Compte rendu : Jacqueline
Cette fois nous avions, Blandine et moi, notre tuteur « pour nous toutes seules », mais comme nous sommes volontiers partageuses, je vais vous faire part des conseils qui nous ont été prodigués et des astuces dont nous avons fait notre miel.
D’abord, ce que Jean-Marie Saint-Lu considère comme un postulat :
—On ne traduit pas les noms de famille ni les prénoms mais on traduit les surnoms qui ne sont pas un choix innocent de la part de l’auteur ; en revanche, les surnoms quechua ( en réponse à une de mes questions sur ma traduction longue) ne sont pas à traduire : cela permet de garder au récit la touche étrangère, d’extraénité.
—On transcrit les diminutifs tels quels – ex Clemencita, dans Sin remedio.
—Les noms géographiques ne sont traduits que s’ils sont attestés ; c’est l’usage qui prime.
—Puisqu’il convient, on le sait, d’éviter les notes en bas de page, il peut être nécessaire de rédiger une courte note du traducteur en début de livre pour éclairer le lecteur, si le contexte le justifie. Le principe est le suivant : il faut fournir au lecteur français d’aujourd’hui les informations qu’a le lecteur espagnol (ou péruvien, pour ce qui me concerne) contemporain. Si le lecteur français ignore, ce qui est probable, ce qu’est le mouvement aprista au Pérou (toujours dans le cadre de El Sexto), et que ce manque de connaissance gêne la compréhension du texte, alors il faut lui fournir les indications nécessaires à une lecture fluide.
—Le style n’est pas aux ordres de la syntaxe, la syntaxe est un moyen, c’est le style et le contenu qui comptent ; la traduction n’est pas un calque et on peut parfaitement changer un adjectif en substantif etc… Nous avons travaillé par ex sur la phrase suivante, à propos d’un des personnages de Sin remedio : « eructando su whisky con dulzura tras una larga mano desmayada, veteada de pecas grises… » ; la traduction veinée pour « veteada » n’a pas été retenue, même si elle est correcte littéralement, l’image qu’elle renvoie n’étant pas parlante. On a préféré « tavelée » qui rend exactement celle voulue par l’auteur : une main de vieillard ; le mot d’origine n’a aucune importance stratégique dans le texte et le changement opéré rend service au texte.
—le vocabulaire dont on n’est pas sûr ou qui apparaît incongru dans la traduction doit être vérifié dans de multiples dictionnaires jusqu’à ce que soit trouvée la solution qui semble adéquate.
Nous avons abordé la traduction des dialogues et noté qu’ils devaient avant tout « avoir l’air naturels », il faut donc se mettre dans la situation, puis restituer à la fois l’information et l’atmosphère, ex, dans le cadre d’un échange téléphonique entre le héros Escobar et sa mère qui dit : « Hace un rato te llamé. No contestó nadie. » ; il n’est pas possible de rendre cela par : personne ne m’a répondu mais tout naturellement par : Ça ne répondait pas. Puis nous avons approfondi l’étude des six pages suivantes, le temps de nous familiariser davantage avec les personnages. Je n’ai pas pu m’empêcher de demander alors à Jean- Marie Saint-Lu ce qu’il ressentait lorsqu’il remettait son texte à l’éditeur et qu’il quittait ses personnages. Il a alors parlé de « post-partum mélancolique » et je me suis sentie soulagée car j’avoue que les résultats enthousiastes de notre sondage sur la fin de la traduction m’avaient un peu à peu perturbée. Nous continuerons l’aventure le mardi 10 mars à 14 h.
D’abord, ce que Jean-Marie Saint-Lu considère comme un postulat :
—On ne traduit pas les noms de famille ni les prénoms mais on traduit les surnoms qui ne sont pas un choix innocent de la part de l’auteur ; en revanche, les surnoms quechua ( en réponse à une de mes questions sur ma traduction longue) ne sont pas à traduire : cela permet de garder au récit la touche étrangère, d’extraénité.
—On transcrit les diminutifs tels quels – ex Clemencita, dans Sin remedio.
—Les noms géographiques ne sont traduits que s’ils sont attestés ; c’est l’usage qui prime.
—Puisqu’il convient, on le sait, d’éviter les notes en bas de page, il peut être nécessaire de rédiger une courte note du traducteur en début de livre pour éclairer le lecteur, si le contexte le justifie. Le principe est le suivant : il faut fournir au lecteur français d’aujourd’hui les informations qu’a le lecteur espagnol (ou péruvien, pour ce qui me concerne) contemporain. Si le lecteur français ignore, ce qui est probable, ce qu’est le mouvement aprista au Pérou (toujours dans le cadre de El Sexto), et que ce manque de connaissance gêne la compréhension du texte, alors il faut lui fournir les indications nécessaires à une lecture fluide.
—Le style n’est pas aux ordres de la syntaxe, la syntaxe est un moyen, c’est le style et le contenu qui comptent ; la traduction n’est pas un calque et on peut parfaitement changer un adjectif en substantif etc… Nous avons travaillé par ex sur la phrase suivante, à propos d’un des personnages de Sin remedio : « eructando su whisky con dulzura tras una larga mano desmayada, veteada de pecas grises… » ; la traduction veinée pour « veteada » n’a pas été retenue, même si elle est correcte littéralement, l’image qu’elle renvoie n’étant pas parlante. On a préféré « tavelée » qui rend exactement celle voulue par l’auteur : une main de vieillard ; le mot d’origine n’a aucune importance stratégique dans le texte et le changement opéré rend service au texte.
—le vocabulaire dont on n’est pas sûr ou qui apparaît incongru dans la traduction doit être vérifié dans de multiples dictionnaires jusqu’à ce que soit trouvée la solution qui semble adéquate.
Nous avons abordé la traduction des dialogues et noté qu’ils devaient avant tout « avoir l’air naturels », il faut donc se mettre dans la situation, puis restituer à la fois l’information et l’atmosphère, ex, dans le cadre d’un échange téléphonique entre le héros Escobar et sa mère qui dit : « Hace un rato te llamé. No contestó nadie. » ; il n’est pas possible de rendre cela par : personne ne m’a répondu mais tout naturellement par : Ça ne répondait pas. Puis nous avons approfondi l’étude des six pages suivantes, le temps de nous familiariser davantage avec les personnages. Je n’ai pas pu m’empêcher de demander alors à Jean- Marie Saint-Lu ce qu’il ressentait lorsqu’il remettait son texte à l’éditeur et qu’il quittait ses personnages. Il a alors parlé de « post-partum mélancolique » et je me suis sentie soulagée car j’avoue que les résultats enthousiastes de notre sondage sur la fin de la traduction m’avaient un peu à peu perturbée. Nous continuerons l’aventure le mardi 10 mars à 14 h.
1 commentaire:
Chères Blandine et Jacqueline,
Pour le rendez-vous du 10 mars… il faut tout de même que je vous trouve une salle ; ce qui ne sera pas chose facile, car le mardi est un jour très "couru" à Bordeaux 3. À confirmer, donc…
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