samedi 22 novembre 2008

Un petit billet de Nathalie

En photo : María Elena Rábago

La littérature de jeunesse en France

La littérature « jeunesse » représente 15 % du secteur éditorial français, soit 8 000 titres sur les 60 000 qui paraissent chaque année ; la moitié sont des rééditions et l’autre moitié des nouveautés : 62 % de fiction, 22 % de documentaires et 16 % d’ouvrages d’éveil pour les tout-petits.
On compte environ 150 maisons d’édition pour la jeunesse (certaines, comme l’Ecole des Loisirs, ne proposent que des ouvrages pour la jeunesse ; d’autres, à l’instar de Larousse Jeunesse, ont créé un département spécialisé ou des collections spécifiques). Voici les maisons d’édition les plus importantes (à elles seules, elles concentrent 63 % de la production dans le secteur « jeunesse ») :

- Gallimard Jeunesse (Harry Potter)
- Hachette Jeunesse (Bibliothèques Rose et Verte, Babar, Franklin, Disney…)
- Pocket Jeunesse (Sabrina la sorcière, les jumelles, Star Wars…)
- Flammarion-Père Castor (albums du Père Castor)
- Nathan Jeunesse (T’choupi)
- Bayard Jeunesse (Tom-Tom et Nana)
- Fleurus Jeunesse (collection « l’imagerie de… »)
- Milan (documentaires, dictionnaires, encyclopédies…)
- Larousse Jeunesse (collection « mon premier… »).

Le secteur « jeunesse » a beaucoup évolué depuis les années 70 : la visée éducative ou pédagogique voire moralisatrice a fait place à une représentation réaliste du quotidien de l’enfant (au sein de sa famille, à l’école…) et, plus récemment, à la création d’univers fantastiques qui permettent aux jeunes lecteurs de vivre des aventures hors du commun.
Par ailleurs, l’introduction du livre dans la grande distribution (les pionniers, dans ce domaine, ont été les magasins E. Leclerc), a favorisé le développement de stratégies marketing comme l’apparition de couvertures attractives et pas seulement pour les nouveautés (ainsi, Les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur est régulièrement réédité avec une jaquette nouvelle, plus colorée, plus stylisée). Quant au « phénomène » Harry Potter, il a introduit le format adulte, qui rompt avec l’hégémonie du format poche dans ce secteur, l’organisation de campagnes de promotion médiatiques… Désormais, les livres pour la jeunesse sont des produits (culturels) comme les autres.
Le marché de la littérature « jeunesse » est très segmenté, essentiellement pour des raisons de lisibilité ; cette segmentation s’opère :

- par genres (roman policier, science-fiction, histoires de vie, journaux intimes…),
- par âge (en-dessous de 3 ans, entre 3 et 6 ans, 7 et 9 ans…) ; cette présentation par classes d’âge, plus ou moins flexibles, étant trop réductrice, Milan a préféré adopter les mentions suivantes : « benjamin », « cadet » et « junior ») ;
- par sexes (depuis une dizaine d’années, on trouve sur les couvertures les mentions « pour filles » ou « pour garçons », distinctions tombées en désuétude depuis les années 70).

Les meilleures ventes, ces dernières années, sont liées à un film ou une série TV, ce qui permet de mettre en œuvre une vaste opération de merchandising : Harry Potter, Star Wars, Le monde de Narnia, Arthur, Titeuf… Le problème avec Harry Potter ou certains titres de BD destinés aux jeunes lecteurs (Titeuf, Tintin ou Le petit Nicolas), c’est qu’ils sont également lus par des adultes, ce qui élargit considérablement le public de la littérature dite pour la jeunesse, remettant ainsi en cause sa dénomination même.

Compte tenu de la vitalité de ce secteur éditorial, on a vu apparaître une importante presse prescriptive (Pomme d’api, Popi, J’aime lire…) ainsi que de nombreuses manifestations régionales, la plus importante étant le Salon du livre et de la presse « jeunesse » de Montreuil (qui ouvre ses portes la semaine prochaine, le 26 novembre ; pour plus d’informations, je vous renvois à cette adresse : www.salon-livre-presse-jeunesse.net). Il existe même une foire internationale qui a lieu chaque année à Bologne.
Quant aux prix décernés aux meilleurs titres, ils ont remis par les maisons d’édition ou lors des différents salons : on peut citer le prix « Baobab » (pour le meilleur album), le prix « Tam-Tam » (roman, BD et manga)), le prix « Saint-Exupéry » ou le prix « Sorcières »…

Pour finir, voici quelques auteurs français dont les titres connaissent un grand succès en France et en Europe :

- Pierre BOTTERO (1964) : Ewilan, Ellana (heroic fantasy)
- Fabrice COLIN (1972) : Le grimoire de Merlin (2007)
- Erik L’HOMME (1967) : Phaenomen (thriller fantastique)
- Jean-Claude MOURLEVAT (1952) : L’enfant océan
- Sophie AUDOUIN MAMIKONIAN (1961) : Tara Duncan (2003)
- Annie PIETRI (1956) : Les orangers de Versailles, L’espionne du Roi Soleil…

La majorité des traductions dans le secteur « jeunesse » se font à partir de titres anglais ; les auteurs espagnols récemment traduits sont : Bernado ATXAGA (Shola), Mariasun LANDA (Iholdi et autres histoires), Elvira LINDO (Manolito Gafotas), Andreu MARTIN ( aventures du détective Flanagan)…

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