samedi 6 février 2010

En guise d'exercices de version 78 et 79

La version des Master 1 – parcours traduction/traductologie tombée il y a quelques jours et, évidemment, choisie par mes soins.

El valle, en rigor, no era tal valle sino una polvorienta cuenca delimitada por unos tesos blancos e inhóspitos. El valle, en rigor no daba sino dos estaciones : invierno y verano y ambas eran extremosas, agrias, casi despiadadas. Al finalizar mayo comenzaba a descender de los cerros de greda un calor denso y enervante, como una lenta invasión de lava, que en pocas semanas absorbía las últimas humedades del invierno. El lecho de la cuenca, entonces, empezaba cuartearse por falta de agua y el río se encogía sobre sí mismo y su caudal pasaba en pocos días de una opacidad lora y espesa a una verdosidad de botella casi transparente. El trigo, fustigado por el sol, espigaba y maduraba apenas granado y a primeros de junio la cuenca únicamente conservaba dos notas verdes: la enmarañada fronda de las riberas del río y el emparrado que sombreaba la mayor de las tres edificaciones que se levantaban próximas a la corriente. El resto de la cuenca asumía una agónica amarillez de desierto. Era el calor y bajo él se hacía la siembra de los melonares, se segaba el trigo, y la codorniz, que había llegado con los últimos fríos de la Baja Extremadura, abandonaba los nidos y buscaba el frescor en las altas pajas de los ribazos. La cuenca parecía emanar un aliento fumoso, hecho de insignificantes partículas de greda y de polvillo de trigo. Y en invierno y verano la casa grande, flanqueada por el emparrado, emitía un «bom‑bom» acompasado, casi siniestro, que era como el latido de un enorme corazón.
El niño jugaba en el camino, junto a la casa blanca, bajo el sol, y sobre los trigales, a su derecha, el cernícalo aleteaba sin avanzar, como si flotase en el aire, cazando insectos. La tarde cubría la cuenca compasivamente y el hombre que venía de la falda de los cerros, con la vieja chaqueta desmayada sobre los hombros, pasó por su lado, sin mirarle, empujó con el pie la puerta de la casa y casi a ciegas se desnudó y se desplomó en el lecho sin abrirlo. Al momento, casi sin transición, empezó a roncar arrítmicamente.
El Senderines, el niño, le siguió con los ojos hasta perderle en el oscuro agujero de la puerta; al cabo reanudó sus juegos.
Hubo un tiempo en que al niño le descorazonaba que sus amigos dijeran de su padre que tenía nombre de mujer; le humillaba que dijeran eso de su padre, tan fornido y poderoso. Años antes, cuando sus relaciones no se habían enfriado del todo, el Senderines le preguntó si Trinidad era, en efecto, nombre de mujer. Su padre había respondido:
— Las cosas son según las tomes. Trinidad son tres, dioses y no tres diosas, ¿comprendes? De todos modos mis amigos me llaman Trino para evitar confusiones.

Miguel Delibes, La mortaja

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Laëtitia nous propose sa traduction :

En réalité, la vallée n’était pas une vallée quelconque mais une vallée poussiéreuse, délimitée par des crêtes blanches et inhospitalières. En réalité, la vallée ne connaissait que deux saisons : l’hiver et l’été, qui étaient tous deux extrêmes, rudes, presque inhumains. À la fin du mois de mai, une chaleur dense et énervante commençait à descendre des collines de glaise, comme une lente invasion de lave qui, en quelques semaines, absorbait les dernières humidités de l’hiver. Le lit de la vallée commençait alors à se lézarder par manque d’eau et la rivière se rétrécissait, son eau passant en quelques jours d’un brun foncé, opaque et épais, à un vert bouteille presque transparent. Le blé, cinglé par le soleil, montait en épi et mûrissait à peine poussé et, début juin, la vallée ne conservait plus que deux notes vertes : la frondaison emmêlée des berges de la rivière et la treille qui ombrageait la plus grande des trois constructions érigées près du courant. Le reste de la vallée affichait un jaune désertique et agonique. Il faisait chaud et, sous la chaleur, on semait les melons dans les champs, on fauchait le blé et les cailles, qui étaient arrivées avec les derniers froids de la Basse Estrémadure, abandonnaient les nids et cherchaient la fraîcheur dans les hauts chaumes des talus. De la vallée semblait émaner un souffle fumeux, composé d’insignifiantes particules de glaise et de fine poussière de blé. Et l’hiver comme l’été, la grande maison, flanquée de la treille, émettait un « boum boum » rythmé, presque sinistre, qui ressemblait au battement d’un énorme cœur.
L’enfant jouait sur le chemin, près de la maison blanche, sous le soleil, et à sa droite, au-dessus des champs de blé, les buses voletaient sur place, comme si elles flottaient dans l’air, chassant des insectes. L’après-midi recouvrait avec compassion la vallée et l’homme, qui revenait du flanc des collines, sa vieille chemise évanouie sur les épaules, passa à côté de lui, sans un regard, poussa du pied la porte de la maison et, presque à tâtons, se déshabilla et s’écroula sur le lit sans le défaire. Aussitôt, presque sans transition, il se mit à ronfler à contre-cadence.
Le Sentier, l’enfant, le suivit des yeux jusqu’à le perdre dans le trou obscur de la porte ; à la fin, il recommença à jouer.
Il fut un temps où l’enfant avait été déstabilisé par ses amis qui disaient que son père portait un prénom de femme ; leurs propos à son sujet l’humiliaient, lui qui était si robuste et puissant. Des années auparavant, quand leurs relations ne s’étaient pas encore totalement refroidies, Le Sentier lui avait demandé si Trinité était effectivement un prénom de femme. Ce à quoi son père avait répondu :
— Tout dépend de la façon dont tu prends les choses. Par Trinité, on entend trois dieux et non trois déesses, tu piges ? Et puis, de toute façon, mes amis m’appellent Trino pour éviter les confusions.

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Amélie nous propose sa traduction :

À vrai dire, la vallée n’en était pas vraiment une, c’était un bassin poussiéreux, délimité par des tertres blancs et inhospitaliers. À vrai dire, la vallée n’offrait que deux saisons : l’hiver et l’été, tous deux extrêmes, rudes, quasi impitoyables. À la fin du mois de mai, une chaleur dense et accablante se mettait à descendre des collines de glaise, comme une lente invasion de lave qui, en quelques semaines à peine, absorbait les dernières humidités de l’hiver. Le lit du bassin commençait alors à se craqueler faute d’eau et la rivière rétrécissait, son eau passant d’une opacité bistrée à une transparence vert bouteille en quelques jours. Le blé, maltraité par le soleil, épiait et mûrissait aussitôt après la grenaison et, dès les premiers jours de juin, le bassin ne conservait que deux notes vertes : le feuillage enchevêtré sur les rives du fleuve et la treille qui ombrageait le plus haut des trois bâtiments construits près des flots. Le reste du bassin avait la couleur jaune moribond du désert. Il faisait chaud, et c’est sous cette chaleur que l’on semait les melons, que l’on moissonnait le blé, et que les cailles, arrivées de Basse Estrémadure avec les derniers froids, abandonnaient leurs nids pour aller chercher la fraîcheur dans les herbes hautes des talus. Un souffle odorant semblait émaner du bassin, mélange d’infimes particules de glaise et de poussière de blé. Et en hiver comme en été, la grande maison, flanquée de la treille, émettait un « boum-boum » rythmé, presque sinistre, semblable au battement d’un énorme cœur.
L’enfant jouait dans le chemin, près de la maison blanche, sous le soleil, et à sa droite, au-dessus des champs de blé, la buse battait des ailes sans avancer, comme si elle flottait dans l’air, chassant les insectes. Le soir enveloppait le bassin avec compassion et l’homme qui descendait le flanc de la colline, sa vieille veste décolorée sur les épaules, passa près de lui sans un regard, poussa du pied la porte de la maison, se déshabilla presque à l’aveuglette et s’effondra dans son lit sans le défaire. Aussitôt, sans grande transition, il se mit à ronfler de façon irrégulière.
Le Sentier, l’enfant, le suivit des yeux jusqu’à le perdre dans la béance obscure de la porte puis se remit à jouer.
Il fut un temps où l’enfant était malheureux car ses copains disaient que son père avait un prénom féminin ; cela l’humiliait qu’on parle ainsi de son père, si robuste et si puissant. Des années auparavant, quand leurs relations ne s’étaient pas encore totalement refroidies, le Sentier lui avait demandé si Trinité était effectivement un prénom féminin. Son père lui avait répondu :
« Tout dépend de la façon dont tu prends les choses. La Trinité, ce sont trois dieux, et non trois déesses, tu comprends ? De toutes façons, mes amis m’appellent Trino, pour éviter les confusions ».

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Leslie nous propose sa traduction :

La vallée, plus exactement, n'était pas cette vallée-là mais plutôt un bassin poussiéreux délimité par quelque tertres blancs et inhospitaliers. La vallée, plus exactement, n'offrait que deux saisons : l'hivers et l'été, et toutes deux étaient expressives, aigres, presque impitoyables. A la fin du mois de mai, commençait à descendre des collines d'argile une chaleur dense et affaiblissante, telle une lente invasion de lave, qui, en quelques semaines, absorbait les derniers signes d'humidité de l'hivers. Ainsi donc, le lit du bassin commençait à se dépecer de par le manque d'eau, le fleuve se rétrécissait sur lui-même et son débit passait en peu de jours d'une opacité couleur perroquet et épaisse à une verdeur bouteille presque transparente. Le blé, fustigé par le soleil, poussait et mûrissait jusqu'à peine former des graines, et les premers jours de juin, les bassin conservait deux uniques notes de vert : le feuillage emmêlé des rives du fleuve et la treille faisant de l'ombre sur la plus grande partie des trois constructions qui se dressaient près du courant. Le reste du bassin assumait un agonique ton jaune de désert . C'était la chaleur, et sous celle-là on semait les melonnières, fauchait le blé, et la caille qui était arrivée avec les derniers froids de la Basse-Extrémadure, abandonnait les nids pour trouver la fraîcheur dans les pailles hautes de mottes de terre. Semblait s'émaner un souffle fumeux du bassin, fait d'insignifiantes particules d'argile et d'une petite poussière de blé. Et hivers comme été, la grande maison, flanquée de treille, emettait un "boum-boum" rythmé, presque sinistre, comme un battement de coeur.
L'enfant jouait sur le chemin, près de la maison immaculée, sous le soleil ; et au-dessus des champs de blé, à sa droite, la buse battait des ailes sans avancer, comme si elle flottait dans les airs, à la chasse aux insectes. Le soir couvrait le bassin, compatissant, et l'homme qui revenait du flanc des collines, sa vieille veste pâle sur les épaules, passa à côté de lui sans le regarder, poussa de son pied la porte de la maison, et presque à l'aveuglette se déshabilla et s'effondra sur son lit sans même le défaire. A l'instant, presque sans transition, il commença à ronfler en mesure.
El Senderines, l'enfant, le suivit du regard jusqu'à le perdre depuis le trou obscur de la porte ; au bout d'un moment, il reprit ses jeux.
Il y eut une période pendant laquelle l'enfant se désespérait que ses amis dissent de son père qu'il portait un nom de femme, qu'ils dissent cela de son père, lui, qui était si robuste et si puissant, l'humillait. Des années plus tôt, lorsque leurs relations n'étaient pas devenues totalement froides, el Senderines lui avait demandé si Trinité était, en effet, un nom de femme. Son père lui avait répondu :
-Les choses sont suivant comment tu les prends. Trois forment la Trinité : des dieux, et non des déesses, tu comprends? De toutes façons, mes amis m'appellent Trino afin d'éviter des confusions.

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Morgane nous propose sa traduction :

La vallée, à proprement parler, n’était pas une vallée en tant que telle sinon plutôt un bassin poussiéreux délimité par quelques collines blanches et inhospitalières. La vallée, à proprement parler, n’avait que deux saisons : hiver et été et toutes deux étaient excessives, austères, presque impitoyables. À la fin mai, commençait à descendre des collines de grès une chaleur dense et énervante, telle une lente invasion de lave, qui en peu de semaines absorbait les dernières humidités de l’hiver. Le lit du bassin, alors, commençait à se fendiller par manque d’eau et le fleuve se renfermait sur lui-même et son débit passait en peu de jours d’une opacité brune et épaisse à une couleur vert bouteille presque transparente. Le blé, fouetté par le soleil, croissait et murissait à peine grainé et au premier juin le bassin conservait seulement deux notes vertes : la feuille emmêlée des rives du fleuve et la treille qui ombrageait la plus grande des trois constructions qui se dressaient proche du courant. Le reste du bassin assumait un jaune agonisant de désert. Il faisait chaud et sous cette chaleur on plantait les semences des melonnières, on semait le blé, et la caille, qui était venue avec les derniers froids de la Basse Estrémadure, abandonnait les nids et cherchait la fraîcheur dans la partie supérieur des monticules de paille. Le bassin semblait émaner une haleine fumante, faite d’insignifiantes particules de grès et de petites poussières de blé. En hiver et en été la grande maison, entourée par la treille, émettait un « bom-bom » cadencé, presque sinistre, qui était comme le battement d’un cœur énorme. L’enfant jouait sur le chemin, à côté de la maison blanche, sous le soleil, et dans les champs de blé, à sa droite, la buse battait des ailes sans avancer, comme si elle flottait dans les airs, chassant des insectes. Le soir recouvrait le bassin de manière compatissante et l’homme qui venait du flanc des collines, avec le vieux cardigan jeté sur les épaules, passa de son côté, sans la regarder, poussa du pied la porte de la maison et presque à tâtons se dévêtit et s’affala sur le lit sans l’ouvrir. À ce moment, presque sans transition, il commença à ronfler de manière arithmétique. Le Senderines, l’enfant, le suivit du regard jusqu’à le perdre dans l’obscure trou de la serrure ; enfin il reprit ses jeux. Il fut un temps où l’enfant se décourageait que ses amis disent que son père portait un nom de femme ; cela l’humiliait qu’ils disent cela de son père, si robuste et puissant. Des années auparavant, lorsque leurs relations ne s’étaient pas encore complètement refroidies, le Senderines lui demanda si Trinité était, effectivement, un nom de femme. Son père avait répondu : - Les choses prennent la couleur que tu leur donnes. Trinité sont trois, des dieux et non trois déesses, tu comprends ? De toute façon mes amis m’appellent Trino pour éviter toutes confusions.

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