vendredi 12 février 2010

Exercice de version, 84

Pedro Vicario volvió a retirar el cuchillo con su pulso fiero de matarife, y le asestó un segundo golpe casi en el mismo lugar. «Lo raro es que el cuchillo volvía a salir limpio -declaró Pedro Vicario al instructor-. Le había dado por lo menos tres veces y no había una gota de sangre.» Santiago Nasar se torció con los brazos cruzados sobre el vientre después de la tercera cuchillada, soltó un quejido de becerro, y trató de darles la espalda. Pablo Vicario, que estaba a su izquierda con el cuchillo curvo, le asestó entonces la única cuchillada en el lomo, y un chorro de sangre a alta presión le empapó la camisa. «Olía como él», me dijo. Tres veces herido de muerte, Santiago Nasar les dio otra vez el frente, y se apoyó de espaldas contra la puerta de su madre, sin la menor resistencia, como si sólo quisiera ayudar a que acabaran de matarlo por partes iguales. «No volvió a gritar -dijo Pedro Vicario al instructor-. Al contrario: me pareció que se estaba riendo.» Entonces ambos siguieron acuchillándolo contra la puerta, con golpes alternos y fáciles, flotando en el remanso deslumbrante que encontraron del otro lado del miedo. No oyeron los gritos del pueblo entero espantado de su propio crimen. «Me sentía como cuando uno va corriendo en un caballo», declaró Pablo Vicario. Pero ambos despertaron de pronto a la realidad, porque estaban exhaustos, y sin embargo les parecía que Santiago Nasar no se iba a derrumbar nunca. «¡Mierda, primo -me dijo Pablo Vicario-, no te imaginas lo difícil que es matar a un hombre!» Tratando de acabar para siempre, Pedro Vicario le buscó el corazón, pero se lo buscó casi en la axila, donde lo tienen los cerdos. En realidad Santiago Nasar no caía porque ellos mismos lo estaban sosteniendo a cuchilladas contra la puerta. Desesperado, Pablo Vicario le dio un tajo horizontal en el vientre, y los intestinos completos afloraron con una explosión. Pedro Vicario iba a hacer lo mismo, pero el pulso se le torció de horror, y le dio un tajo extraviado en el muslo. Santiago Nasar permaneció todavía un instante apoyado contra la puerta, hasta que vio sus propias vísceras al sol, limpias y azules, y cayó de rodillas.

Gabriel García Márquez, Crónica de una muerte anunciada

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Laëtitia nous propose sa traduction :

Pedro Vicario retira le couteau avec sa poigne terrible de boucher, et il lui asséna un deuxième coup presque au même endroit. « Ce qui est bizarre c’est que le couteau ressortait propre –déclara Pedro Vicario à l’instructeur –Il l’avait poignardé au moins trois fois et il n’y avait pas une goutte de sang. » Santiago Nasar se tordit avec les bras croisés sur le ventre après le troisième coup de couteau, il lâcha un gémissement de veau, et essaya de leur tourner le dos.
Pablo Vicario, qui était à sa gauche avec la lame incurvée, lui administra alors le seul coup de couteau dans l’échine, et un jet de sang à haute pression lui imprégna la chemise. « Je sentais comme lui », me dit-il. Trois fois blessé à mort, Santiago Nasar se tourna encore vers eux, et appuya son dos contre la porte de chez sa mère, sans la moindre résistance, comme s’il ne voulait qu’une chose : les aider à l’achever à parts égales. « Il n’a plus crié –dit Pedro Vicario à l’instructeur-. Au contraire, j’ai même eu l’impression qu’il riait. » Alors tous deux continuèrent de le poignarder contre la porte, ils alternaient des coups faciles, flottant dans le havre de paix éblouissant qu’ils trouvèrent au-delà de la peur. Ils n’entendirent pas les cris de tout le village horrifié par leur crime. « Je me sentais comme sur un cheval au galop », déclara Pablo Vicario. Mais tous deux revinrent bientôt à la réalité, parce qu’ils étaient épuisés, et cependant il leur semblait que Santiago Nasar ne s’effondrerait jamais. « Merde, Cousin ! –me dit Pablo Vicario-, tu peux pas savoir ce que c’est dur de tuer un homme ! ». Voulant en finir pour toujours, Pedro Vicario chercha son cœur, mais il le chercha presque dans l’aisselle, là où l’ont les porcs. En réalité si Santiago Nassar ne s’écroulait pas c’est parce qu’ils le soutenaient à grands coups de couteau contre la porte. Désespéré, Pablo Vicario lui donna une estafilade horizontale dans le ventre, et la totalité de ses intestins jaillit dans une explosion. Pedro Vicario allait faire la même chose, mais son poignet se tordit d’horreur, et il lui donna une estafilade perdue dans la cuisse. Santiago Nasar resta encore un instant appuyé contre la porte, jusqu’à ce qu’il voie ses viscères au soleil, propres et bleues, et qu’il tombe à genoux.

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Pascaline nous propose sa traduction :

Pedro Vicario retira de nouveau le couteau de sa féroce poignée de boucher, et lui assena un second coup presque au même endroit. « Le plus étrange dans tout cela, c'est que le couteau ressortait propre – déclara Pedro Vicario à l'instructeur -. Je lui avais donné au moins trois coups et il n'y avait pas une seule goutte de sang. » Au bout du troisième coup de couteau, Santiago Nasar se plia en deux, les bras croisés sur le ventre, poussa un gémissement de veau, et essaya de leur tourner le dos. Pablo Vicario, se tenant à sa droite avec le couteau courbe, lui assena alors le seul coup dans le dos ; un jet de sang à haute pression trempa sa chemise. « Je sentais comme lui », me dit-il. Trois fois blessé à mort, Santiago Nasar leur fit de nouveau face, et s'appuya contre la porte de sa mère, sans montrer la moindre résistance, comme s'il voulait simplement les aider à le tuer de façon symétrique. « Il cessa de crier – signala Pedro Vicario à l'instructeur -. Même bien au contraire : il me sembla qu'il était en train de rire. » Alors tous deux continuèrent de le poignarder contre la porte, alternant des coups faciles ; ils flottaient désormais dans le havre éblouissant qu'ils rencontrèrent un fois la peur passée. Il n'entendirent pas les cris du village entier, effrayé face à leur propre crime. « Je me sentais comme quand on monte un cheval au galop », confia Pablo Vicario. Mais bientôt, ils revinrent à la réalité, parce qu'ils étaient épuisés, et pourtant, ils avaient l'impression que Santiago Nasar n'allait jamais succomber. « Merde, cousin – me dit Pablo Vicario -, tu n'imagines pas il est difficile de tuer un homme ! » Tentant d'en finir une bonne fois pour toute, Pedro Vicario voulut trouver le cœur, mais il le chercha quasiment au niveau de l'aisselle, là où l'ont les porcs. En vérité, Santiago Nasar ne tombait pas parce qu'eux mêmes, avec leur coups de couteau, le soutenaient contre la porte. Désespéré, Pablo Vicario lui déchira le ventre à l'horizontal, et tous les intestins apparurent telle une exploision. Pedro Vicario allait en faire de même, mais son poignet se tordit d'horreur ; il lui donna un coup perdu qui lui déchira la cuisse. Santiago Nasar resta encore un moment appuyé contre la porte, jusqu'à ce qu'il vît ses propres viscères par terre, nettes et bleues, et tomba à genoux.

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Morgane nous propose sa traduction :

Pedro Vicario enleva de nouveau le couteau avec son bras puissant de tueur, et lui asséna un second coup presqu’ au même endroit. « Ce qui est étrange est que le couteau sortait de nouveau propre – déclara Pedro Vicario à l’instructeur -. Il l’avait poignardé au moins trois fois et il n’y avait pas une goutte de sang. » Santiago Nasar se tordit les bras croisés sur le ventre, après le troisième coup de couteau, il lâcha un gémissement de veau, et essaya de leur tourner le dos. Pablo Vicario, qui était à sa gauche avec le couteau tordu, asséna alors l’unique coup de couteau dans le dos , et un jet de sang à haute pression lui trempa la chemise. « Je sentais comme lui », me dit-il. Trois fois blessé à mort, Santiago Nasar leur fit de nouveau face, et appuya son dos contre la porte de sa mère, sans la moindre résistance, comme s’il souhaitait seulement les aider à l’achever de le tuer par partie égale. « Il ne recommença pas à crier – dit Pedro Vicario à l’instructeur -. Au contraire : il me semblait qu’il était en train de rire. » Alors tous deux le suivirent en le poignardant contre la porte, avec des coups alternés et faciles, flottant dans le calme éblouissant qu’ils trouvèrent de l’autre côté de la peur. Effrayés par leur propre crime, ils n’entendirent point les cris de tout le peuple. « Je me sentais comme quand quelqu’un est en train de galoper sur un cheval », déclara Pablo Vicario. Mais tous deux firent soudain face à la réalité, car ils étaient épuisés, et cependant il leur semblait que Santiago Nasar n’allait jamais s’effondrer. « Merde, cousin – me dit Pablo Vicario-, tu n’imagines pas à quel point il est difficile de tuer un homme ! ». Essayant de terminer pour toujours, Pedro Vicario chercha son cœur, mais il le chercha presque dans les aisselles, où l’ont les porcs. En réalité, Santiago Nasar ne tombait pas car eux-mêmes étaient en train de le retenir à coup de couteaux contre la porte. Désespéré, Pablo Vicario lui donna une estafilade horizontale dans le ventre, et les intestins complets affleurèrent avec une explosion. Pedro Vicario allait faire la même chose, mais il se tordit le poignet d’horreur, et lui donna une estafilade perdue dans le muscle. Santiago Nasar resta encore un instant appuyé contre la porte, jusqu’à ce qu’il vit ses propres viscères au sol, propres et bleus, et tomba à genoux.

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