mardi 23 novembre 2010

Exercice d'écriture : « Mystère », par Auréba Sadouni

En photo : red twingo
par re.mo

La nuit m’avait pourtant prévenue, mais à mon réveil, je ne disposais pas des éléments nécessaires pour pouvoir éviter certains désagréments. Je ne savais pas que ce mercredi-là, à la sortie des cours, j’allais tomber malgré moi sur une énervante et mystérieuse œuvre anonyme. Qui en était l’auteur ? Je l’ignore encore. Si seulement je savais qui c’était !
J’aimerais savoir quelle tête il a. Peut-être n’était-il pas seul. Peut-être est-ce ce type au visage chafouin. Malheureusement, personne n’apportera de réponse à mes interrogations. Je dois donc me résigner à rester dans l’ignorance. C’est clair comme de l’eau de roche, il ne se manifestera pas. En tout cas, pas à visage découvert. Ces hommes-là préfèrent se dissimuler derrière le voile de l’invisibilité. Ils laissent d’énormes empreintes qui suscitent un désagréable et troublant étonnement, mais agissent incognito. Ni vu ni connu. Ils se planquent tout en volant à leurs victimes la tranquillité de l’esprit. Ils se servent sans nous demander notre avis, et tout ce qu’ils offrent en échange, on s’en passerait.
Je m’en passerais, moi, de ces préoccupations à la con ! Combien de fois ai-je dû entendre la même chanson, ce « I see your true color shine on mi. », ce « I see your true color » et ce « that’s why I love you. », et à l’autre bout de la ligne, personne. Pas un seul conseiller pour m’aider à résoudre mon problème. On a profané Titine dans l’intention de me dépouiller, et personne ne répond. Tout ce que je sais aujourd’hui, c’est que des initiés violateurs se sont tournés vers de nouvelles proies : les Twingo.
Quand ce mercredi, à la sortie des cours, avant d’ouvrir le coffre, j’ai vu les sièges rétractés, mes livres ouverts et mis sens-dessus-dessous, le loquet de la porte du conducteur levé, et qu’après avoir fait le tour, j’ai constaté que je ne perdais pas la boule, qu’on avait déformé la carrosserie pour rentrer dans ma voiture, j’ai fait marche arrière dans le temps, et la signification de ma vision onirique n’était plus tout à fait mystérieuse : même voiture, même endroit. Dans mon rêve, je savais qu’on s’en prenait à Titine. Mais qui ? Mais quoi ? Mystère et boule de gomme ! Je n’ai pas su prendre les augures. Le monde onirique est rempli de mystères que je n’ai pas encore percés, et me voilà avec un nouveau souci. Je dois à tout prix joindre mon assurance. Encore une fois, je vais composer ce foutu numéro en espérant qu’enfin, quelqu’un va me répondre.

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