jeudi 25 février 2010

Exercice de version, 97

La muchacha abrió los ojos y se sintió apabullada por su propio desconcierto. No recordaba nada. Ni su nombre, ni su edad, ni sus señas. Vio que su falda era marrón y que la blusa era crema. No tenía cartera. Su reloj pulsera marcaba las cuatro y cuarto. Sintió que su lengua estaba pastosa y que las sienes le palpitaban. Miró sus manos y vio que las uñas tenían un esmalte transparente. Estaba sentada en el banco de una plaza con árboles, una plaza que en el centro tenía una fuente vieja, con, angelitos, y algo así como tres platos paralelos. Le pareció horrible. Desde su banco veía comercios, grandes letreros. Pudo leer: Nogaró, Cine Club, Porley Muebles, Marcha, Partido Nacional. Junto a su pie izquierdo vio un trozo de espejo, en forma de triángulo. Lo recogió. Fue consciente de una enfermiza curiosidad cuando se enfrentó a aquel rostro que era el suyo. Fue como si lo viera por primera vez. No le trajo ningún recuerdo. Trató de calcular su edad. Tendré dieciséis o diecisiete años, pensó. Curiosamente, recordaba los nombres de las cosas (sabía que esto era un banco, eso una columna, aquello una fuente, aquello otro un letrero),, pero no podía situarse a sí misma en un lugar y en un tiempo. Volvió a pensar, esta vez en voz alta: «Sí, debo tener dieciséis o diecisiete», sólo para confirmar que era una frase en español. Se preguntó si además hablaría otro idioma. Nada. No recordaba nada. Sin embargo, experimentaba una sensación de alivio, de serenidad, casi de inocencia. Estaba asombrada, claro, pero el asombro no le producía desagrado. Tenía la confusa impresión de que esto era mejor que cualquier otra cosa, como si a sus espaldas quedará algo abyecto, algo horrible. Sobre su cabeza el verde de los árboles tenía dos tonos, y el cielo casi no se veía. Las palomas se acercaron a ella, pero en seguida se retiraron, defraudadas.

Mario Benedetti, « Miss Amnesia »

***

Amélie et Chloé nous proposent leur traduction :

La jeune fille ouvrit les yeux et se sentit déconcertée par son propre confusion. Elle ne se souvenait de rien. Ni de son nom, ni de son âge, ni de son adresse. Elle remarqua que sa jupe était marron et son chemisier de couleur crème. Elle n’avait pas de sac à main. À son poignet, sa montre affichait quatre heures et quart. Elle s’aperçut que sa langue était pâteuse et que ses tempes la lançaient. Elle regarda ses mains et vit qu’elle avait du vernis transparent sur les ongles. Elle était assise sur le banc d’une place plantée d’arbres ; au centre de cette place, une vieille fontaine avec des angelots et trois sortes de plateaux parallèles. Elle trouva ça vraiment moche. De son banc, elle voyait des commerces, de grandes enseignes. Elle put lire : Nogaró, Ciné Club, Meubles Porley, Marcha, Parti National. Près de son pied gauche, elle trouva un morceau de miroir en forme de triangle. Elle le ramassa. Elle prit conscience de sa curiosité maladive lorsqu’elle se retrouva face à ce visage, qui était le sien. C’était comme si elle le voyait pour la première fois. Aucun souvenir ne lui revint. Elle essaya de deviner son âge. Je dois avoir seize ou dix-sept ans, pensa-t-elle. Bizarrement, elle se rappelait le nom des choses (elle savait que ça, c’était un banc, ça, là, une colonne, ça, là-bas, une fontaine, et encore là-bas, une enseigne), alors qu’elle ne parvenait pas à se situer dans le temps ni dans l’espace. Elle se remit à penser, cette fois-ci à voix haute: « Oui, je dois avoir seize ou dix-sept ans», juste pour vérifier que c’était bien une phrase en espagnol. Elle se demanda si elle parlait une autre langue. Rien. Elle ne se souvenait de rien. Cependant, elle éprouvait une sensation de soulagement, de sérénité, presque d’innocence. Elle était étonnée, bien sûr, mais cet étonnement ne lui déplaisait pas. Elle avait la vague impression que c’était mieux ainsi, comme si elle laissait derrière elle quelque chose d’abject, quelque chose d’atroce. Au-dessus de sa tête, les arbres avaient deux teintes de vert différentes, et on ne voyait quasiment pas le ciel. Les pigeons s’approchèrent d’elle, mais ils s’en allèrent aussitôt, déçus.

***

Marie G. nous propose sa traduction :

La jeune fille ouvrit les yeux et se sentit désemparée face à sa propre confusion. Elle ne se souvenait de rien. Ni de son nom, de son âge, de son adresse. Elle vit que sa jupe était marron et que sa chemise était couleur crème. Elle n'avait pas de portefeuille. Sa montre indiquait quatre heures et quart. Elle avait la langue pâteuse et ses tempes palpitaient. Elle regarda ses mains et remarqua que ses ongles portaient du vernis transparent. Elle était assise sur le banc d'une place avec des arbres, une place qui possédait en son centre une vieille fontaine avec des petits anges, et quelque chose comme trois assiettes parallèles. Elle lui sembla affreuse. Depuis son banc, elle apercevait des commerces, des grandes enseignes. Elle put lire: Nogaro, Ciné Club, Porley Meubles, Marcha, Parti National. À côté de son pied gauche, elle trouva un morceau de miroir, en forme de triangle. Elle le ramassa. Elle fut prise d'une curiosité maladive quand elle affronta ce visage qui était le sien. Ce fut comme si elle le voyait pour la première fois. Aucun souvenir ne refit surface. Elle essaya de calculer son âge. Je devrais avoir seize ou dix-sept ans, pensa-t-elle. Curieusement, elle se rappelait les noms des choses (elle savait que cela était un banc, que c'était une colonne, que là-bas c'était une fontaine, encore là-bas c'était une enseigne), mais elle ne pouvait pas se situer elle-même dans un espace et un temps. Elle réfléchit à nouveau, cette fois à voix haute: « Oui, je dois avoir seize ou dix-sept ans », rien que pour confirmer que c'était une phrase en espagnol. Elle se demanda si elle parlait aussi une autre langue. Rien. Elle ne se souvenait de rien. Cependant, elle ressentait une sensation de soulagement, de sérénité, presque d'innocence. Elle était étonnée évidemment, mais cet étonnement ne l'en rendait pas pour autant mécontente. Elle éprouvait l'impression troublante que cela était mieux que n'importe quelle autre chose, comme si elle laissait derrière elle quelque chose d'abject, d'horrible. Sur sa tête, le vert des arbres donnait deux tons, et on ne voyait presque pas le ciel. Les pigeons s'approchèrent d'elle, mais ils s'en allèrent de suite, déçus.

***

Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

La jeune fille ouvrit les yeux et elle se sentit totalement bouleversée, désorientée. Elle ne se rappelait rien. Ni son nom, ni son âge, ni son adresse. Elle vit que sa jupe était marron et sa blouse, crème. Elle n’avait pas de portefeuille. Sa montre bracelet indiquait quatre heures et quart. Sa langue était pâteuse et ses tempes palpitaient. Elle regarda ses mains et constata que ses ongles portaient un vernis transparent. Elle était assise sur le banc d’une place arborée, une place au centre de laquelle se trouvait une vieille fontaine avec de petits anges et ce qui ressemblait à trois plateaux parallèles. Cela lui parut horrible. Depuis son banc, elle voyait des commerces, de grandes enseignes. Elle put lire : Nogaró, Ciné Club, Meubles Porley, Marcha, Parti National. À côté de son pied gauche, elle découvrit un morceau de miroir, en forme de triangle. Elle le ramassa. Elle eut conscience de manifester une curiosité maladive au moment de se confronter à ce visage qui était le sien. C’était comme si elle le voyait pour la première fois. Il ne lui évoqua aucun souvenir. Elle essaya de calculer son âge. Elle devait avoir seize ou dix-sept ans, pensa-t-elle. Curieusement, elle se rappelait le nom des choses (elle savait que ceci était un banc, ceci, une colonne, cela, une fontaine, cela encore, une enseigne), mais elle ne pouvait pas se situer elle-même dans l’espace et dans le temps. Elle se remit à penser, cette fois à voix haute : « Oui, je dois avoir seize ou dix-sept ans », seulement pour s’assurer qu’il s’agissait d’une phrase en espagnol. Elle se demanda si elle ne parlait pas aussi une autre langue. Rien. Elle ne se rappelait rien. Cependant, elle éprouvait une sensation de soulagement, de sérénité, presque d’innocence. Elle était déconcertée, bien sûr, mais cela ne lui était pas désagréable. Elle avait l’impression confuse que c’était mieux que toute autre chose, comme s’il devait rester, dans son dos, quelque chose d’abject, quelque chose d’horrible. Au-dessus de sa tête, les arbres déclinaient deux tons de vert ; on ne voyait quasiment pas le ciel. Les pigeons s’approchèrent d’elle, pour s’éloigner aussitôt, déçus.

***

Morgane nous propose sa traduction :

La jeune fille ouvrit les yeux et se sentit troublée par sa propre confusion. Elle ne se souvenait de rien. Ni de son nom, ni de son âge, ni de son adresse. Elle vit que sa jupe était marron et que son chemisier était couleur crème. Elle n’avait pas de portefeuille. Sa montre marquait quatre heures quinze. Elle sentit que sa langue était pâteuse et que ses tempes palpitaient. Elle regarda ses mains et vit que ses ongles avaient un vernis transparent. Elle était assise sur le banc d’une place arborée, une place qui contenait en son centre une vielle fontaine, avec des anges et quelque chose comme trois assiettes parallèles. Cela lui sembla horrible. Depuis son banc, elle voyait des commerces, des grands écriteaux. Elle put lire : Nogaró, Cine club, Meubles Porley, Marche, Parti National. À côté de son pied gauche, elle vit un morceau de miroir, de forme triangulaire. Elle le ramassa. Elle prit conscience de sa curiosité maladive lorsqu’elle fit face à ce visage qui était le sien. Ce fut comme si elle l’avait vu pour la première fois. Il ne lui rappelait rien. Elle essaya de calculer son âge. J’aurai seize ou dix sept ans, pensa t-elle. Curieusement, elle se souvenait des noms des choses (elle savait que ceci était un bateau, cela une colonne, là-bas une fontaine ou bien encore un autre écriteau), en revanche elle ne parvenait pas à se situer elle-même dans un lieu ou dans un temps. Elle pensa de nouveau, cette fois-ci à voix haute : « Oui, je dois avoir dans les seize ou dix sept ans », seulement pour confirmer que c’était bien une phrase en espagnol. De plus, elle se demanda si elle ne parlait pas une autre langue. Rien. Elle ne se souvenait de rien. Cependant, elle éprouvait une sensation de légèreté, de sérénité, presque d’innocence. Elle était étonnée, bien sûr, mais l’étonnement ne lui produisait pas de mécontentement. Elle avait l’impression confuse que cela était mieux que n’importe quoi d’autre, comme s’il y avait quelque chose d’abject, quelque chose d’horrible derrière son dos. Le vert des arbres avait deux tons, au –dessus de sa tête, et le ciel se distinguait à peine. Les pigeons s’approchèrent d’elle, mais s’en allèrent aussitôt, déçus.

Aucun commentaire: