dimanche 23 novembre 2008

Nathalie nous lance un défi…

En photo : merci à Ugogo Quinnko

Mode d'emploi et règles du jeu :

Il s'agit que chacun traduise les quelques lignes placées à la suite, extraites de « Cartas marruecas ». Le but n'est pas de se couler le plus fidèlement possible dans le moule du texte de départ pour le rendre avec justesse, de lexique, de ton, etc. c'est-à-dire, en somme, de faire ce que nous nous efforçons de faire habituellement… pour devenir de bon traducteurs. Non, en l'occurrence, nous allons multiplier les transgressions, puisque chacun devra pleinement, et en toute liberté, s'approprier le support pour en donner sa propre version en fonction du filtre qu'il se sera donné au départ… en une sorte d'exercice de style à la Queneau ou de "tirade des nez" de Cyrano. Il va de soi que tout peut changer… tout sauf l'essentiel, à savoir le sens. Le règlement du jeu est très strict sur ce point.
(Pour le formatage de votre travail : le mot clé (le filtre) est dévoilé au départ et vient ensuite la traduction).
Nathalie ouvrira sans doute le bal…
Toute la question étant de savoir qui remportera la Shiva d'or… de la semaine.


Extrait de « Cartas Marruecas » de José Cadalso

[En España] son muchos millares de hombres los que se levantan muy tarde ; toman chocolate muy caliente y agua fría ; se visten ; salen a la plaza ; ajustan un par de pollos ; oyen misa ; vuelven a la plaza ; dan cuatro paseos ; se informan en qué estado se hallan los chismes y habladuría del lugar ; vuelven a casa ; comen muy despacio ; duermen la siesta ; se levantan ; dan un paseo al campo ; vuelven a casa ; refrescan ; van a la tertulia ; juegan a la malilla ; vuelven a su casa ; rezan ; cenan y se meten en la cama.

Jacqueline :

MOT CLÉ : Ni putes ni soumises

(En Espagne) sévissent des milliers de machos qui se lèvent à pas d’heure ; avant de s’prendre un cacao tout chaud et de l’eau bien fraîche ; et puis qui se pomponnent ; vont faire leur p’tit tour sur la place ; y rabibochent deux galopins ; avant d’aller écouter la parole divine ; et se retrouvent sur la place ; y tournent en rond trois ou quatre fois ; en profitent pour faire le plein du jour des cancans et des potins ; rappliquent au râtelier ; bouffent en prenant tout leur temps ; piquent un p’tit roupillon ; émergent… De rats des villes, deviennent alors rats des champs ; et s’en retournent chez mémère ; pour se rafraîchir ; avant d’aller jacter en groupe ; se perdre à la manille ; et revenir au râtelier ; où ils s’adressent à Dieu ; avant d’aller casser la graine. Et de se mettre au pieu.

***

Une lectrice nous propose sa version :

MOT CLÉ : XVIIIe siècle

En vérité, l'Ibère a volontiers coutume de délaisser sa couche fort tard, et de se désaltérer de chocolat bouillant autant que d'eau glacée ; après quoi l'on s'apprête, l'on se rend sur la place, l'on marchande deux volailles, chante Laudes, va remontrer son museau sur la place, où l'on badaude mollement, tout ouïe pour caquets et commérages ; puis l'on regagne son logis où l'on dîne avec indolence avant que de prendre le repos de relevée ; l'on se désengourdit, se livre à une promenade champêtre et rentre chez soi ; une fois ragaillardi, l'on a d'ordinaire la fantaisie d'aller babiller à perte d'haleine en jouant à la manille, et – le croirez-vous ! – l'on finit en ses pénates, à prier Dieu, souper et se coucher dans son lit.

***

Nathalie nous propose sa traduction :

MOT-CLÉ : Conte de fées

Il y a bien longtemps, vivait, dans le lointain royaume d’Hispanie, un peuple très étrange où les hommes menaient une existence toute singulière : réellement, ils se levaient fort tard ; prenaient une tasse de chocolat chaud et un verre d’eau fraîche ; se paraient de leurs plus beaux atours et se rendaient, incontinent, sur la place ; choisissaient les mets les plus exquis ; allaient écouter la Bonne Parole ; revenaient sur la place ; faisaient, posément, quelques pas ; s’informaient des nouvelles et autres propos qui circulaient dans la cité ; s’en retournaient au logis ; dînaient le plus calmement du monde ; s’octroyaient un long moment de repos ; abandonnaient leur couche ; allaient se promener dans les champs alentour ; s’en retournaient au logis ; faisaient quelques ablutions; rejoignaient le cercle de leurs pairs ; jouaient à la manille ; retrouvaient leur humble demeure ; récitaient le Notre-Père ; se sustentaient frugalement et regagnaient leur alcôve.

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