dimanche 6 décembre 2009

Si Villers-Cotterêts (Villerii ad Cotiam-Retiœ) avait eu le malheur d’être une ville assez importante dans l’histoire pour que les archéologues s’en occupassent et suivissent ses passages
successifs du village au bourg et du bourg à la ville, dernier passage qu’on lui conteste ; comme nous l’avons dit, ils eussent bien certainement consigné ce fait que ce village avait commencé par être un double rang de maisons bâties aux deux côtés de la route de Paris à Soissons ; puis ils eussent ajouté que peu à peu sa situation à la lisière d’une belle forêt ayant amené un surcroît d’habitants, d’autres rues se joignirent à la première, divergentes comme les rayons d’une étoile, et tendant vers les autres petits pays avec lesquels il était important de conserver des communications, et convergentes vers un point qui devient tout naturellement le centre, c’est-à-dire ce que l’on appelle en province La Place, place autour de laquelle se bâtirent les plus belles maisons du village devenu bourg, et au centre de laquelle s’élève une fontaine décorée aujourd’hui d’un quadruple cadran ; enfin ils eussent fixé la date certaine où, près de la modeste église, premier besoin des peuples, pointèrent les premières assises de ce vaste château, dernier caprice d’un roi ; château qui, après avoir été, comme nous l’avons déjà dit, tour à tour résidence royale et résidence princière, est devenu de nos jours un triste et hideux dépôt de mendicité relevant de la préfecture de la Seine.

Alexandre Dumas, Ange Pitou, 1851.

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