samedi 26 décembre 2009

Exercice de version, 36

La hoja del sable lo fascinaba. Frederic Glüntz era incapaz de apartar los ojos de la bruñida lámina de acero que refulgía fuera de la vaina, entre sus manos, arrojando destellos rojizos cada vez que una corriente de aire movía la llama del candil. Deslizó una vez más la piedra de esmeril, sintiendo un escalofrío al comprobar la perfección de la afilada hoja.
— Es un buen sable — dijo, pensativo y convencido.
Michel de Bourmont estaba tumbado sobre el catre de lona, con la pipa de barro entre los dientes, absorto en la contemplación de las espirales de humo. Cuando escuchó el comentario, torció el bigote rubio en señal de protesta.
— No es arma para un caballero —sentenció sin cambiar de postura.
Frederic Glüntz hizo un alto en la tarea y miró a su amigo.
— ¿ Porqué ?
De Bourmont entornó los ojos. En su voz había un deje de aburrimiento, como si la respuesta fuese obvia.
— Porque un sable excluye cualquier filigrana. Es pesado y condenadamente vulgar.
Frederic sonrió, bonachón.
— ¿ Acaso prefieres un arma de fuego ?
— Por el amor de Dios, claro que no —exclamó con la distinción apropiada —. Matar a distancia no es muy honorable, querido. Una pistola no es más que el símbolo de una civilización decadente. Prefiero, por ejemplo, el florete; es más flexible, más...
— ¿ Elegante ?
— Sí. Quizá sea esa la palabra exacta: elegante. El sable es más instrumento de carnicería que de otra cosa. Sólo sirve para dar tajos.
Concentrándose en su pipa, De Bourmont dio por zanjado el asunto. Había hablado con aquel ligero ceceo suyo, tan peculiar y distinguido, que volvía a estar de moda y que tantos en el 4.° de Húsares se esforzaban en imitar. Los tiempos de la guillotina estaban lejos, y los vastagos de la vieja aristocracia podían ya levantar la cabeza sin temor a perderla, siempre y cuando tuviesen el tacto de no cuestionar los méritos de quienes habían escalado peldaños en el nuevo orden social mediante el valor de su espada, o de la mano de los próximos al Emperador.

Arturo Pérez Reverte, El husar

***

Amélie et Chloé nous proposent leur traduction commune :

La lame du sabre le fascinait. Frederic Glüntz était incapable de détourner le regard de la lame d’acier polie qui, sortie de son fourreau, resplendissait entre ses mains, jetant des éclats rougeoyants chaque fois qu’un courant d’air faisait vaciller la flamme de la lampe à huile. Il passa une nouvelle fois la toile d’émeri et frissonna en constatant combien la lame affilée était parfaite.
— C’est un bon sabre — dit-il pensif, mais sûr de lui.
Michel de Bourmont était allongé sur le lit de camp, sa pipe en terre entre les dents, plongé dans la contemplation des volutes de fumée. Quand il entendit cette remarque, il lissa ses moustaches blondes en signe de protestation.
— Ce n’est pas une arme pour un cavalier — répondit-il d’un ton cinglant, sans changer de position.
Frederic Glüntz interrompit son activité et observa son ami.
— Pourquoi ?
De Bourmont entrouvrit les yeux. Sa voix était teintée d’ennui, comme si la réponse coulait de source.
— Parce qu’un sabre est dépourvu de tout filigrane. C’est lourd et plus que grossier.
Frederic esquissa un sourire bonhomme.
— Tu préfères peut-être une arme à feu ?
— Pour l’amour de Dieu, certainement pas —s’exclama-t-il, avec toute la distinction appropriée—. Tuer à distance n’est pas très honorable, fiston. Un pistolet n’est rien que le symbole d’une civilisation décadente. J’ai une préférence pour le fleuret, par exemple ; c’est plus flexible, plus…
— Élegant ?
— Tout à fait. C’est peut-être là le mot exact : élégant. Le sabre est davantage un instrument de boucher qu’autre chose. Il sert uniquement à faire des estafilades.
Concentré sur sa pipe, De Bourmont considéra que le sujet était clos. Il s’était exprimé avec ce léger zézaiement qui lui était propre, si singulier et si raffiné qu’il revenait à la mode, et que nombreux étaient ceux qui s’efforçaient de l’imiter dans le 4ème régiment des Hussards. Le temps de la guillotine était révolu et les rejetons de la vieille aristocratie pouvaient désormais lever la tête sans craindre de la perdre, pourvu qu’ils eussent le tact de ne pas remettre en question le mérite de ceux qui avaient gravi les échelons du nouvel ordre social grâce à la puissance de leur épée, ou à celle du soutien apporté par les proches de l’Empereur.

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