dimanche 14 novembre 2010

Version de CAPES, 53

El espectro, 14

Enid y yo ocupamos ahora, en la niebla invisible de lo incorpóreo, el sitio privilegiado de acecho que fue toda la fuerza de Wyoming en el drama anterior. Si sus celos persisten todavía, si se equivoca al vernos y hace en la tumba el menor movimiento hacia afuera, nosotros nos aprovecharemos. La cortina que separa la vida de la muerte no se ha descorrido únicamente en su favor, y el camino está entreabierto. Entre la Nada que ha disuelto lo que fue Wyoming, y su eléctrica resurrección, queda un espacio vacío. Al más leve movimiento que efectúe el actor, apenas se desprenda de la pantalla, Enid y yo nos deslizaremos como por una fisura en el tenebroso corredor. Pero no seguiremos el camino hacia el sepulcro de Wyoming; iremos hacia la Vida, entraremos en ella de nuevo. Y es el mundo cálido del que estamos expulsados, el amor tangible y vibrante de cada sentido humano, lo que nos espera entonces a Enid y a mí.
Dentro de un mes o de un año, ella llegará. Sólo nos inquieta la posibilidad de que Más allá de lo que se ve se estrene bajo otro nombre, como es costumbre en esta ciudad. Para evitarlo, no perdemos un estreno. Noche a noche entramos a las diez en punto en el Gran Splendid, donde nos instalamos en un palco vacío o ya ocupado, indiferentemente.

(De El Hogar, N· 615, julio 1921)
F I N

Horacio Quiroga

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Laurie nous propose sa traduction :

Le spectre 14,
Enid et moi occupons maintenant, dans le brouillard invisible de l’incorporel, le lieu d’observation privilégié qui fut toute la force de Wioming dans le drame antérieur. Si sa jalousie persiste encore, s’il se trompe en nous voyant et fait, dans sa tombe, le moindre mouvement vers l’extérieur, nous, nous en profiterons. Le rideau qui sépare la vie de la mort ne s’est pas ouvert uniquement en sa faveur, et le passage est entrouvert. Entre le Néant qui a dissolu ce que fut Wioming, et son électrique résurrection, il reste un espace vide. Quand l’acteur fera le moindre petit mouvement, quand il sortira à peine de l’écran, Enid et moi, nous nous glisserons comme par une fissure dans le ténébreux passage. Mais nous ne suivrons pas le chemin jusqu’au tombeau de Wioming ; nous irons vers la Vie et nous y entrerons à nouveau. Et c’est le monde chaleureux duquel nous sommes expulsés, l’amour tangible et vibrant de chaque sens humain, qui nous attend Enid et moi.
Dans un mois ou un an, elle se produira. Seule nous inquiète la possibilité qu’Au-delà de ce qui l’on voit sorte sous un autre nom, chose courante dans cette ville. Pour éviter cela, nous ne manquons aucune sortie. Soirée après soirée, nous entrons, à dix heures précises au Grand Splendide, où nous nous installons dans une loge vide ou déjà occupée, peu nous importe.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 14

Enid et moi occupons aujourd’hui, dans le brouillard invisible de ce qui est incorporel, le lieu privilégié du guet qui fut toute la force de Wyoming dans le drame précédent. Si ses jalousies persistent encore, s’il se trompe en nous voyant et fait dans sa tombe le moindre mouvement vers l’extérieur, nous en profiterons. Le rideau qui sépare la vie de la mort ne s’est pas tiré uniquement en sa faveur, et le chemin est entrouvert. Entre le Néant qui a dissous ce que fut Wyoming et sa résurrection électrique, il reste un espace vide. Au plus léger mouvement que fait l’acteur, à peine se dégage-t-il de l’écran, Enid et moi nous glisserons par une fissure dans le ténébreux couloir. Mais nous ne suivrons pas le chemin qui mène au tombeau de Wyoming ; nous irons vers la Vie, nous entrerons en elle à nouveau. Et c’est le monde chaud duquel nous sommes expulsés, l’amour tangible et vibrant de chaque sens humain, qui nous attend alors à Enid et à moi.
D’ici à un mois ou à un an, elle arrivera. Seule la possibilité que Plus loin que ce qui peut se voir soit projetée pour la première fois sous un autre nom nous inquiète, comme cela se fait d’habitude dans cette ville. Pour l’éviter, nous ne manquons aucune avant-première. Nuit après nuit, nous entrons à dix heures pile dans le Grand Splendid, où nous nous installons indifféremment dans une loge vide ou déjà occupée.

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Virginie nous propose sa traduction :

Le spectre, 14

Enid et moi occupons désormais, dans le brouillard invisible de l'incorporel, la place priviligiée de guet qui fut toute la force de Wyoming dans le drame antérieur. Si sa jalousie persiste encore, s'il se trompe en nous voyons et fait dans sa tombe le moindre geste vers l'extérieur, nous en profiterons. Le rideau qui sépare la vie de la mort ne s'est pas uniquement ouvert en sa faveur, et le chemin est entrouvert. Entre le Néant qui a dissous ce que fut Wyoming, et son électrique résurrection, subsiste un espace vide. Au plus léger mouvement qu'effectue l'acteur, qu'il se détache à peine de l'écran, Enid et moi nous esquiverons comme par une fissure dans le ténebreux couloir. Mais nous ne suivrons pas le chemin vers le tombeau de Wyoming; nous irons vers la Vie, nous y entrerons à nouveau. Et ce qui nous attend alors Enid et moi, c'est le monde chaleureux duquel nous sommes expulsés, l'amour tangible et vibrant de chaque sens humain.
Dans un mois ou dans un an, elle arrivera. L'unique chose qui nous inquiete est la possibilité que Más allá de los que se ve sorte sous un autre nom, comme c'est la coutume dans cette ville. Pour éviter ça, nous ne ratons pas une première. Nuit après nuit nous entrons à dix heures pile dans le Grand Splendide, où nous nous installons dans une loge vide ou déjà occupée, indifféremment.

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Maïté nous propose sa traduction :

Enid et moi occupons à présent, dans le brouillard invisible de l'incorporel, l'endroit privilégié pour surveiller tout ce que fut la force de Wyoming lors du drame passé. Si ses jalousies persistent encore, s'il se trompe en nous voyant et s'il fait le moindre mouvement vers l'extérieur de sa tombe, nous en profiterons. Le rideau qui sépare la vie de la mort ne s'est pas tiré uniquement en notre faveur, et le chemin est entrouvert. Entre Le Néant qui a dissous ce que fut Wyoming, et son électrique résurrection, il reste un espace vide. Au plus petit mouvement qu'effectuera l'acteur, à peine se détachera-t-il de l'écran, qu'Enid et moi, nous nous glisserons à travers une fissure dans ténébreux passage. Mais, nous ne suivrons pas le chemin jusqu'au sépulcre de Wyoming; nous irons vers la Vie, nous y entrerons de nouveau. Et, c'est le monde chaleureux duquel nous sommes expulsés, l'amour tangible et vibrant de chaque sens humain, qui alors, nous attend, Enid et moi.
D'ici un mois ou un an, elle arrivera. Seulement, la possibilité que Au-delà de ce que l'on voit fasse sa première sous un autre nom, comme il est coutume dans cette ville, nous inquiète. Pour l'éviter, nous ne ratons aucune première. Nuit après nuit, nous entrons à dix heures pile au Gran Splendid, où, nous nous installons dans une loge vide ou déjà occupée, indifféremment.

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