lundi 3 janvier 2011

Une saine lecture…

[J'ai pensé que quelqu'un pourrait s'essayer à le traduire… Voyez si vous avez un moment, mais il est certain que ce serait un beau travail à faire]

Medio pan y un libro.

Locución de Federico García Lorca al Pueblo de Fuente de Vaqueros (Granada). Septiembre 1931.

"Cuando alguien va al teatro, a un concierto o a una fiesta de cualquier índole que sea, si la fiesta es de su agrado, recuerda inmediatamente y lamenta que las personas que él quiere no se encuentren allí. ‘Lo que le gustaría esto a mi hermana, a mi padre’, piensa, y no goza ya del espectáculo sino a través de una leve melancolía. Ésta es la melancolía que yo siento, no por la gente de mi casa, que sería pequeño y ruin, sino por todas las criaturas que por falta de medios y por desgracia suya no gozan del supremo bien de la belleza que es vida y es bondad y es serenidad y es pasión.
Por eso no tengo nunca un libro, porque regalo cuantos compro, que son infinitos, y por eso estoy aquí honrado y contento de inaugurar esta biblioteca del pueblo, la primera seguramente en toda la provincia de Granada.
No sólo de pan vive el hombre. Yo, si tuviera hambre y estuviera desvalido en la calle no pediría un pan; sino que pediría medio pan y un libro. Y yo ataco desde aquí violentamente a los que solamente hablan de reivindicaciones económicas sin nombrar jamás las reivindicaciones culturales que es lo que los pueblos piden a gritos. Bien está que todos los hombres coman, pero que todos los hombres sepan. Que gocen todos los frutos del espíritu humano porque lo contrario es convertirlos en máquinas al servicio de Estado, es convertirlos en esclavos de una terrible organización social.
Yo tengo mucha más lástima de un hombre que quiere saber y no puede, que de un hambriento. Porque un hambriento puede calmar su hambre fácilmente con un pedazo de pan o con unas frutas, pero un hombre que tiene ansia de saber y no tiene medios, sufre una terrible agonía porque son libros, libros, muchos libros los que necesita y ¿dónde están esos libros?
¡Libros! ¡Libros! Hace aquí una palabra mágica que equivale a decir: ‘amor, amor’, y que debían los pueblos pedir como piden pan o como anhelan la lluvia para sus sementeras. Cuando el insigne escritor ruso Fedor Dostoyevsky, padre de la revolución rusa mucho más que Lenin, estaba prisionero en la Siberia, alejado del mundo, entre cuatro paredes y cercado por desoladas llanuras de nieve infinita; y pedía socorro en carta a su lejana familia, sólo decía: ‘¡Enviadme libros, libros, muchos libros para que mi alma no muera!’. Tenía frío y no pedía fuego, tenía terrible sed y no pedía agua: pedía libros, es decir, horizontes, es decir, escaleras para subir la cumbre del espíritu y del corazón. Porque la agonía física, biológica, natural, de un cuerpo por hambre, sed o frío, dura poco, muy poco, pero la agonía del alma insatisfecha dura toda la vida.
Ya ha dicho el gran Menéndez Pidal, uno de los sabios más verdaderos de Europa, que el lema de la República debe ser: ‘Cultura’. Cultura porque sólo a través de ella se pueden resolver los problemas en que hoy se debate el pueblo lleno de fe, pero falto de luz.

***

Alexis – que je remercie très sincèrement de s'être prêté au jeu – nous propose sa traduction :

Une moitié de pain et un livre.

Locution de Federico García Lorca au Peuple de Fuente de Vaqueros (Grenade). Septembre 1931

Quand quelqu’un va au théâtre, à un concert ou à une fête de quelque nature que ce soit, si la fête est à son goût, il se rappelle immédiatement et regrette que les personnes qu’il aime ne s’y trouvent pas. « Comme ça plairait à mon frère, à mon père », pense-t-il alors, et il ne profite plus du spectacle si ce n’est à travers une légère mélancolie. C’est cette mélancolie que je ressens, non pas pour les gens de ma maison, ce qui serait petit et minable, mais pour toutes les créatures qui par manque de moyens et par malheur ne jouissent du bien suprême de la beauté qui est vie, qui est bonté, qui est sérénité, qui est passion.
Voilà pourquoi je n’ai jamais de livre, car j’en offre autant que j’en achète, et ils sont infinis, et c’est la raison pour laquelle je suis ici honoré et heureux d’inaugurer cette bibliothèque municipale, certainement la première de toute la province de Grenade.
L’homme ne vit pas que de pain. Moi, si j’avais faim et me trouvait déshérité dans la rue, je ne demanderais pas du pain, mais plutôt une moitié de pain et un livre.
Et j’attaque depuis ici avec virulence ceux qui ne parlent que de revendications économiques sans ne jamais nommer les revendications culturelles qui sont ce que les peuples réclament à cor et à cri. Il est bien que tous les hommes mangent, mais il est mieux que tous les hommes sachent. Qu’ils jouissent de tous les fruits de l’esprit humain car le contraire, c’est les convertir en machines au service de l’Etat, c’est les convertir en esclaves d’une terrible organisation sociale.
J’ai beaucoup plus de peine pour un homme voulant savoir mais ne pouvant pas, que pour un affamé. Un affamé, lui, peut calmer sa faim facilement avec un morceau de pain ou quelques fruits, mais un homme avide de savoir mais n’en ayant pas les moyens souffre d’une terrible agonie car ce sont de livres, encore de livres, et toujours de livres dont il a besoin et où sont-ils ces livres ?
Des livres ! Des livres ! Voilà un mot magique qui équivaut à dire « Amour, Amour », et que devaient demander les peuples comme ils demandent du pain ou comme ils implorent la pluie pour leurs terres. Quand le remarquable écrivain russe Fedor Dostoïevski, père de la Révolution russe bien plus que ne l’est Lénine, était prisonnier en Sibérie, éloigné du monde, entre quatre murs et assiégé par de désolantes étendues de neige infinie, et qu’il demandait de l’aide dans une lettre à sa lointaine famille, il disait seulement : « Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas ! ». Il avait froid mais ne demandait pas de feu, il avait une soif terrible mais ne demandait pas d’eau : il demandait des livres, c'est-à-dire des horizons, c'est-à-dire des escaliers pour gravir le sommet de l’esprit et du cœur. Car l’agonie physique, biologique, naturelle d’un corps par la faim, la soif ou le froid, dure peu de temps, très peu, alors que l’agonie de l’âme insatisfaite dure toute la vie.
Le grand Menéndez Pidal, un savant parmi les plus véritables d’Europe, a dit que la devise de la République doit être : « Culture ». La culture car c’est seulement à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes face auxquels se bat aujourd’hui le peuple plein de foi, mais il lui manque la lumière.

Aucun commentaire: