mardi 23 novembre 2010

Version pour le 20 novembre

En septiembre de 1842, cuando todavía no dan paso las nieves que se acumulan durante el invierno sobre la areta central de los Andes, un grupo de viajeros pretendía desde Chile atravesar aquellas blancas soledades, en que valles de nieve conducen a crestas colosales de granito que es preciso escalar a pie, apoyándose en un báculo, evitando hundirse en abismos que cavan ríos corriendo a muchas varas debajo; y con los pies forrados en pieles, a fin de preservarse del contacto de la nieve que, deteniendo la sangre, mata localmente los músculos haciendo fatales quemaduras.
Los Penitentes ; columnas y agujas de nieve que forma el desigual deshielo, según que el aire o el sol hieren con más intensidad, decoran la escena, y embarazan el paso cual escombros y trozos de columnas de ruinas de gigantescos palacios de mármol. Los declives que el débil calor del sol no ataca, ofrecen planos más o menos inclinados, según la montaña que cubren, y descenso cómodo y lleno de novedad al viajero, que sentado se deja llevar por la gravitación, recorriendo a veces en segundos distancias de miles de varas. Este es quizá el único placer que permite aquella escena, en que lo blanco del paisaje sólo es accidentado por algunos negros picos demasiado perpendiculares para que la nieve se sostenga en sus flancos, formando contraste con el cielo azul-oscuro de las grandes alturas.
Los temporales son frecuentes en aquella estación, y aunque hay de distancia en distancia casuchas para guarecerse, si no se ha tenido la precaución de examinar el aspecto del campanario, que es el más elevado pico vecino, y asegurarse de que ninguna nubecilla corona sus agujas, o vapores cual lana desflecada empiezan a condensarse a sus flancos, grave riesgo se corre de perecer, perdido el rumbo entre casucha y casucha, casi cegadas por la caída de copos de nieve tan densa que no permite verse las manos.
Aquella vez no eran los viandantes ni el correísta que lleva la valija a espaldas de un mozo de cordillera, ni transeúntes, de ordinario extranjeros que buscan este arriesgado paso del Atlántico al Pacífico. Eran emigrados políticos que, a esa costa, regresaban a su patria contando con incorporarse al ejército del general La Madrid, antes que se diese la batalla que venía a librarle el general Oribe a marchas forzadas desde Córdoba.

Domingo F. Sarmiento, El Chacho (1898)

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Julie nous propose sa traduction :

En septembre 1842, quand les neiges qui s’accumulent pendant l’hiver sur l’arête centrale des Andes n’ont pas encore fondu, un groupe de voyageurs prétendait traverser ces blanches solitudes depuis le Chili. Là où des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu’il faut escalader à pied, en s’appuyant sur une canne et en évitant de s’enfoncer dans des abîmes que creusent des rivières qui coulent de nombreux mètres plus bas ; et avec les pieds recouverts de cuir, afin de se préserver du contact de la neige qui, en stoppant le sang, tue localement les muscles au moyen de fatales brûlures.
Les Pénitents : des colonnes et des aiguilles de neige formées par le dégel imparfait, selon si l’air et le soleil meurtrissent plus intensément. Ces décombres et ces morceaux de colonnes de ruines de gigantesques palais en marbre décorent la scène et gênent le passage. Les pentes que la faible chaleur du soleil n’attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, selon la montagne qu’elles couvrent, ainsi qu’une descente pratique et pleine de nouveauté au voyageur qui, assis, se laisse porter par la gravitation, parcourant parfois en quelques secondes, des dizaines de milliers de mètres. Cela est sans doute l’unique plaisir que permet cette scène, où le blanc du paysage n’est accidenté que par quelques pics noirs trop perpendiculaires pour que la neige demeure sur leurs flancs, formant un contraste avec le ciel bleu foncé des grandes altitudes. Les tempêtes sont fréquentes en cette saison-là. Bien qu’il y ait, entre chaque distance parcourue, des bicoques pour s’abriter, si on n’a pas pris la précaution d’examiner l’aspect du Campanario, qui est la pointe voisine la plus élevée, et de s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou que des vapeurs à la laine effrangée ne commencent à se condenser sur ses flancs, on court un grand risque de périr, la direction perdue de bicoque en bicoque, presque effacées par la chute de flocons de neige, si dense, qu’elle ne permet pas de voir ses mains. Cette fois-là, il ne s’agissait pas des promeneurs ou du facteur qui emmène sa sacoche sur le dos d’un porteur de cordillère, ni de passants, d’ordinaire des étrangers qui recherchent ce passage risqué de l’Atlantique au Pacifique. C’était des émigrés politiques qui, à ce prix, retournaient dans leur patrie avec l’intention d’entrer dans l’armée du Général La Madrid, avant de mettre les bouchées doubles pour livrer la bataille qui allait libérer le Général Oribe depuis Córdoba.

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Stéphanie nous propose sa traduction :

En septembre 1842, alors que la neige qui s'accumule durant l'hiver sur l'arête centrale des Andes empêche le passage, un groupe de voyageurs en partance du Chili aspirait à traverser ses blanches solitudes, là où les vallées enneigées conduisent à de colossales crêtes de granit qu'il est impératif de gravir à pied, en appui sur une canne, pour éviter de s'enfoncer dans des abîmes creusés par des fleuves qui coulent largement en contrebas ; les chaussures doublées avec du cuir, afin de se préserver du contact de la neige qui, glaçant le sang, tue localement les muscles provoquant ainsi de fatales brûlures.
Les Pénitents : des colonnes et des pointes de glace formées par l'inégal dégel, selon que l'air ou le soleil n'attaquent avec davantage d'intensité, décorent le paysage, mais de tels décombres et de tels restes de colonnes de gigantesques palais en ruine gênent l'accès. Les pentes, que la faible chaleur émise par le soleil n'endommage pas, offrent des plats plus ou moins inclinés, en fonction de la montagne qu'ils cachent, ainsi qu'une descente agréable et truffées de nouveautés pour le voyageur qui, assis, se laisse porter par la gravitation, parcourant parfois en quelques secondes des milliers de pouces. C'est peut-être là, le seul plaisir que ne permette cette scène , où le blanc paysage est uniquement maculé de quelques sommets noirs trop perpendiculaires pour que la neige ne reste sur ses flancs, créant ainsi un contraste avec le ciel bleu-foncé des grandes hauteurs.
Les tempêtes sont courantes à cette saison-là, bien qu'il y ait de loin en loin des refuges pour s'abriter, si l'on n'a pas pris le soin de vérifier l'état du Campanario, la cime proche la plus haute ni de s'assurer qu'aucun nuage ne surplombe ses pointes, ou que les vapeurs telles la laine effrangée ne commencent à se condenser sur ses flancs ; il y a un grand risque d'y laisser sa vie : perdu au milieu des refuges, rendus presque invisibles par la chute de flocons de neige si dense qu'elle ne permet même pas de voir ses propres mains. Ce jour-là, ce n'étaient ni les promeneurs, ni le facteur qui charrie sa sacoche sur le dos d'un porteur de la Cordillère, ni les voyageurs, d'ordinaire, des étrangers en quête de cette dangereuse traversée de l'Atlantique au Pacifique. C'étaient des émigrés politiques qui, à ce prix, retournaient dans leur patrie, où ils comptaient sur le fait d'intégrer l'armée du général La Madrid, avant que ne commençât la bataille qu'allait livrer contre lui le général Oribe, qui progressait à toute vitesse depuis Cordoba.

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Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

En septembre 1842, alors que les neiges accumulées durant l’hiver sur l’arête centrale des Andes font encore barrage, un groupe de voyageurs tentait, depuis le Chili, de traverser ces blanches solitudes, où des vallées enneigées conduisent à des crêtes colossales de granit qu’il faut escalader à pied, à l’aide d’un bâton, en évitant de sombrer dans des gouffres creusés par des rivières qui courent de nombreuses aunes plus bas, et les pieds emmitouflés dans des fourrures, afin de se préserver du contact de la neige, laquelle, en figeant le sang, tue localement les muscles, ce qui occasionne des brûlures fatales.
Les Pénitentes, colonnes et aiguilles de neige formées par l’inégal dégel, selon que l’air ou le soleil frappent avec plus ou moins d’intensité, décorent le paysage et obstruent le passage, tels les décombres et les morceaux de colonnes de gigantesques palais de marbre en ruine. Les versants que la faible chaleur du soleil n’attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, en fonction de la montagne qu’ils épousent, et une descente confortable, pleine de nouveauté, au voyageur, lequel, assis, se laisse porter par la gravité, parcourant parfois en quelques secondes des distances de milliers d’aunes. C’est peut-être le seul plaisir qu’autorise cette contrée, où la blancheur du paysage, contrastant avec le ciel bleu foncé des grandes hauteurs, n’est altérée que par quelques pics noirs trop abrupts pour que la neige tienne sur leurs flancs.
Les tempêtes sont fréquentes en cette saison et, bien qu’il y ait à distance fixe des cabanes pour s’abriter, si on n’a pas pris la précaution d’examiner l’aspect du clocher, le pic voisin le plus élevé, pour s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ni que des vapeurs telle de la laine effrangée ne commencent à se condenser à ses flancs, on court le grave risque de périr, car on perd le sens de l’orientation de cabane en cabane, rendues quasiment invisibles par la chute de flocons d’une neige si dense qu’on ne voit pas ses propres mains.
Cette fois-là, il ne s’agissait pas d’itinérants, ni d’un garçon de la cordillère portant sa sacoche de courrier sur le dos, ni d’aventuriers, ordinairement des étrangers en quête de ce franchissement risqué de l’Atlantique au Pacifique. C’étaient des émigrés politiques qui, en dépit des circonstances, rentraient dans leur patrie pour s’enrôler dans l’armée du général La Madrid, avant le début de la bataille que le général Oribe venait lui livrer à grands pas depuis Córdoba.

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Florian nous propose sa traduction :

En septembre 1842, alors que la neige accumulée durant l'hiver sur l'arête centrale des Andes, rend encore impossible le passage, un groupe de voyageurs prétendait, depuis le Chili, traverser ce désert blanc, où des vallées enneigées conduisent à de colossales crêtes de granite qu'il faut escalader à pied, en s'appuyant sur une crosse, tout en évitant de chuter dans les abîmes creusées par des rivières coulant plusieurs mètres plus bas; et avec les pieds doublés de fourrures pour se protéger du contact de la neige qui, du fait de couper la circulation sanguine, paralyse localement les muscles et cause des brûlures irréversibles.
Les pénitents: des colonnes et des lames de neiges formées par les irrégularités du dégel, liées à l'intensité variable de l'air et du soleil, décorent la scène,et dont les obstacles et les morceaux de colonnes pareils aux ruines de gigantesques palais de marbre gênent le passage. Les versants, sur lesquels les faibles rayons de soleil ne tapent pas, offrent des espaces plats plus ou moins inclinés, selon la partie de la montagne, et permettent au voyageur une descente pratique et remplie de nouveauté: assis, il se laisse glisser par la gravitation, parcourant parfois des milliers de mètres en quelques secondes. Ceci est peut-être l'unique plaisir que procure ce panorama-là, où la blancheur du paysage est seulement contrariée par certains pics noirs, trop perpendiculaires pour que la neige tienne sur leurs flancs, ce qui forme un contraste avec le ciel bleu foncé des hautes altitudes.
Les tempêtes sont monnaies courantes en cette saison, et bien qu'il y ait entre chaque étapes des refuges où s'abriter, si on n'a pas pris le soins de vérifier l'aspect du clocher, le plus élevé des alentours, et de s'assurer qu'aucun nuage ne couronne ses aiguilles ou que des vapeurs, à la laine effrangée, commencent à se condenser sur ses bords, on court probablement un sérieux danger: perdre le chemin entre les refuges, quasiment recouverts à cause de la chute de flocons de neige si denses qu'on ne distingue plus ses propres mains.
Cette fois-ci, ce n'étaient ni les randonneurs, ni le facteur transportant le sac de courrier sur le dos d'un jeune garçon andin, ni les voyageurs, d'ordinaire étrangers, qui risquent la traversée de cet dangereuse route de l'atlantique vers le pacifique. C'étaient des émigrés politiques qui, à ce prix-là, rejoignaient leur patrie dans l'espoir d'intégrer l'armée du général La Madrid, avant qu'éclate la bataille durant laquelle le général Oribe allait venir, d'un pas ferme et décidé, le libérer depuis Cordoba.

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Auréba nous propose sa traduction :

En septembre 1842, quand les neiges qui s’accumulent pendant l’hiver sur l’arête centrale des Andes n’ouvrent pas de passage, un groupe de voyageurs prétendait depuis le Chili traverser ces blanches solitudes, où des vallées de neige mènent à des sommets colossaux de granite qu’il faut escalader à pied, en s’appuyant sur un bâton, en évitant de s’enfoncer dans des abîmes que des fleuves creusent au-dessous , et les pieds couverts de fourrure, afin de se protéger du contact de la neige qui, en arrêtant la circulation sanguine, tue follement les muscles en faisant de mortelles brûlures.
« Los Penitentes »; des colonnes et des aiguilles de neige que forme l’inégal fonte selon que l’air ou le soleil blessent avec plus d’intensité, gênent le passage et décorent la scène comme des décombres et des morceaux de colonnes de ruines de gigantesques palais de marbre. Les pentes que la faible chaleur du soleil n’attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, selon la montagne qu’elles couvrent, et descente confortable et pleine de nouveauté pour le voyageur, qui, assis, se laisse entraîner par la gravitation, en parcourant parfois en quelques secondes plusieurs kilomètres. C’est peut-être l’unique plaisir que permet cette scène-là, où le blanc du paysage n’est accidenté que par quelques noirs sommets trop perpendiculaires pour que la neige ne demeure sur ses flancs, en créant un contraste avec le ciel bleu-foncé des grandes altitudes.
Les tempêtes sont fréquentes en cette saison, et même s’il y a à plusieurs distances des baraques pour s’abriter, si l’on n’a pas eu la précaution d’examiner l’aspect du Campanario, qui est le sommet le plus élevé, et de s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou des vapeurs, comme de la laine défaite, commencent à se condenser sur ses flancs, on court un grave risque de périr, ayant perdu le nord entre une baraque et une autre, presque dissimulées par la chute de flocons de neige tellement dense qu’elle ne permet pas de voir nos propres mains.
Cette fois-là, ce n’étaient ni les piétons ni le garçon qui porte la valise d’un promeneur sur son dos, ni des passants, d’ordinaire étrangers qui cherchent ce passage risqué de l’Atlantique au Pacifique. C’étaient des émigrés politiques qui, par ce biais, rentraient dans leur patrie en comptant s’incorporer à l’armée du général La Madrid, avant que n’éclate la bataille que venait livrer le général Oribe en mettant les bouchées doubles depuis Cordoba.

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Vanessa nous propose sa traduction :

En septembre 1842, quand les neiges qui s'accumulent durant l'hiver sur l'arête centrale des Andes ne permettent toujours pas de passer, un groupe de voyageurs prétendait traverser depuis le Chili ces solitudes blanches, là où des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu'il faut escalader à pied, à l'aide d'un bâton, évitant de s'enfoncer dans les abîmes que creusent les rivières quelques aunes plus bas, les pieds recouverts de peaux, pour les préserver du contact de la neige qui, en arrêtant la circulation du sang, tue localement les muscles, provoquant de fatales brûlures.
Los Penitentes : plus ou moins mutilées selon l'intensité de l'air ou du soleil, des colonnes et des aiguilles de neige formées par le dégel inégal décorent la scène, et pareils décombres et morceaux de colonnes des ruines de gigantesques palais de marbre gênent le passage. Les pentes que la faible chaleur du soleil n'attaque pas, selon la montagne qu'elles couvrent, offrent des plans plus ou moins inclinés, et des descentes faciles et pleines de nouveautés au voyageur qui, assis, se laisse attirer par la gravitation, parcourant parfois des distances de milliers d'aunes en quelques secondes. C'est sans doute là l'unique plaisir que permet cette scène, où le blanc du paysage n'est accidenté que par quelques pics noirs trop perpendiculaires pour que leurs flancs retiennent la neige, contrastant avec le ciel bleu foncé des hautes altitudes.
Les tempêtes sont fréquentes en cette saison, et bien qu'il y ait par intervalle régulier quelques cahutes où s'abriter, si l'on n'a pas pris la précaution d'examiner l'aspect du Campanario, qui est le sommet voisin le plus élevé, ni de s'assurer qu'aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou que des brumes à la laine effilochée commencent à se condenser sur ses flancs, on court le grave risque de périr, perdant sa route entre deux cahutes, presque disparues sous la chute des flocons de neige, si dense qu'on ne peut distinguer ses propres mains.
Cette fois-là ce n'étaient pas les promeneurs ou le porteur de courrier qui emmène sa sacoche sur le dos d'un jeune homme de la cordillère, ni des personnes de passage, généralement des étrangers qui recherchent ce franchissement risqué entre l'Atlantique et le Pacifique. Il s'agissait d'émigrés politiques qui, à ce prix-là, revenaient à leur patrie, décidés à entrer dans l'armée du général La Madrid, avant que se produise la bataille que le général Oribe venait lui livrer à fond de train depuis Córdoba.

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Alexis nous propose sa traduction :

En septembre 1842, quand ne fondent encore pas les neiges qui s’accumulent pendant l’hier sur l’arrête centrale des Andes, un groupe de voyageurs prétendait, depuis le Chili, pouvoir traverser ces blanches solitudes, où des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu’il faut escalader à pied, en s’appuyant sur un bâton, en évitant de s’enfoncer dans les abîmes que creusent des rivières courant plusieurs mètres en dessous ; et avec les pieds couverts de fourrure, afin de les préserver du contact de la neige qui, en arrêtant le sang, tue localement les muscles en causant de fatales brûlures.
Los Penitentes ; colonnes et aiguilles de neige formées par le dégel inégal, selon que l’air ou le soleil blessent avec plus d’intensité, décorent la scène, et embarrassent le passage tels des éboulis et morceaux de colonnes des ruines de gigantesques palais de marbre.
Les pentes que la faible chaleur du soleil n’attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, suivant la montagne qu’ils couvrent, et une descente commode et pleine de nouveauté au voyageur, qui, assis, se laisse emporter par la gravitation, parcourant parfois en quelques secondes des distances de milliers de mètres. Cela est peut-être le seul plaisir que permet cette scène, où le blanc du paysage n’est accidenté que par quelques pics noirs trop perpendiculaires pour que la neige ne se maintienne sur leurs flancs, formant un contraste avec le ciel bleu-foncé des grandes altitudes.
Les tempêtes sont fréquentes en cette saison, et bien qu’il y ait à distance à peu près régulière des bicoques pour se réfugier, si l’on n’a pas eu la précaution d’examiner l’aspect de El Campanario, que est le sommet voisin le plus élevé, et de s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou que des brumes ressemblant à de la laine effilochée ne commencent à se condenser à ses côtés, grave est le risque encouru de mourir, perdue étant l'orientation entre les baraques, rendues presque invisibles par la chute des flocons de neige si dense qu’elle ne permet pas de voir nos mains.
Cette fois-là, ce n’était pas les voyageurs, ni le convoyeur qui transporte la valise sur le dos d’un jeune garçon de la cordillère, ni des passants, d’ordinaire des étrangers qui cherchent ce dangereux passage de l’Atlantique au Pacifique. C’était des émigrés politiques qui, à ce prix, retournaient dans leur patrie en comptant s’engager dans l’armée du général La Madrid, avant que ne commençât la bataille que venait lui livrer le général Oribe par des marches forcées depuis Córdoba.

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Olivier nous propose sa traduction :

En septembre 1842, alors que les neiges qui s'accumulent durant l'hiver sur l'arête centrale des Andes n'ont toujours pas laissé la voie libre, un groupe de voyageurs prétendait, depuis le Chili, traverser ces blanches étendues où des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu'il est obligatoire d'escalader à pied, s'appuyant sur un bâton, en évitant de s'enfoncer dans des abîmes que creusent des cours d'eau, bien des mètres plus bas ; les pieds recouverts de cuir, afin de les préserver du contact avec la neige qui, bloquant le sang, tue localement les muscles et provoque de fatales brûlures.
Les Pénitents. Des colonnes et des aiguilles de neige, formés par le dégel, inégal selon l'intensité avec laquelle l'air ou le soleil blesse, ainsi que des éboulements et des morceaux de colonnes de ruines de gigantesques palais de marbre décorent la scène. Les flans, que la faible chaleur dégagé par le soleil n'attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, selon la montagne qu'ils recouvrent. Ils offrent aussi une agréable descente et un plein de nouveauté pour le voyageur qui, assis, se laisse emporter par la pesanteur, parcourant parfois en quelques secondes une distance de plusieurs milliers de mètres. Voilà peut-être le seul plaisir qu'autorise cette scène, où la blancheur du paysage n'est gâtée que par quelques pics noirs, trop inclinés pour que la neige se maintienne sur leurs flancs, formant un contraste avec le ciel bleu foncé des hautes altitudes.
Les tempêtes sont fréquentes à cette époque. Bien qu'il y ait, de temps à autre, un abri pour se protéger, si l'on n'a pas pris la précaution d'examiner le Campanario, le pic voisin le plus haut, et que l'on ne se soit pas assuré qu'aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles ni qu'aucun brouillard ne voit sa laine effrangée commencée à se condenser sur ses flancs, on court un grand risque de périr, perdu sur le chemin entre deux abris, que la chute de flocons de neige si dense, qui empêche même de voir ses propres mains, cache à la vue.
Cette fois-là, ce n'était ni les voyageurs, ni le pro-Correa qui, en l'absence d'un jeune guide de montagne, porte les bagages sur ses épaules, ni des promeneurs, ni de simples étrangers cherchant le passage risqué de l'Atlantique au Pacifique. C'étaient des émigrés politiques qui, coûte que coûte, retournaient dans leur patrie pour s'incorporer à l'armée du général La Madrid, avant que n'ait lieu la bataille que venait lui livrer le général Oribe, à grands pas, depuis Córdoba.

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Perrine nous propose sa traduction :

En septembre 1842, lorsque les neiges qui s’accumulent durant l’hiver sur le faîte central des Andes bouchent encore le passage, un groupe de voyageurs prétendait, depuis le Chili, traverser ces blanches étendues désertes, sur lesquelles des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu’il faut escalader à pied, en prenant appui sur un bâton et en évitant de s’enfoncer dans des abîmes que creusent des rivières à de nombreux mètres plus bas ; leurs pieds étaient recouverts de peaux, afin de se protéger du contact de la neige qui, paralysant le sang, tue localement les muscles en provoquant de fatales brûlures.
Les Penitentes : colonnes et pics de neige formés par l’inégal dégel, selon que l’air souffle ou le soleil brille avec plus d’intensité, qui décorent la scène et barrent l’accès à de rares décombres et morceaux de piliers de gigantesques ruines de palaces en marbre. Les pentes que la faible chaleur du soleil n’attaque pas offrent des surfaces plus ou moins inclinées, selon la montagne qu’elles recouvrent, et une descente facile et pleine de nouveautés au voyageur qui, paisible, se laisse guider par la gravitation, parcourant parfois en quelques secondes des distances de milliers de mètres. Ceci est peut-être l’unique plaisir que permet ce décor, dans lequel le blanc du paysage est juste altéré par quelques pointes noires trop perpendiculaires pour soutenir la neige par leurs côtés, formant un contraste avec le ciel bleu foncé des grandes hauteurs.
Les tempêtes sont fréquentes dans cette station, et bien qu’il y ait régulièrement des petits refuges pour se protéger, si on n’a pas pris la précaution d’examiner l’allure du clocher, qui est la pointe voisine la plus élevée, et de s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou qu’aucune vapeur semblable à de la laine effilochée ne commence à se condenser sur ses flancs, on court le grave risque de périr, perdu sur la route de refuges en refuges, presque invisibles à cause de la chute de flocons de neige si dense qu’elle empêche même de voir ses mains.
Cette fois-là, il ne s’agissait pas des promeneurs, ni du randonneur qui fait transporter sa valise par un porteur de montagne, ni des passants, d’ordinaire étrangers, qui cherchent ce chemin dangereux qui rejoint l’Atlantique au Pacifique. C’étaient des émigrés politiques qui, sur ce versant, revenaient dans leur patrie avec l’intention d’intégrer l’armée du général La Madrid, avant que n’eût lieu la bataille que le général Oribe viendrait lui livrer à marches forcées depuis Córdoba.

3 commentaires:

El Oli a dit…

Je vois qu'on a eu tous eu le même problème dans la traduction de "correísta" (oubliez la mienne, une belle faute d'inattention m'a valu un merveilleux anachronisme d'une centaine d'années). Les propositions de traduction sont aussi nombreuses que les traducteurs... J'aurais aimé savoir où vous avez, les uns et les autres, trouvé ces propositions de traduction ?
Autre petit point que je voulais soulevé : la traduction de "a espaldas de". J'étais personnellement pas mal embêté par la traduction de cette proposition où je ne savais pas qui des personnages portait la "valija". J'ai fini par trouver une proposition de traduction de "a espaldas de" : en ausencia de alguien y sin que se entere (ej : todo fue organizado a espaldas del director). Il m'a semblé qu'ici, elle prenait tout son sens, et que c'était le "correísta" qui, en l'absence d'un guide de montagne, devait porter les bagages.
Qu'en pensez-vous ?

Profil Inexistant a dit…

- pour "correísta" j'ai eu beaucoup de mal à trouver quelque chose. Jz me doutais que ça avait un rapport avec le courrier mais facteur ne convenait pas :)
J'ai trouvé un petit article sur le net qui disait que c'était un monsieur qui transportait valises ou saccoches. Je pensais à transporteur mais j'utilisais le verbe porter juste après donc j'ai opté pour "convoyeur" mais je ne suis pas convaincu non plus...
- "a espaldas de" m'a posé problème aussi. J'ai choisi la solution "sur le dos d'un garçon de la montagne". Mais la proposition que tu proposes est également intéressante...

Julie Sanchez a dit…

Pour ma traduction de "correísta", j'ai mis "facteur".
On est plusieurs à avoir fait ce choix. J'ai pensé à "correo" et donc à celui qui transporte le courrier.
Et en parlant avec Pablo (notre collègue bolivien de M1), on en a déduit que ça devait être ça. Il ne connaissait pas ce mot mais avec le contexte, il voyait très bien de quoi il s'agissait.
Je ne sais pas si "facteur" convient bien en français mais il me semble que c'est cette idée là...

Pour "le a espaldas de", je t'avoue que je n'ai pas fait de recherches et que j'ai traduit directement. =s