jeudi 11 novembre 2010

Version de CAPES, 50

El espectro, 11

¿Farsa del actor? ¿Odio fingido por Duncan ante aquel cuadro de El páramo?
¡No! Allí estaba la brutal revelación; la tierna esposa y el amigo íntimo en la sala de espectáculos, riéndose, con las cabezas juntas, de la confianza depositada en ellos...
Pero no nos reíamos, porque noche a noche, palco tras palco, la mirada se iba volviendo cada vez más a nosotros.
—¡Falta un poco aún!...—me decía yo.
—Mañana será...—pensaba Enid.
Mientras el Metropole ardía de luz, el mundo real de las leyes físicas se apoderaba de nosotros y respirábamos profundamente.
Pero en la brusca cesación de luz, que como un golpe sentíamos dolorosamente en los nervios, el drama espectral nos cogía otra vez.
A mil leguas de Nueva York, encajonado bajo tierra, estaba tendido sin ojos Duncan Wyoming. Mas su sorpresa ante el frenético olvido de Enid, su ira y su venganza estaban vivas allí, encendiendo el rastro químico de Wyoming, moviéndose en sus ojos vivos, que acababan, por fin, de fijarse en los nuestros.
Enid ahogó un grito y se abrazó desesperadamente a mí.
—¡Guillermo!
—Cállate, por favor...
—¡Es que ahora acaba de bajar una pierna del diván!
Sentí que la piel de la espalda se me erizaba, y miré: Con lentitud de fiera y los ojos clavados sobre nosotros, Wyoming se incorporaba del diván. Enid y yo lo vimos levantarse, avanzar hacia nosotros desde el fondo de la escena, llegar al monstruoso primer plano... Un fulgor deslumbrante nos cegó, a tiempo que Enid lanzaba un grito.
La cinta acababa de quemarse.
Mas, en la sala iluminada las cabezas todas estaban vueltas hacia nosotros.
Algunos se incorporaron en el asiento a ver lo que pasaba.

Horacio Quiroga

***

Mélissa nous propose sa traduction :

Le spectre, 11

Une farce de l’acteur ? De la haine feinte par Duncan devant ce spectacle produit par Le Désert ?
Non ! Ici était la révélation brutale ; la tendre épouse et l’ami intime dans la salle de spectacle, riant, avec les têtes côte à côte, de la confiance déposée en eux…
Mais nous ne riions pas, car nuit après nuit, loge après loge, le regard se retournait de plus en plus vers nous.
- Il en manque un peu encore !... – me disais-je.
- Demain sera… - pensait Enid.
Tandis que le Métropole brûlait de lumière, le monde réel des lois physiques s’emparait de nous et nous respirions profondément.
Mais dans la brusque interruption de lumière que nous sentions douloureusement dans nos nerfs comme un coup, le drame spectral nous atteignait encore une fois. A mille lieues de New York, coincé sur terre, Duncan Wyoming était étendu sans yeux. Mais sa surprise devant le frénétique oubli d’Enid, sa colère et sa vengeance étaient réelles ici, enflammant le visage chimique de Wyoming, bougeant dans ses yeux vivants, qui venaient, enfin, de se fixer sur les nôtres.
Enid étouffa un cri et s’accrocha désespérément à moi.
- Guillermo !
- Tais-toi, s’il te plaît…
- C’est que maintenant une jambe vient de sortir du divan !
Je sentis la peu de mon dos se hérisser, et je regardai : avec la lenteur d’un fauve et les yeux fixés sur nous, Wyoming s’insérait dans le divan. Enid et moi l’avons vu se lever, avancer vers nous depuis le fond de la scène, arriver au monstrueux premier plan… Un éclat éblouissant nous aveugla, à tel point qu’Enid poussa un cri.
La pellicule venait de brûler.
Mais, dans la salle illuminée, toutes les têtes étaient tournées vers nous.
Certains se sont insérés dans le siège pour voir ce qui se passait.

***

Léa nous propose sa traduction :

Le spectre, 11

Tromperie de l'acteur? Haine feinte par Duncan face à l'œuvre «Le désert »?
Non! Ici se trouvait la brutale révélation; la tendre épouse et l'ami intime dans la salle de spectacles, riant, les têtes liées, de la confiance accordée en elles..
Mais nous ne riions pas, car nuit après nuit, loge après loge, le regard se portait toujours plus sur nous
- Reste encore un peu – je me disais.
- Ce sera demain..- pensait Enid
Alors que la Métropole scintillait de lumière, le monde réel des lois physiques s'emparait de nous et nous respirions profondément.
Mais dans la soudaine coupure de lumière, que tel un coup, nous ressentions douloureusement dans les nerfs, le drame spectral nous prenait encore.
A mille lieues de New York, acculé sous terre, Duncan Wyoming était étendu sans yeux.
Davantage surpris face à l'oubli frénétique d'Enid, sa colère et sa vengeance étaient là bien vives, provoquant la trace chimique de Wyoming, se déplaçant dans ses yeux vifs, qui venaient, finalement, de se fixer dans les nôtres.
Enid étouffa un cri et me serra désespérément dans ses bras.
Guillermo!-
Tais-toi s'il te plaît..
C'est que maintenant il vient de baisser une jambe du divan!
Je sentis que ma peau se hérissa sur mon épaule et je regardai: avec une lenteur de brute et les yeux fixés sur nous, Wyoming se redressait du divan.
Enid et moi le vîmes se lever, avancer vers nous depuis le fond de la scène, arriver au monstrueux premier plan...
Un éclat éblouissant nous aveugla, en même temps Enid lançait un cri.
Le ruban venait de brûler.
Mais, dans la salle illuminée, toutes les têtes étaient retournées vers nous.
Quelques-uns se redressèrent de leur siège pour voir ce qu'il se passait.

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