vendredi 11 décembre 2009

Exercice d'écriture

Aujourd'hui, il s'agissait de décrire une saveur…

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Amélie :

La saveur herbacée des premières tontes au printemps, la saveur moelleuse d’une part de gâteau au chocolat à peine sorti du four, la saveur humide de la pluie qui tombe sur les carreaux un dimanche matin, la saveur subtiles de nos longues conversations, la saveur marine d’un après-midi passé à regarder la mer se fracasser sur les rochers, la saveur acidulée du croc dans une pomme verte bien juteuse, la saveur éreintante d’un kilomètre de nage dans une eau chlorée, la saveur intense du regard de l’amoureux sur la personne qu’il aime, la saveur coupable d’une journée de lèche-vitrine bien remplie, la saveur salée d’une larme coulant sur ma joue, la saveur glacée d’une canette de Coca-Cola après une dure journée, la saveur brûlante d’un baiser passionné, la saveur panachée d’un melon accompagné d’une tranche de jambon cru en été, la saveur inattendue d’une carte dans la boîte aux lettres, la saveur sucrée de son gâteau plat aux amandes, la saveur inimitable d’une chanson particulièrement émouvante, la saveur épicée d’une paëlla bien relevée, la saveur tiède des premiers rayons du soleil sur la plage, la saveur unique d’un bonbon arlequin, la saveur délicieuse de la découverte du mot adéquat en faisant sa vaisselle, la saveur singulière d’une film vu maintes et maintes fois, la saveur corsée d’une réconciliation après une dispute, la saveur biscuitée d’un cookie de la Mie Câline, la saveur délassante d’une douche bien chaude à la fleur de passion, la saveur bigarrée des dernières feuilles accrochées aux branches en automne, la saveur traditionnelle des crêpes faites maison, la saveur boisée d’un sapin fraîchement décoré, la saveur inoubliable du son de l’accordéon sous ses doigts, la saveur gourmande d’une barre de chocolat devant la télé, la saveur indéfinissable des retrouvailles après une longue absence, la saveur fruitée des verrines colorées, la saveur frissonnante du son d’un bagad, la saveur citronnée de la tarte meringuée, la saveur enivrante d’un effluve de parfum, la saveur authentique de vos sourires, la saveur impatiente de la veille d’un matin de Noël, la saveur exotique d’un spectacle costumé, la saveur agréable d’un moment entre amis, la saveur mordante du froid qui rougit les joues en hiver... Autant de saveurs pour décrire celle de mon bonheur.

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Coralie :



Le liquide pénètre dans ma bouche. Chaud, sirupeux, il inonde mon palais d’un goût acidulé. Un mélange citronné, acide et doux à la fois imprègne ma langue avant de couler lentement le long de ma gorge. Un parfum fleuri, de nature, de printemps, de grand air, de liberté envahit mes sens et me transporte dans un monde lointain, sur un nuage onctueux. Je ferme les yeux, passe délicatement ma langue sur mes lèvres et me délecte de leur saveur sucrée, la saveur du miel, d’un bonbon ou d’une sucette façonnée sous mes yeux par le confiseur, peut-être un soupçon vanillée ou épicée. Les parois de mes joues sont tapissées d’un cocktail aux légers tons herbacés et fruités. Je devine quelques gouttes de citron et une cuillérée de miel… De délicieuses sensations m’emplissent alors, un frisson parcourt mon corps tout entier. Gorgée après gorgée, je me réchauffe et les souvenirs viennent à moi. Mon enfance surgit, je me vois, un soir de mai, installée entre mes grands-parents, sur leur terrasse surplombant la Garonne. Je me vois jouer dans leur jardin, courir après mon frère, grimper au cerisier pour en déguster les fruits encore tièdes… Ces petites boules de sucre rouges… Et je ressens enfin le goût de l’infusion de verveine que me préparait ma grand-mère avant de me coucher, me vantant ses vertus apaisantes. « Fais de beaux rêves ma puce… ».

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Laëtitia Sw. :

C’est une journée humide, froide et grise, une de ces journées où le ciel, plombé, est terriblement bas. Elle se sent instantanément oppressée. Berk... Elle déteste ce temps. Elle s’empresse de refermer la fenêtre. Quelle veine de pouvoir rester chez elle aujourd’hui, bien à l’abri, dans son petit univers ! Elle s’imagine qu’elle habite une sorte de vaisseau qui, selon son humeur, peut s’envoler pour la transporter dans n’importe quel autre temps, n’importe quel autre espace.
My Baby don’t care... La voix rauque de Nina Simone a envahi la pièce. Elle goûte le plaisir de se dire que non, décidément, elle ne pourrait pas être mieux qu’ici. Bien calée dans un fauteuil sans âge, tiède et douillet, elle prend une cigarette et se sert son thé vert fumant. Tiens, et si elle essayait de savourer le moment avec tout le cœur dont elle sera capable ? Vivre chaque instant dans sa pleine rondeur. Voilà ce à quoi elle devrait se consacrer plus souvent. Elle s’amuse maintenant à faire des ronds de fumée ; elle les observe naître, se déformer, se dissiper en montant vers le plafond. Bouic... Son estomac gargouille. Mince... Il va bien falloir qu’elle se lève pour aller grignoter quelque chose. Cap sur les réjouissances gustatives du placard à biscuits ! Mais non, elle ne se lève pas, pas encore. Elle essaie d’abord de se représenter le parfum du chocolat noir, profond, de la vanille, riante, de la cannelle, piquante, du caramel, fondant, du riz au lait, sucré et moelleux. Elle adore ces moments où son imagination a tout le loisir de vagabonder. Aspirer une bouffée de fumée, renverser la tête, fermer les yeux, souffler, puis répéter les paroles que la chanteuse distille d’une voix chaude par la stéréo. Le bien-être, l’abandon, le rêve. Un coup d’œil dehors... Une pluie fine et pénétrante commence à tomber. La voix n’en est que plus rassurante, les accords qui s’envolent du piano aussi. L’éternité... Soudain, le disque s’arrête. Elle n’entend plus que le grésillement du diamant sur la platine. L’entraîneur automatique s’est enrayé. Elle étire ses membres engourdis, baille et se redresse. Cette fois-ci, elle n’a pas le choix...
Elle aimerait pouvoir s’enfuir comme ça tous les jours. Une voix magnétique, une atmosphère douce, un flot incessant d’images pour bercer la conscience. La paresse, une saveur à nulle autre pareille.

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