jeudi 17 décembre 2009

Exercice de version, 30

—¿Estoy llamando al setenta y cinco ciento veintitrés?
—Sí pero no.
—¡Cómo! No le entiendo. ¿Ésa no es la finca Santa Anita?
—Aquí era pero ya no es: la tumbaron.
—¡Cómo la van a haber tumbado!
—¿Y por qué no? Todo lo tumban, todo pasa, todo se acaba. Y no sólo tumbaron la casa, ;sabe? ¡Hasta la barranca donde se alzaba! La volaron con dinamita y únicamente dejaron el hueco. Un hueco vacío lleno de aire.
—Señor, por favor, no se burle que le estoy hablando de larga distancia.
—Ya sé, me di cuenta por el tónico. Lo oigo como desde muy lejos.
— ¿Pero sí estoy hablando a la finca Santa Anita, la que está entre Envigado y Sabanera, saliendo de Medellín, Colombia?
—A la misma. Al aire que quedó.
—Y que es de Raquel Pizano.
—Era: de misiá Raquelita. ¡Cuánto hace que se murió!
—¡Cómo se va a haber muerto, si es mi abuela!
—Ah, ¿y porque es su abuela usté cree que no se va a morir? Todos nos tenemos que morir, hombre, no sea bobito. Es más: ahí donde está usté, en esa cama, también ya está muerto. Vaya mírese en el espejo y verá. ¡Levántese!
En ese instante me desperté bañado en sudor, con una opresión en el pecho y un dolor confuso en el brazo izquierdo. Me levanté y tropezando en la oscuridad con los muebles del cuarto desconocido fui al baño, busqué a tientas el apagador, prendí el foco y entonces vi en el espejo al hombre que creía que estaba vivo pero no: corno le acababan de decir, en efecto, estaba muerto. Y cómo no si era un viejo y todos nos tenemos que morir, queramos o no queramos, gústenos o no. ¡O qué! ¿Piensan seguir viviendo indefinidamente año tras año? ¡No, si no se puede! Hay que dejar campo para los demás, desocupen. Rápido, rápido, rápido que esto se acabó.

Fernando Vallejo, La rambla paralela

***

Amélie nous propose sa traduction :

— Je suis bien au soixante-quinze cent vingt-trois ?
— Oui, enfin non.
— Pardon ? Je ne comprends pas. Ce n’est pas la villa Santa Anita ?
— C’était bien ici, mais ce n’est plus le cas : ils l’ont démolie.
— Comment pourraient-ils l’avoir démolie ?
— Et pourquoi pas ? On démolit tout, tout passe, tout a une fin. Et ils n’ont pas démoli que la maison, vous savez. Même le ravin où elle se dressait y est passé ! Ils l’ont fait exploser à la dynamite, et ils n’ont laissé que le trou. Un trou vide empli d’air.
— S’il-vous-plaît, Monsieur, soyez sérieux car c’est un appel longue distance.
— Je sais bien, je m’en suis rendu compte à cause de votre ton. Je vous entends comme si vous étiez très loin.
— Mais enfin, je m’adresse bien à la villa Santa Anita, celle qui se trouve entre Envigado et Sabanera, à la sortie de Medellín, en Colombie ?
— À elle-même. À l’air qui y est resté.
— Et qui appartient à Raquel Pizano.
— Appartenait : cette pauvre Raquelita. Depuis combien de temps est-elle morte !
— Comment pourrait-elle être morte, puisque c’est ma grand-mère !
— Ah bon, et parce que c’est vot’ grand-mère, vous croyez peut-être qu’elle ne va pas mourir ? Nous devons tous mourir un jour ou l’autre, mon bon monsieur, ne soyez pas ridicule. Plus encore : là où vous êtes, dans ce lit, vous êtes déjà mort vous aussi. Regardez donc dans le miroir et vous verrez bien. Levez-vous !
À cet instant, je me suis réveillé trempé de sueur, un poids dans la poitrine, une douleur diffuse dans le bras gauche. Je me suis levé et j’ai trébuché dans le noir sur les meubles de la chambre inconnue, je me suis rendu dans la salle de bain, j’ai cherché l’interrupteur à tâtons, j’ai allumé la lumière et j’ai alors découvert dans le miroir cet homme qui croyait être vivant mais qui ne l’était pas : en effet, comme on venait de le lui dire, il était mort. Évidemment, puisqu’il était vieux et que nous devons tous mourir, que nous le voulions ou non, que cela nous plaise ou non. Eh bien, quoi ? Vous comptez vivre indéfiniment, année après année ? Non, ce n’est pas possible ! Il faut laisser la place aux autres, allez, dégagez. Dépêchons, dépêchons, dépêchons, car c’est terminé.

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