mercredi 20 mai 2009

Références culturelles, 134 : Nuestra señora del Pilar

En photo : BASÍLICA NUESTRA SEÑORA DEL PILAR par Raquel Felez

Nuestra señora del Pilar
par Jacqueline

La première fois que j’ai visité la Basilique de Nuestra Señora del Pilar, à Saragosse, j’ai été très impressionnée par ses dimensions -j’apprendrai par la suite que l’édifice mesure 130 m de long pour 67 de large-, par la multitude de tours et de coupoles qui ponctuent cette masse : 11 coupoles, 10 lanternes et quatre tours, par le poids des ans : commencés en 1681, les travaux s’étalent jusqu’à la moitié du 20 ème siècle ; mais bien plus que tout cela, c’est l’atmosphère qui s’en dégage qui m’a saisie à la gorge quand j’y ai pénétré, un mélange d’odeurs suaves, de recueillement intense, de mystère. Je ne connaissais rien de l’histoire de cet édifice religieux. Voyant que la foule se massait devant une statuette juchée sur une colonne – d’une taille au demeurant peu impressionnante- , et fidèle à ma technique, j’ai arrêté la première aragonaise qui a croisé mon chemin pour m’informer ; un prêtre, entendant mon déplorable accent français, a stoppé sa course vers quelque activité –les gens sont comme ça là-bas, ils vous écoutent et ils vous aident- et tous deux m’ont alors raconté l’histoire de leur église. J’ai donc appris ceci :
Nous sommes en 40 après JC, l’apôtre Jacques vient évangéliser la péninsule ibérique. Ce n’est pas franchement un succès. Il s’assoit au bord de l’Ebre, en proie au doute. La Vierge Marie qu vit alors en Palestine lui apparaît incarnée, appuyée à une colonne de marbre ; elle est là pour raffermir sa foi et l’encourager dans son apostolat. Puis la Vierge disparaît et la colonne reste. L’apôtre élève alors une chapelle à cet endroit même, autour de la colonne. C’est le premier sanctuaire marial de la chrétienté. L’histoire ne s’arrête pas là.
La légende si on veut, tout est affaire de croyance. Je veux parler du grand miracle du boîteux de Calanda : voilà un jeune paysan de 20 ans qu’on ampute d’une jambe. L’opération est attestée par les écrits de l’époque. Un an plus tard, après avoir mendié à la porte de la basilique tous les jours, il revient dans la cahute de ses parents, en lisière du château de Calanda. Il s’endort et rêve qu’il est en train de visiter la basilique. A son réveil, la jambe est revenue à sa place : il marche normalement. Nous sommes le jeudi 29 mars 1640, il est onze heures du soir.
La foule ne cessera de manifester une ferveur croissante à la Vierge du Pilier qui devient patronne de l’Hispanité et centre d’un pèlerinage réputé. Elle est fêtée le 12 octobre -jour férié et chômé dans tout le pays- ; c’est l’occasion d’une semaine de festivités où tout Saragosse danse la jota : une des célébrations les plus populaires et pittoresques d’Espagne.
Qu’ajouter ? Que Goya a peint en 1771 les fresques magnifiques de la voûte du petit chœur. Qu’on peut ramener un objet inattendu de cette visite exceptionnellement riche : un ruban étroit de diverses couleurs qui mesure 39 centimètres, l’exacte dimension de la statue ; on l’offre aux fidèles qui n’ont pas la possibilité matérielle de faire le pèlerinage pour qu’ils bénéficient de la protection qu’il est censé accorder à qui le porte. Qu’une des jotas les plus populaires est celle-ci :
La Virgen del Pilar dice
Que no quiere ser francesa
Que quiere ser Capitana
De la tropa aragonesa.
En réalité, la Vierge n’a rien dit de tel, mais nous sommes en 1808, la ville de Saragosse doit résister héroïquement à l’envahisseur français. Depuis les choses se sont normalisées, les français viennent vénérer la Virgen del Pilar et les espagnols sont nombreux à venir à Lourdes. L’Europe est passée par là.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci pour ces explications... Figure-toi que j'accrédite tes propos concernant l'empathie et la disponibilité des aragonais! L'été dernier, je suis allée à l'expo internationale sur l'eau et le développement durable à Saragosse, avec un passage obligé par la Basilique au cours d'une visite de la ville... Effectivement, j'ai moi-même arrêté un ancianito qui a pris le temps de m'expliquer l'histoire du pélerinage. Mais je dois avouer que le temps passant, la mémoire est un peu défaillante! Et tes explications claires viennent la rafraîchir! J'ajouterai une anecdote...que personne n'a pu éclairer... Avec mon ami, nous regardions l'Ebre depuis le pont piéton à côté de la Basilique... un couple de latinoaméricains étaient tout près de nous... Il y avait des pigeons proches de l'eau, au sec, sur le bas des colonnes en pierre du pont... Tout était calme jusqu'à ce qu'un énorme poisson (1,50m de long, avec des dents...!) sautent depuis l'Ebre sur le pauvre pigeon, englouti entier "en un dos por tres"! Les latinos et nous-mêmes étions abasourdis...et seuls au monde! Aucun espagnol arrêté par la suite, pour demander quels étaient donc ces gros poissons monstreux qui peuplent l'Ebre, n'a pu nous éclairer... Je vous invite à vous pencher à votre tour le jour où vous irez... A ver si no soy la unica en creerme esto que vi y que me parecio una barbaridad, y no una aparicion de la virgen!
Laure G.

Anonyme a dit…

un silure? il est en effet possible de trouver dans l'Ebre ce poisson originaire des pays de l'Europe orientale, des bords du Danube, des cours d'eau bordant les mers Caspienne et Baltique....