, court le progrès. Le vieux cimetière a été conservé, je suppose, perdu dans le brouillard. Sur la place, je m’assis sur le banc que tant de fois j’avais partagé avec Marina. Je distinguai au loin la silhouette de mon ancien collège, mais je ne m’aventurai point à m’en approcher. Quelque chose me disait que, si je le faisais, me jeunesse s’évaporerait à tout jamais. Le temps ne nous rend pas plus savants, mais plutôt plus lâches. Pendant des années j’ai fui je ne sais quoi. Je crus que, si je courrai plus que l’horizon, les ombres du passé s’écarteraient de mon chemin.
Je crus que, si je mettais suffisamment de distance, les voix de mon esprit se tairaient pour toujours. Je revins enfin à cette place secrète face à la Méditerranée. L’ermitage de Saint Elm s’élevait au loin, toujours vigilant. Je rencontrai le vieux Tucker de mon ami Germain.
Curieusement, il reste là, dans sa destination finale entre les pins. Je descendis au bord de la mer et m’assis sur le sable, où des années auparavant j’avais éparpillé les cendres de Marina. La même lumière que ce jour-là enflamma le ciel et je sentis sa présence, intense. Je compris que je ne pouvais ni ne voulais fuir davantage. Elle était rentrée à la maison. Dans ses derniers jours j’avais promis à Marina que, si elle ne pouvait pas le faire, je terminerais cette histoire. Ce carnet de feuilles blanches que je lui offris m’a accompagné toutes ces années. Ses paroles seront miennes. J’ignore si je saurai tenir ma promesse. Parfois je doute de ma mémoire et me demande si je serai seulement capable de me souvenir de ce qu’il n’était jamais advenu. Marina, tu as emporté toutes les réponses avec toi.

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