vendredi 28 novembre 2008

Entraînement : la version de CAPES

Aujourd'hui, c'est au tour des étudiants de CAPES de plancher sur la version et le thème. Pour ceux que cela intéresse, voici la version… (je me procure le thème dès la semaine prochaine). Cette fois, la durée de l'épreuve est de 2h30 et il va de soi que le dictionnaire (même unilingue) est interdit.
À vous de jouer !

El coronel destapó el tarro del café y comprobó que no había más de una cucharadita. Retiró la olla del fogón, vertió la mitad del agua en el piso de tierra, y con un cuchillo raspó el interior del tarro sobre la olla hasta cuando se desprendieron las últimas raspaduras del polvo de café revueltas con óxido de lata.
Mientras esperaba a que hirviera la infusión, sentado junto a la hornilla de barro cocido en una actitud de confiada e inocente expectativa, el coronel experimentó la sensación de que nacían hongos y lirios venenosos en sus tripas. Era octubre. Una mañana difícil de sortear, aun para un hombre como él que había sobrevivido a tantas mañanas como ésa.
[…]
Su esposa levantó el mosquitero cuando lo vio entrar al dormitorio con el café. Esa noche había sufrido una crisis de asma y ahora atravesaba por un estado de sopor.
Pero se incorporó para recibir la taza.
[…]
En ese momento empezaron los dobles. El coronel se había olvidado del entierro.
Mientras su esposa tomaba el café, descolgó la hamaca en un extremo y la enrolló en el otro, detrás de la puerta. La mujer pensó en el muerto.
[…]
Siguió sorbiendo el café en las pausas de su respiración pedregosa. Era una mujer construida apenas en cartílagos blancos sobre una espina dorsal arqueada e inflexible. Los trastornos respiratorios la obligaban a preguntar afirmando. Cuando terminó el café todavía estaba pensando en el muerto.
— Debe ser horrible estar enterrado en octubre », dijo.
Pero su marido no le puso atención. Abrió la ventana. Octubre se había instalado en el patio. Contemplando la vegetación que reventaba en verdes intensos, las minúsculas tiendas de las lombrices en el barro, el coronel volvió a sentir el mes aciago en los intestinos.
[…]
Llovía despacio pero sin pausas. El coronel habría preferido envolverse en una manta de lana y meterse otra vez en la hamaca. Pero la insistencia de los bronces rotos le recordó el entierro. « Es octubre », murmuró, y caminó hacia el centro del cuarto. Sólo entonces se acordó del gallo amarrado a la pata de la cama. Era un gallo de pelea.
Después de llevar la taza a la cocina dio cuerda en la sala a un reloj de péndulo montado en un marco de madera labrada. A diferencia del dormitorio, demasiado estrecho para la respiración de una asmática, la sala era amplia, con cuatro mecedoras de fibra en torno a una mesita con un tapete y un gato de yeso. En la pared opuesta a la del reloj, el cuadro de una mujer entre tules rodeada de amorines en una barca cargada de rosas.

Gabriel García Márquez, El coronel no tiene quien le escriba, 1955

***

La traduction « officielle », par Daniel Verdier et revue par l'auteur, pour les éditions Grasset & Fasquelle [1980] :

Le colonel déboucha le pot de café et constata qu'il n'en restait plus qu'une petite cuiller. Il retira la marmite du fourneau, versa la moitié de l'eau sur le sol de terre battue et gratta avec un couteau l'intérieur du pot au-dessus de la marmite jusqu'à ce que les dernières plaques de poudre de café collées à la rouille se soient détachées.
Assis à côté du fourneau de terre cuite dans une attitude d'expectative confiante et naïve, le colonel attendait que l'eau eût commencé à bouillir quand il sentit des champignons et iris vénéneux lui pousser dans les tripes. On était en octobre. Ce matin serait difficile à tromper, même pour un homme comme lui qui avait survécu à tant d'autres matins semblables à celui-là.
[…]
Sa femme souleva la moustiquaire quand elle le vit entrer dans la chambre avec la café. Elle avait eu une crise d'asthme durant la nuit et traversait à présent un état de semi-torpeur. Elle se dressa cependant pour prendre la tasse.
[…]
Le glas se mit à ce moment-là à sonner. Le colonel avait oublié l'enterrement. Tandis que sa femme buvait son café, il décrocha un côté du hamac et l'enroula vers l'autre, derrière la porte. La femme pensa au mort.
[…]
Elle continua à siroter son café entre les pauses de sa respiration caillouteuse. C'était une femme bâtie tout en cartilage sur une épine dorsale arquée et rigide. Les soubresauts de sa respiration l'obligeaient à poser ses questions sur le monde affirmatif. Son café fini, elle pensait toujours au mort.
« Ce doit être horrible d'être enterré en octobre », dit-elle. Mais son mari ne lui prêta pas attention. Il ouvrit la fenêtre. Octobre s'était installé dans la cour. En contemplant la végétation qui s'épanouissait en verts intenses et les minuscules boursouflures soulevées par les vers de terre, le colonel ressentit à nouveau les atteintes du mois funeste dans ses intestins.
[…]
Il pleuvait lentement mais continuellement. Le colonel aurait préféré s'enrouler dans une couverture et se réinstaller dans son hamac. Mais l'insistance des cloches fêlées lui rappela l'enterrement. « C'est octobre », murmura-t-il, et il s'avança vers le centre de la chambre. Alors seulement il se souvint du coq attaché au pied du lit. C'était un coq de combat.
Il rapporta la tasse à la cuisine, puis, dans la grand'salle, remonta une pendule à balancier encadrée de bois sculpté. Contrairement à la chambre à coucher, trop étroite pour la respiration d'une asthmatique, la pièce était vaste, avec quatre fauteuils de rotin autour d'une petite table recouverte d'un napperon où trônait un chat en plâtre. Sur le mur opposé à la pendule, un tableau montrait une femme drapée de tulles dans une barque chargée de roses, entourée de cupidons.

***

Odile nous propose sa traduction :

Le colonel déboucha le pot de café et constata qu'il n'en restait plus qu'une petite cuiller. Il retira la marmite du fourneau, versa la moitié de l'eau sur le sol de terre battue et gratta avec un couteau l'intérieur du pot au-dessus de la marmite jusqu'à ce que les dernières plaques de poudre de café mêlées de rouille se soient détachées.
Assis à côté du fourneau de terre cuite dans une attitude de confiante et naïve expectative, le colonel attendait que l'eau eût commencé à bouillir quand il sentit pousser dans son ventre des champignons et des lys vénéneux. On était en octobre. Un matin difficile à surmonter, même pour un homme comme lui qui avait pourtant survécu à tant d'autres matins semblables à celui-là.
[…]
Sa femme souleva la moustiquaire quand elle le vit entrer dans la chambre avec le café. Ayant eu une crise d'asthme pendant la nuit, elle se trouvait à présent dans un état de torpeur. Cependant, elle se redressa pour prendre la tasse.
[…]
A ce moment-là, le glas se mit à sonner. Le colonel avait oublié l'enterrement. Tandis que sa femme buvait son café, il décrocha une extrémité du hamac pour l'enrouler, derrière la porte. La femme pensa au mort.
[…]
Elle continua à absorber son café entre les répits que lui laissait sa respiration rocailleuse. C'était une femme bâtie tout en cartilages sur une colonne vertébrale voûtée et rigide. Ces problèmes respiratoires l'obligeaient à poser les questions sur le mode affirmatif. Son café fini, elle pensait encore au défunt.
- « Cela doit être horrible d'être enterré en octobre », dit-elle.
Mais son mari ne prêta pas attention à ses propos. Il ouvrit la fenêtre. Octobre s'était installé dans la cour. En contemplant la végétation qui débordait de verts intenses et les petits monticules formés dans la boue par les vers de terre, le colonel ressentit à nouveau les affres du mois funeste.
[…]
Il pleuvait doucement mais sans trêve. Le colonel aurait préféré s'envelopper dans une couverture de laine et s'installer de nouveau dans le hamac. Mais l'insistance des cloches fêlées lui rappela l'enterrement. « C'est octobre » murmura-t-il et il s' avança vers le centre de la chambre. Alors seulement il se souvint du coq attaché au pied du lit. C'était un coq de combat.
Il rappporta la tasse à la cuisine, puis, dans la grande salle, remonta la pendule à balancier encadrée de bois sculpté. Contrairement à la chambre, trop étroite pour la respiration d'une asthmatique, la pièce était vaste, avec quatre fauteuils à bascule en rotin autour d' une petite table recouverte d'un napperon sur lequel était posé un chat en plâtre. Sur le mur opposé à la pendule un tableau montrait une femme drapée de tulles, entourée d'amours, sur une barque chargée de roses.

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