samedi 1 novembre 2008

Votre thème de deux week-end

La semaine prochaine nous serons (Jacqueline, Laure et moi) à Arles, bien occupées sans doute… et sans clavier ni stylo ni calame ni burin pour poster le thème du week-end aux malheureux apprentis privés de congrès.
Donc, voici de quoi vous occuper pour deux semaines (interdiction d'aller voir la traduction "officielle", cela va de soi !).

Le Chat Botté
Charles Perrault


Un meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu'il avait, que son moulin, son âne et son chat. Les partages furent bientôt faits, ni le notaire, ni le procureur n'y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L'aîné eut le moulin, le second eut l'âne, et le plus jeune n'eut que le chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d'avoir un si pauvre lot :
« Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble; quant à moi, lorsque j'aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. »
Le chat qui entendait ce discours, mais qui n'en fit pas semblant, lui dit d'un air posé et sérieux :
« Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n'êtes pas si mal partagé que vous croyez. »
Quoique le maître du chat n'y croyait guère, il lui avait vu faire tant de tours de souplesse, pour prendre des rats et des souris, comme quand il se pendait par les pieds, ou qu'il se cachait dans la farine pour faire le mort, qu'il ne désespéra pas d'en être secouru dans sa misère.
Lorsque le chat eut ce qu'il avait demandé, il se botta bravement et, mettant son sac à son cou, il en prit les cordons avec ses deux pattes de devant, et s'en alla dans une garenne où il y avait grand nombre de lapins. Il mit du son et des lasserons dans son sac, et s'étendant comme s'il eût été mort, il attendit que quelque jeune lapin peu instruit encore des ruses de ce monde, vint se fourrer dans son sac pour manger ce qu'il y avait mis. A peine fut-il couché, qu'il eut satisfaction; un jeune étourdi de lapin entra dans son sac, et le maître chat tirant aussitôt les cordons le prit et le tua sans miséricorde.
Tout fier de sa proie, il s'en alla chez le roi et demanda à lui parler. On le fit monter à l'appartement de sa majesté où, étant entré il fit une grande révérence au roi, et lui dit :
« Voilà, sire, un lapin de garenne que monsieur le Marquis de Carabas (c'était le nom qu'il lui prit en gré de donner à son maître) , m'a chargé de vous présenter de sa part. »
« Dis à ton maître, répondit le roi, que je le remercie, et qu'il me fait plaisir. »
Une autre fois, il alla se cacher dans du blé, tenant toujours son sac ouvert; et lorsque deux perdrix y furent entrées, il tira les cordons, et les prit toutes deux. Il alla ensuite les présenter au roi, comme il avait fait avec le lapin de garenne. Le roi reçut encore avec plaisir les deux perdrix, et lui fit donner à boire. Le chat continua ainsi pendant deux ou trois mois à porter de temps en temps au roi du gibier de la chasse de son maître.
Un jour qu'il sut que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus belle princesse du monde, il dit à son maître :
« Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite; vous n'avez qu'à vous baigner dans la rivière à l'endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire. » Le Marquis de Carabas fit ce que son chat lui conseillait, sans savoir à quoi cela serait bon. Pendant qu'il se baignait, le roi vint à passer, et le chat se mit à crier de toute ses forces :
« Au secours, au secours, voilà Monsieur le Marquis de Carabas qui se noie ! »
A ce cri, le roi mit la tête à la portière, et, reconnaissant le chat qui lui avait apporté tant de fois du gibier, il ordonna à ses gardes qu'on allât vite au secours de Monsieur le Marquis de Carabas. Pendant qu'on retirait le pauvre marquis de la rivière, le chat s'approcha du carrosse, et dit au roi que dans le temps que son maître se baignait, il était venu des voleurs qui avaient emporté ses habits, quoiqu'il eût crié au voleur de toute ses forces; le drôle les avait cachés sous une grosse pierre.
Le roi ordonna aussitôt aux officiers de sa garde-robe d'aller chercher un de ses plus beaux habits pour monsieur le Marquis de Carabas. Le roi lui fit mille caresses, et comme les beaux habits qu'on venait de lui donner relevaient sa bonne mine (car il était beau, et bien fait de sa personne) , la fille du roi le trouva fort à son gré, et le Marquis de Carabas ne lui eut pas jeté deux ou trois regards fort respectueux, et un peu tendres, qu'elle en devint amoureuse à la folie.
Le roi voulut qu'il montât dans son carrosse, et qu'il fût de la promenade. Le chat ravi de voir que son dessein commençait à réussir, prit les devants, et ayant rencontré des paysans qui fauchaient un pré, il leur dit :
« Bonnes gens qui fauchez, si vous ne dites au roi que le pré que vous fauchez appartient à Monsieur le Marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté. »
Le roi ne manqua pas à demander aux faucheurs à qui était ce pré qu'ils fauchaient.
« C'est à Monsieur le Marquis de Carabas », dirent-ils tous ensemble, car la menace du chat leur avait fait peur.
« Vous avez là un bel héritage », dit le roi au Marquis de Carabas.
« Vous voyez, sire, répondit le marquis, c'est un pré qui ne manque point de rapporter abondamment toutes les années. »
Le maître chat, qui allait toujours devant, rencontra des moissonneurs, et leur dit :
« Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ce blé appartient [tous ces blés appartiennent ] à Monsieur le Marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté. »
Le roi, qui passa un moment après, voulut savoir à qui appartenaient tout ce blé [tous ces blés] qu'il voyait.
« C'est à monsieur le Marquis de Carabas », répondirent les moissonneurs, et le roi s'en réjouit encore avec le marquis.
Le chat, qui allait devant le carrosse, disait toujours la même chose à tous ceux qu'il rencontrait; et le roi était étonné des grands biens de monsieur le Marquis de Carabas. Le maître chat arriva enfin dans un beau château dont le maître était un ogre, le plus riche qu'on ait jamais vu, car toutes les terres par où le roi avait passé étaient sous la dépendance de ce château. Le chat, qui eut soin de s'informer qui était cet ogre, et ce qu'il savait faire, demanda à lui parler, disant qu'il n'avait pas voulu passer si près de son château, sans avoir l'honneur de lui faire la révérence. L'ogre le reçut aussi civilement que le peut un ogre, et le fit reposer.
« On m'a assuré, dit le chat, que vous aviez le don de vous changer en toute sorte d'animaux, que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant ? -" Cela est vrai, répondit l'ogre brusquement, et pour vous le montrer, vous allez me voir devenir lion. »
Le chat fut si effrayé de voir un lion devant lui, qu'il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, car ses bottes ne valaient rien pour marcher sur les tuiles. Quelques temps après le chat, ayant vu que l'ogre avait quitté sa première forme, descendit, et avoua qu'il avait eu bien peur.
« On m'a assuré encore «, dit le chat, « mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple, de vous changer en un rat, en une souris; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.
— Impossible ? reprit l'ogre, vous allez voir », et aussitôt il se changea en une souris qui se mit à courir sur le plancher. Le chat ne l'eut pas plus tôt aperçue qu'il se jeta dessus et la mangea.
Cependant le roi, qui vit en passant le beau château de l'ogre, voulut y entrer. Le chat, qui entendit le bruit du carrosse qui passait sur le pont-levis, courut au-devant, et dit au roi : "Votre majesté soit la bienvenue dans le château de Monsieur le Marquis de Carabas.
« Comment Monsieur le Marquis, s'écria le roi, ce château est encore à vous ! Il n'y a rien de plus beau que cette cour et que tous ces bâtiments qui l'environnent : voyons-en l'intérieur, s'il vous plaît. »
Le marquis donna la main à la jeune princesse, et suivant le roi qui montait le premier, ils entrèrent dans une grande salle où ils trouvèrent une magnifique collation que l'ogre avait fait préparer pour ses amis qui devaient venir le voir ce même jour, mais qui n'avaient pas osé entrer, sachant que le roi y était. Le roi, charmé des bonnes qualités de monsieur le Marquis de Carabas, de même que sa fille qui en était folle, et voyant les grands biens qu'il possédait, lui dit, après avoir bu cinq ou six coupes :
« Il ne tiendra qu'à vous, Monsieur le Marquis, que vous ne soyez mon gendre. »
Le marquis, faisant de grandes révérences, accepta l'honneur que lui faisait le roi; et le même jour épousa la princesse. Le chat devint grand seigneur, et ne courut plus après les souris que pour se divertir.

***

Nathalie nous propose sa traduction :

El Gato con botas

Un molinero no dejó, por toda fortuna, a sus tres hijos más que el molino, el burro y el gato. Pronto se hizo el reparto : no se convocaron ni al notario ni al procurador. Se hubieran comido en seguida el pobre patrimonio. Al mayor le cupo el molino, al segundo, el burro y al menor, sólo el gato.
Este último quedaba desconsolado por haber recibido tan pobre lote :
- Mis hermanos - decíase - podrán ganarse la vida honradamente juntándose ; en cuanto a mí, cuando me haya comido el gato y me haya hecho un manguito con su piel, no tendré otro remedio que morirme de hambre.
Oyendo estas palabras, el Gato, que se dio por entendido, le dijo con tono sosegado y serio :
- No estéis tan acongojado, amo mío; basta con que me deis un saco y mandéis hacer un par de botas para andar en la maleza y ya veréis que el lote que os ha tocado no resulta tan malo como créeis.
Aunque el dueño del Gato no hizo gran caso de lo que acababa de oír, le había visto actuar con tanta maña para coger ratas y ratones, como cuando se colgaba de los pies o se escondía en la harina haciendo el muerto, que no desesperó de encontrar en él quien lo sacara de su miseria.
Cuando el Gato tuvo lo que había pedido, con ánimo se calzó las botas y poniéndose el saco al cuello, asió los cordones con sus dos patas delanteras y se fue a un conejar donde había gran cantidad de conejos. Puso salvado y cerrajas en el saco y, tendiéndose como si estuviera muerto, esperó a que algún conejillo, poco instruído todavía en los ardides de nuestro mundo, viniera a meterse en el saco para comer lo que había puesto dentro.
Apenas estuvo tendido cuando consiguió lo que anhelaba : que un gazapo descuidado se metiera en el saco ; y tirando en el acto los cordones, el maese Gato lo cogió y lo mató sin misericordia.
Muy ufano de su presa, se fue donde el rey y pidió hablarle. Le hicieron subir al cuarto de Su Majestad y nada más entrar, le hizo una gran reverencia al rey y le dijo :
- He aquí, Señor, un conejo que el marqués de Carabas (era el nombre que le había agradado dar a su amo) me ha encargado ofrecerle.
- Dile a tu amo, contestó el rey, que se lo agradezco y que tengo mucho gusto.
Otro día, el Gato fue a esconderse en un trigal, con el saco siempre abierto y, cuando dos perdices se metieron en él, tiró los cordones y cogió las dos. Luego, fue a ofrecerlas al rey, como lo había hecho con el conejo. El rey recibió de nuevo con gusto las dos perdices y le mandó dar de beber.
El Gato siguió así, durante dos o tres meses, llevando al rey, de vez en cuando, caza de parte de su amo.
Un día, cuando supo que el rey debía ir a pasear con su hija, la más hermosa princesa del mundo, a orillas del río, dijo a su amo :
- Si queréis seguir mi consejo, vuestra fortuna está hecha ; no tenéis más que bañaros en el río, donde se lo enseñaré, y luego, dejarme actuar.
El marqués de Carabas hizo lo que le aconsejaba su gato, sin saber si todo vendría bien. Mientras estaba bañándose, pasó el rey ; y el Gato se puso a gritar tan fuerte como pudo :
- ¡Socorro ! ¡socorro ! ¡Que el marqués de Carabas se está ahogando !
Al oír los gritos, el rey asomó la cabeza a la portezuela y reconociendo al Gato que tantas veces le había traído caza, ordenó a sus guardias que socorrieran en seguida al marqués de Carabas.
Mientras sacaban del río al pobre marqués, el Gato se acercó a la carroza y dijo al rey que cuando se bañaba su amo, habían venido a robarle sus vestidos, aunque había gritado " ¡ladrones ! " con todas sus fuerzas ; el granuja había tapado los vestidos bajo una gruesa piedra.
El rey ordenó a los oficiales de su guardarropa ir por uno de sus más hermosos vestidos para el señor marqués de Carabas. Le hizo mil caricias; y como los ricos vestidos que acababan de entregarle ponían de realce su buen semblante (era pues buen mozo y muy apuesto), a la hija del rey le agradó mucho ; y el marqués de Carabas apenas le echó dos o tres miradas asaz respetuosas y algo tiernas, cuando ella se enamoró locamente de él.
Quiso el rey que subiera a su carroza y compartiera el paseo con ellos. Encantado el Gato de ver que su propósito tomaba buen cariz, se adelantó y tras haberse encontrado con unos campesinos que guadañaban un prado, les dijo :
- Buenas gentes que estáis guadañando, si no decís al rey que el prado que estáis guadañando pertenece al señor marqués de Carabas, seréis despedazados todos y hechos trizas.
El rey no dejó de preguntar a los guadañeros a quién pertenecía el prado que estaban guadañando.
- Pertenece al señor marqués de Carabas, contestaron de una voz, ya que la amenaza del Gato les había amedrentado.
- Ya tenéis ricos bienes, dijo el rey al marqués de Carabas.
- Es verdad, señor, respondió el marqués : es un prado que no deja de dar mucho cada año.
Yendo siempre delante, el Gato topó con unos segadores y les
dijo :
- Buenas gentes que estáis segando, si no decís que todos estos trigales pertenecen al señor marqués de Carabas, seréis despedazados todos y hechos trizas.
El rey, que pasó poco después, quiso saber a quién pertenecían todos los trigales que veía.
- Pertenecen al señor marqués de Carabas, contestaron los segadores. Y el rey holgó mucho, otra vez, con el marqués.
El Gato, que seguía delante de la carroza, decía las mismas palabras a cuantos encontraba ; y el rey se maravillaba de los muchos bienes del señor marqués de Carabas.
El maese Gato llegó al fin a un hermoso castillo cuyo dueño era un ogro, el más rico que se hubiera visto : todas las tierras por las que había pasado el rey dependían del castillo. El Gato que había procurado informarse de quién era este ogro y lo que sabía hacer, pidió hablarle, diciendo que no había querido pasar tan cerca del castillo sin haber tenido el honor de venir a saludarlo.
El ogro le recibió tan cortésmente como puede un ogro y le hizo descansar.
- Me han asegurado, le dijo el Gato, que tenéis el don de transformaros en toda suerte de animales, que podéis, por ejemplo, transformaros en león, en elefante.
- Es verdad, contestó bruscamente el ogro, y para enseñaroslo, vais a verme convertido en león.
Al ver un león delante de sí, el Gato quedó tan espantado que subió en seguida al alero, no sin trabajo y peligro, por culpa de las botas que de nada le servían para andar sobre las tejas.
Poco después, al ver que el ogro había recobrado su forma inicial, el Gato bajó y confesó que había pasado mucho miedo.
- También me han asegurado, dijo el Gato, pero no puedo creerlo, que tenéis además la capacidad de tomar la forma de los animales más pequeños, de transformaros por ejemplo en rata, en ratón : os confieso que esto me parece del todo imposible.
- ¿ Imposible ? replicó el ogro, ya veréis.
Y nada más terminar, se convirtió en un ratón que comenzó a ir corriendo por el suelo. Apenas lo hubo visto el Gato cuando se abalanzó sobre él y se lo comió.
Mientras tanto, el rey, al descubrir el hermoso castillo del ogro, quiso entrar en él. En cuanto oyó el ruido de la carroza que pasaba sobre el puente levadizo, el Gato se fue al encuentro del rey y le dijo :
- ¡ Bienvenida sea Su Majestad en el castillo del señor marqués de Carabas !
- ¡ Cómo ! señor marqués, exclamó el rey, ¡ también os pertenece este castillo ! Nada más hermoso que este patio y todos los edificios que lo rodean : veamos el interior, si os da la gana.
El marqués dio la mano a la joven princesa y, siguiendo al rey, que subía primero, entraron en una gran sala en la que hallaron una magnífica colación que el ogro había mandado aderezar para sus amigos, que debían venir a verle aquel mismo día, pero que no se habían atrevido a entrar, sabiendo que el rey estaba allí. El rey, encantado de las buenas cualidades del señor marqués de Carabas, así como su hija que estaba loca por él, y viendo los muchos bienes que tenía, le dijo, tras haber bebido cinco o seis tragos :
- Sólo de vos, señor marqués, depende que seáis mi yerno.
Haciendo grandes reverencias, el marqués aceptó el honor que le hacía el rey y el mismísimo día se casó con la princesa. El Gato vino a ser gran señor y no cazó ratones más que por divertirse.

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