mardi 9 mars 2010

Exercice de version, 109

Apreciado amigo:
No puede usted imaginarse la enorme alegría que nos ha producido a Paulina y a mí recibir la noticia de que usted nos iba a enviar dinero desde Nueva York. Hasta que nos escribió el abogado no sabíamos nada de ese seguro que mi marido (q. e. p. d.) suscribió antes de morir. El abogado nos ha explicado las causas del retraso en el cobro del seguro. Créame que nos hacemos perfecto cargo de los motivos que le han impulsado a usted a obrar de esta manera y no le hacemos reproche alguno.
Estos años han sido muy difíciles para Paulina y para mí. Mamá murió hace ya tiempo, tras una larga y penosa enfermedad. Al principio podíamos sobrevivir de lo que Cortabanyes nos fue dando. Se portó como un perfecto caballero y, más aún, como un buen cristiano. Después de su muerte pensamos que todo estaba perdido. Afortunadamente, se hizo cargo del despacho un joven abogado de prestigio, llamado D. Pedro Serramadriles, quien accedió a darme trabajos esporádicos que nos han permitido ir tirando. Figúrese usted lo que habrá sido para mí, que no había trabajado nunca, desempeñar las funciones de mecanógrafa. El señor Serramadriles ha sido, en todo momento, muy considerado, amable y paciente conmigo.
Mi único deseo, en este tiempo, ha sido procurar que la pequeña Paulina no careciese de nada. Por desgracia, temo que su educación sea deficiente. Como además hemos tenido que ir vendiendo mis joyas, la pobre ha crecido en un ambiente de clase media, tan distinto al que por nacimiento le corresponde. La niña, sin embargo, no traiciona su origen y se quedaría usted sorprendido de su distinción y modales. Sin apasionamiento de madre, puedo asegurarle que es bellísima y que guarda un increíble parecido con su pobre padre, cuya memoria venera.
El dinero que usted nos va a enviar nos viene pues como anillo al dedo. Tengo puestas mis esperanzas en una buena boda, para cuando Paulina esté en edad de merecer, cosa difícil de lograr si no se cuenta con un mínimo de medios. Y, aunque estoy segura de que muchos hombres de valía la mirarán con buenos ojos, no creo que ninguno se atreva a dar el paso definitivo, por consideraciones de orden social. Ya ve usted lo muy necesitadas que estamos de ese dinero que usted nos enviará en breve.
Ya sabe que nos tiene siempre a su entera disposición y que nuestra gratitud por su desinteresada ayuda no conoce límites. Crea que con ella ha contribuido a despejar un poco el negro panorama de nuestras vidas y a rehabilitar la memoria de aquel gran hombre que fue Paul-André Lepprince.
Suya afectuosa,
María Rosa Savolta.

Eduardo Mendoza, La verdad sobre el caso Savolta

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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Cher ami :
Vous ne pouvez pas imaginer la joie immense que nous a procuré, à Paulina comme à moi-même, la nouvelle de votre prochain envoi d’argent depuis New York. Jusqu’aux courriers de l’avocat, nous ne savions rien de cette assurance que mon mari (qu’il repose en paix) avait souscrit avant sa mort. L’avocat nous a expliqué pourquoi le versement de l’assurance tardait. Croyez bien que nous comprenons parfaitement les raisons qui vous ont poussé à agir de la sorte : nous ne vous adressons aucun reproche.
Ces dernières années ont été très difficiles pour Paulina et moi. Maman est morte il y a quelques temps déjà, après une longue et pénible maladie. Au début, nous pouvions survivre grâce aux dons de Cortabanyes. Il s’est conduit en parfait gentleman et même plus, en bon chrétien. À sa mort, nous avons pensé que tout était perdu. Heureusement, le bureau a été repris par un jeune avocat prestigieux, Don Pedro Serramadriles, lequel a accepté de me confier sporadiquement quelques travaux qui nous ont permis de tenir. Imaginez ce qu’aura représenté pour moi, qui n’avais jamais travaillé, le fait d’assumer des fonctions de dactylographe. Monsieur Serramadriles s’est toujours montré très respectueux, aimable et patient envers moi.
Mon unique désir, à cette époque, a été de veiller à ce que la petite Paulina ne manque de rien. Malheureusement, je crains que son éducation n’ait été insuffisante. En outre, comme nous avons dû vendre mes bijoux, la pauvre a grandi dans un environnement de classe moyenne, très différent de celui qui lui revenait de naissance. Ma fille, cependant, fait honneur à ses origines : vous seriez surpris de sa distinction et de ses bonnes manières. Je suis sa mère, certes, mais je n’exagère pas pour autant lorsque je vous assure qu’elle est très belle et qu’elle ressemble incroyablement à son pauvre père, dont je salue la mémoire.
L’argent que vous allez nous envoyer vient à point nommé. J’ai placé tous mes espoirs dans un bon mariage pour Paulina, quand elle sera en âge de convoler, ce qui est difficile à envisager sans disposer d’un minimum de moyens. Et, bien que je sois sûre que beaucoup d’hommes estimables la regarderont d’un bon œil, je ne crois pas que l’un d’eux ose franchir le pas, et ce, pour des considérations d’ordre social. Vous pouvez donc constater combien nous avons besoin de l’argent que vous nous enverrez bientôt.
Sachez que nous restons à votre entière disposition et que notre gratitude envers vous, pour votre aide désintéressée, est sans limite. Croyez bien que celle-ci a contribué à éclaircir un peu l’horizon noir de nos vies et à réhabiliter la mémoire de ce grand homme que fut Paul-André Lepprince.
Avec toute mon affection,
María Rosa Savolta.

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Laëtitia nous propose sa traduction :

Mon très cher ami :
Vous ne pouvez pas imaginer l’énorme joie que nous avons ressentie Paulina et moi en apprenant que vous alliez nous envoyer de l’argent depuis New York. Jusqu’à ce que l’avocat nous écrive nous ne savions rien de cette assurance à laquelle mon mari (R.I.P) avait souscrit avant de mourir. L’avocat nous a expliqué les causes du retard dans l’encaissement de l’assurance. Croyez bien que nous prenons l’entière responsabilité des raisons qui vous ont poussé à agir de cette façon et nous ne vous adressons aucun reproche.
Ces dernières années ont été particulièrement difficiles pour Paulina et moi. Il y a déjà longtemps que Maman est morte, des suites d’une longue et pénible maladie. Au début nous arrivions à survivre avec ce que Cortabanyes nous donnait. Il s’est comporté en parfait gentleman et, encore plus, en bon chrétien. Après sa mort nous avons pensé que tout était perdu. Par chance, un jeune avocat de prestige, M. Pedro Serramadriles, a pris en charge le cabinet, et a accepté de me confier des travaux sporadiques qui nous ont permis de sortir la tête de l’eau. Figurez-vous ce que cela a été pour moi, qui n’avais jamais travaillé, d’assurer les fonctions de mécanographe. Monsieur Serramadriles a été, à tout moment, très courtois, aimable et patient avec moi.
Mon unique désir, à cette époque, a été de faire en sorte que ma petite Paulina ne manque de rien. Malheureusement, je crains que son éducation ne soit déficiente. Etant donné qu’en outre nous avons été obligées de vendre mes bijoux, la pauvre a grandi dans un environnement de classe moyenne, si différent de celui qui par naissance lui est dû. La petite, cependant, ne trahit pas ses origines et vous seriez surpris par sa distinction et ses manières. Je peux vous garantir, sans que mon amour de mère ne m’aveugle, qu’elle est très belle et qu’elle garde une incroyable ressemblance avec son pauvre père, dont elle vénère la mémoire.
L’argent que vous allez nous envoyer vient à point nommé. Je fonde tous mes espoirs sur un bon mariage, le jour où Paulina sera en âge de se marier, entreprise difficile si on ne peut pas compter sur un minimum de moyens. Et, bien que je sois certaine que beaucoup d’homme de valeur la regarderont d’un bon œil, j’ai peur qu’aucun d’entre eux n’ose franchir le pas définitif, à cause de considérations d’ordre social. Vous voyez à présent combien nous avons besoin de cet argent que vous nous enverrez sous peu.
Vous savez que nous sommes à votre entière disposition et que notre gratitude envers votre aide désintéressée ne connaît aucune limite. Soyez sûr qu’avec elle vous avez contribué à éclaircir un peu le sombre panorama de nos vies et à réhabiliter la mémoire de ce grand homme qu’a été Paul-André Lepprince.
Affectueusement,
María Rosa Savolta

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Amélie nous propose sa traduction :

Cher ami,

Vous ne pouvez pas vous imaginer l’immense joie que nous avons ressentie, Paulina et moi, en apprenant que vous alliez nous envoyer de l’argent depuis New-York. Avant de recevoir le courrier de notre avocat, nous ignorions complètement l’existence de cette assurance que mon mari (qu’il repose en paix) avait souscrite avant de mourir. Notre avocat nous a expliqué pourquoi le capital tardait à être versé. Croyez-moi, nous sommes bien conscientes des raisons qui vous ont poussé à agir de la sorte et nous ne vous adressons aucun reproche.
Ces dernières années ont été très difficiles pour Paulina et moi. Maman est morte il y a longtemps déjà, des suites d’une longue et douloureuse maladie. Au début, nous réussissions à survivre grâce aux dons de Cortabanyes. Il s’est comporté en parfait gentleman, et plus encore, en bon chrétien. À sa mort, nous avons pensé que tout était perdu. Par chance, le cabinet a été repris par un jeune avocat à l’excellente réputation, D. Pedro Serramadriles, qui a consenti à me confier sporadiquement quelques travaux, ce qui nous a permis de tenir le coup. Figurez-vous ce que cela a représenté pour moi, qui n’avais jamais travaillé, d’assurer les fonctions de dactylo ! Monsieur Serramadriles s’est toujours montré extrêmement courtois, aimable, et patient à mon égard.
À cette époque, mon unique désir a été de veiller à ce que ma petite Paulina ne manque de rien. Malheureusement, je crains que son éducation n’ait été insuffisante. En outre, comme nous avons dû vendre mes bijoux, la pauvre petite a grandi dans un environnement de classe moyenne, très différent de ce qui lui revenait de naissance. Néanmoins, la fillette ne trahit pas ses origines et vous seriez étonné de voir sa distinction et ses bonnes manières. En toute objectivité, je peux vous assurer qu’elle est magnifique et qu’elle conserve une incroyable ressemblance avec son défunt père, dont elle honore la mémoire.
L’argent que vous allez nous envoyer arrive donc à point nommé. J’ai placé tous mes espoirs dans un bon mariage pour Paulina, le jour où elle sera en âge de se marier, événement difficile à envisager si on ne dispose pas d’un minimum de moyens. De plus, j’ai beau être certaine que nombre d’hommes de valeur la regarderont d’un bon œil, je crois qu’aucun d’entre eux n’osera franchir le pas, et ce, pour des considérations d’ordre social. Vous voyez donc combien nous avons besoin de cet argent que vous nous enverrez sous peu.
Sachez que nous nous tenons à votre entière disposition et que notre gratitude envers vous, pour votre aide désintéressée, ne connaît pas de limites. Soyez sûr que cela a contribué à éclaircir un peu le sombre horizon de nos vies et à réhabiliter la mémoire de ce grand homme qu’a été Paul-André Lepprince.
Affectueusement,
María Rosa Savolta.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

Cher ami,
Vous ne pouvez pas vous imaginer l'immense joie que nous avons ressenti, Pauline et moi, lorsque nous avons reçu la nouvelle de votre envoi d'argent depuis New York. Jusqu'à ce que nous écrive l'avocat, nous ne savions rien au sujet de cette assurance à laquelle mon mari (qu'il repose en paix) avait souscrit avant de mourir. L'avocat nous a expliqué les raisons du retard du versement de l'assurance. Croyez-moi, nous comprenons parfaitement les motifs qui vous ont poussé à agir de cette manière et nous ne vous le reprochons pas.
Ces dernières années ont été très difficiles pour Pauline et moi. Ma mère mourut il y a peu, après une longue et pénible maladie. Au début, nous pouvions survivre grâce à ce que Cortabanyes nous donnait. Il se comporta comme un parfait gentleman et, plus encore, comme un bon chrétien. Après sa mort, nous pensâmes que tout était perdu. Heureusement, un jeune avocat prestigieux, appelé D.Pedro Serramadriles se chargea du bureau; il réussit à m'obtenir des travaux sporadiques qui nous ont permis de continuer à vivre.
Ces derniers temps, mon seul souhait a été de faire en sorte que la petite Paulina ne manque de rien. Malheureusement, je crains que son éducation soit déficiente. Par ailleurs, comme nous avons dû vendre mes bijoux, la pauvre a grandi dans un milieu de classe moyenne, si différente à celle qui correspond à sa naissance. L'enfant, cependant, ne trahit pas ses origines, et vous seriez très surpris par sa distinction et ses bonnes manières. Sans la passion d'une mère, je peux vous assurer qu'elle est très belle et qu'elle ressemble incroyablement à son pauvre père, dont elle vénère la mémoire.
L'argent que vous nous allez nous envoyer arrive au bon moment. J'ai fondé mes espérances sur un bon mariage, quand Pauline sera en âge de le mériter, chose difficile d'obtenir si on ne possède pas un minimum de moyens. Et, bien que je sois sûre que beaucoup d'hommes de valeur la regarderont avec de bons yeux, je crois qu'aucun n'osera faire le pas définitif, à cause de considérations d'ordre social. Vous voyez bien à quel point nous avons besoin de cet argent que vous nous enverrez dans peu de temps.
Vous savez bien que nous sommes toujours à votre entière disposition et que notre gratitude pour votre aide désintéressée n'a pas de limites. Croyez bien que celle-ci a contribué à dégager quelque peu l'horizon noir de nos vies et à réhabiliter la mémoire de ce grand homme que fut Paul-André Lepprince.
Très affectueusement,
María Rosa Savolta.

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