mardi 1 décembre 2009

Exercice de version, 14

ISIDORO VIDAL conocido en el barrio como don Isidro, desde el último lunes prácticamente no salía de la pieza ni se dejaba ver. Sin duda más de un inquilino y sobre todo las chicas del taller de costura de la sala del frente, de vez en cuando lo sorprendían fuera de su refugio. Las distancias, dentro del populoso caserón, eran considerables y, para llegar al baño, había que atravesar dos patios. Confinado a su cuarto, y al contiguo de su hijo Isidorito, quedó por entonces desvinculado del mundo. El muchacho, alegando sueño atrasado porque trabajaba de celador en la escuela nocturna de la calle Las Heras, solía extraviar el diario que su padre esperaba con ansiedad y persistentemente olvidaba la promesa de llevar el aparato de radio a casa del electricista. Privado de ese vetusto artefacto, Vidal echaba de menos las cotidianas “charlas de fogón” de un tal Farrell, a quien la opinión señalaba como secreto jefe de los Jóvenes Turcos, movimiento que brilló como una estrella fugaz en nuestra larga noche política. Ante los amigos, que abominaban de Farrell, lo defendía, siquiera con tibieza; deploraba, es verdad, los argumentos del caudillo, más enconados que razonables; condenaba sus calumnias y sus embustes, pero no ocultaba la admiración por sus dotes de orador, por la cálida tonalidad de esa voz tan nuestra y, declarándose objetivo, reconocía en él y en todos los demagogos el mérito de conferir conciencia de la propia dignidad a millones de parias.
Responsables de aquel retiro —demasiado prolongado para no ser peligroso— fueron un vago dolor de muelas y la costumbre de llevarse una mano a la boca. Una tarde, cuando volvía del fondo, sorpresivamente oyó la pregunta:
—¿Qué le pasa?
Apartó la mano y miró perplejo a su vecino Bogliolo. En efecto, éste lo había saludado. Vidal contestó solícitamente:
—Nada, señor.
—¿Cómo nada? —protestó Bogliolo que, bien observado, tenía algo extraño en la expresión—. ¿Por qué se lleva la mano a la boca?
—Una muela. Me duele. No es nada —respondió sonriendo.

Adolfo Bioy Casares, Diario de la guerra del cerdo

***

Sonita nous propose sa traduction :

Isidoro Vidal, connu dans le quartier comme don Isidro, depuis lundi dernier ne sortait pratiquement pas de la pièce ni se laissait voir. Sans doute, plus d’un locataire et surtout les filles de l’atelier de couture de la salle d’en face, le surprenaient parfois hors de son refuge. Les distances à l’intérieur de la populeuse bâtisse, étaient considérables et, pour arriver aux toilettes il fallait traverser deux cours. Confiné dans sa chambre, et contigu à celui de son fils Isidorito, il se détacha alors du monde. Le garçon, prétendant du sommeil en retard parce qu’il travaillait comme gardien dans l’école nocturne de la rue Las Heras, avait l’habitude de perdre le journal que son père attendait avec anxiété et il oubliait encore et encore la promesse d’apporter la radio chez l’électricien. Privé de ce vétuste engin, les quotidiennes « Charlas de Fogón » avec un certain Farrell manquaient à Vidal. Ce Farrell était donné comme le chef secret des Jeunes Turcs, mouvement qui a brillé comme une étoile filante dans notre longue nuit politique. Devant les amis qui détestaient Farrell, il le défendait, bien qu’avec tiédeur ; il déplorait, c’est vrai, les arguments du caudillo, plutôt acharnés que raisonnables ; il condamnait ses calomnies et ses mensonges, mais il ne cachait pas l’admiration pour ses dons d’orateur, pour la chaude tonalité de cette voix si nôtre et, tout en se déclarant objectif, il lui reconnaissait ainsi qu’à tous les démagogues, le mérite de conférer la conscience de sa propre dignité à des millions de parias.
Les responsables de cette retraite — trop prolongée pour ne pas être dangereuse — ont été une douleur de dents et la manie de se mettre la main dans la bouche. Une après-midi, quand il revenait du fond, il fut surpris d’entendre la question :
—Qu’est-ce qui vous arrive?
Il écarta la main et regarda perplexe son voisin Bogliolo. En effet, celui-ci l’avait salué. Vidal répondit diligemment :
—Rien, Monsieur.
—Comment ça, rien? Protesta Bogliolo qui, en y regardant de près, avait quelque chose d’étrange dans son expression.
—Pourquoi portez-vous la main à la bouche?
—Une dent. J’ai mal à une dent. Ce n’est rien. — répondit-il en souriant.

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