lundi 22 juin 2009

Résultats du sondage : « Si votre première (ou prochaine) traduction était un texte d'un auteur vivant, feriez-vous la démarche de le contacter ? »

En photo : Very rare Green 332 Bakelite Telephone par Old Telephones

Sur 14 votants :

Oui = 11 voix (78%)
Non = 3 voix (21%)

À ceux qui prendraient illico leur téléphone, leur plume, leur clavier… pour entrer en contact avec « leur » auteur, selon le possessif à l'évidence consacré dans le milieu, je demande : pour faire quoi, au juste ? S'agit-il d'un petit coup de narcissisme de votre part ? Vous identifiez comme Le Traducteur dans la foule des lecteurs de base ? Mais… et si vous le déceviez ? Parce que, par exemple, vous n'êtes pas, vous non plus, comme il a fantasmé son traducteur idéal ? Ou, peut-être plus sûrement, parce qu'il n'a pas voulu mettre de visage, c'est-à-dire de réalité physiquement sur celui ou celle qui lui vole son histoire et la déploie dans une langue qu'il ne maîtrise pas ? Ou alors, s'agit-il de simplement parler avec lui, voire de papoter, devant une tasse de thé, un bon café, un cocktail exotique… ? Sur quel sujet ? De la pluie et du beau temps ? C'est peut-être le plus raisonnable. Et si lui vous décevait… ? S'il vous décevait alors que vous allez devoir traduire un deuxième, puis un troisième… de ses romans ? Comment garder son objectivité après cela ? Est-ce que l'expérience ne risque pas de desservir le texte ? Parler, nous disions… De lui ? De son œuvre en général ? Du livre qu'on vous a confié – probablement sans qu'il ait eu son mot à dire sur cette décision ? Bien, mais dans ce cas, ne risquez-vous pas de tomber dans le dangereux piège de la confusion des identités, quand le narrateur devient l'auteur, vous savez cette voix qui devrait rester anonyme et derrière laquelle on voit désormais un visage, on sent une odeur, on se souvient d'une silhouette, d'une poignée de main… quand le lecteur est contraint et forcé d'adhérer au patron dessiné pour lui dans le texte via le narrataire ? Vous allez me répondre : bien sûr que non, ce que je souhaite, c'est lui demander ce qu'il a voulu dire à telle page ! Le sait-il seulement ? Combien de témoignages de traducteurs avons-nous où l'auteur a répondu à cette question : je ne sais plus, fais donc ce que tu veux et ne m'embête pas avec des détails ? Alors vous allez me répondre : bien sûr que non, ce que je souhaite, c'est lui demander d'éclairer un point de lexique ! Et les dictionnaires, alors… Personnellement, je suis très partagée sur cette question… Nous allons creuser, si vous le voulez bien.

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