dimanche 28 juin 2009

Votre thème du week-end, Giono

En photo : jean giono par tontonflingueur

Il y a environ une quarantaine d’années, je faisais une longue course à pied, sur des hauteurs absolument inconnues des touristes, dans cette très vieille région des Alpes qui
pénètre en Provence.
Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et Mirabeau ; au nord par le cours supérieur de la Drôme, depuis sa source jusqu’à Die ; à l’ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du mont Ventoux. Elle comprend toute la partie nord du département des Basses-Alpes, le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse.
C’étaient, au moment où j’entrepris ma longue promenade dans ces déserts, des landes nues et monotones, vers mille deux cents à mille trois cents mètres d’altitude. Il n’y poussait que des lavandes sauvages.
Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple. Je campais à côté d’un squelette de village abandonné. Je n’avais plus d’eau depuis la veille et il me fallait en trouver. Ces maisons agglomérées, quoique en ruine, comme un vieux nid de guêpes, me firent penser qu’il avait dû y avoir là, dans le temps, une fontaine ou un puits. Il y avait bien une fontaine, mais sèche. Les cinq à six maisons, sans toiture, rongées de vent et de pluie, la petite chapelle au clocher écroulé, étaient rangées comme le sont les maisons et les chapelles dans les villages vivants, mais toute vie avait disparu.
C’était un beau jour de juin avec grand soleil, mais, sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable. Ses grondements dans les carcasses des maisons étaient ceux d’un fauve dérangé dans son repas.

Jean Giono, L'homme qui plantait des arbres, 1953.

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Brigitte nous propose sa traduction :



THEME Jean GIONO – L’HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES

Hace aproximadamente unos cuarenta años, yo estaba haciendo una excursión pedestre, por unas tierras altas totalmente desconocidas de los turistas, en esta región muy antigua de los Alpes que se adentra a Provenza.
Dicha región está delimitada al sureste y al sur por el curso medio del río Durance, entre Sisteron y Mirabeau ; al norte por el curso superior del río Drôme, desde su nacimiento hasta Die ; al oeste por las llanuras del Condado de Venasque y los contrafuertes del monte/Mont Ventoux. Comprende toda la parte norte del departamento de Alpes Bajos, el sur del departamento de Drôme y un pequeño enclave de Vaucluse.
En el momento en que emprendí mi larga travesía por esos páramos, eran unas landas yermas y monótonas, entre mil doscientos y mil trescientos metros de altura. Sólo crecían allí unas espliegos agrestes/lavandas silvestres.
Atravesaba esta tierra en su anchura más amplia y al cabo de tres días de camino, me encontré en medio de una desolación sin par. Acampaba al lado del esqueleto de un pueblo abandonado. Ya no me quedaba agua desde el día anterior y necesitaba encontrarla. Estas casas amontonadas, aunque en ruinas, como un antiguo avispero, me hicieron pensar que habría habido aquí, en otros tiempos, una fuente o un pozo. Efectivamente había una fuente, pero estaba seca. Las cinco o seis casas, sin techos, roídas por el viento y la lluvia, la pequeña capilla con el campanario derrumabado, estaban dispuestas como lo suelen estar las casas y capillas en los pueblos vivos, pero de ellas había desaparecido toda vida.
Era un hermoso día soleado de junio, pero en estas tierras al descubierto y altas en el cielo, el viento soplaba con una violencia insoportable. Sus gruñidos por los armazones de las casas eran los de una fiera molestada en plena comida.

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