lundi 30 novembre 2009

Exercice de version, 13

María del Rosario Galván a Nicolás Valdivia

Vas a pensar mal de mí. Dirás que soy una mujer caprichosa. Y tendrás razón. Pero, ¿quién iba a ima­ginar que de la noche a la mañana las cosas cambia­rían tan radicalmente? Ayer, al conocerte, te dije que en política no hay que dejar nada por escrito. Hoy, no tengo otra manera de comunicarme contigo. Eso te dará una idea de la urgencia de la situación...
Me dirás que tu interés en mí -el interés que me mostraste tan pronto nos miramos en la antesala del secretario de Gobernación- no es político. Es amoroso, es atracción física, incluso es simpatía hu­mana pura y simple. Debes saber cuanto antes, Nico­lás querido, que para mí todo es política, incluso el sexo. Puede chocarte esta voracidad profesional. No hay remedio. Tengo cuarenta y cinco años y desde los veintidós he organizado mi vida con un solo propósi­to: ser política, hacer política, comer política, soñar política, gozar y sufrir política. Es mi naturaleza. Es mi vocación. No creas que por eso dejo de lado mi gusto femenino, mi placer sexual, mi deseo de acos­tarme con un hombre joven y bello -como tú...
Simplemente, considero que la política es la ac­tuación pública de pasiones privadas. Incluyendo, sobre todo, acaso, la pasión amorosa. Pero las pasio­nes son formas arbitrarias de la conducta y la política es una disciplina. Amamos con la máxima libertad que nos es concedida por un universo multitudinario, incierto, azaroso y necesario a la vez, a la caza del poder, compitiendo por una parcela de autoridad.
¿Crees que es igual en amor? Te equivocas. El amor posee una fuerza sin límites que se llama la imaginación. Encarcelado en el castillo de Ulúa, sigues teniendo la libertad del deseo, eres dueño de tu imaginación erótica. En cambio, ¡qué poco te sirve en
política desear e imaginar sin poder!

Carlos Fuentes, La silla del águila

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Auréba nous propose sa traduction :

Tu vas penser du mal de moi. Tu diras que je suis une femme capricieuse. Et tu auras raison. Mais, qui allait imaginer que du jour au lendemain tout changerait de façon si radicale? Hier, te connaissant, je t´ai dit qu’en politique, il ne faut rien laisser par écrit. Aujourd´hui, je n’ai pas d´autre façon de communiquer avec toi. Ça te donnera une idée de l´urgence de la situation.
Tu me diras que ton intérêt pour moi_ l’intérêt que tu m’as montré dès que nous nous sommes regardés dans la salle d´attente du secrétaire au Gouvernement _n’est pas politique. Il est amoureux, c’est de l´attirance physique, c’est même de la sympathie humaine pure et simple. Tu dois savoir le plus tôt possible, cher Nicolas, que pour moi tout est politique, même le sexe. Il se peut que cette voracité professionnelle te choque. On ne peut rien y faire. J´ai quarante-cinq ans et depuis mes vingt ans j’ai organisé ma vie dans un seul dessein: être politique, faire de la politique, manger politique, rêver politique, jouir et souffrir politique. C’est ma nature. C’est ma vocation. Ne crois pas que pour cela je laisse de côté mon plaisir féminin, mon plaisir sexuel, mon désir de coucher avec un homme jeune et beau- comme toi…
Simplement, je considère que la politique est le comportement public de passions privées. En n’oubliant pas, surtout, d’aventure, la passion amoureuse. Mais les passions amoureuses sont des formes arbitraires du comportement et la politique est une discipline. Nous aimons avec la plus grande liberté qui nous soit accordée par un univers qui rassemble les foules, incertain, hasardeux et à la fois nécessaire, à la chasse au pouvoir, en rivalisant pour une parcelle d’autorité.
Tu crois que c’est pareil en amour? Tu te trompes. L’amour possède une force sans limites qui s’appelle l’imagination. Emprisonné dans le château de Ulúa, tu gardes la liberté du désir, tu es maître de ton imagination érotique. Par contre, ça te sert si peu en politique de désirer et d´imaginer sans pouvoir!

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Odile nous propose sa traduction :

María del Rosario Galván à Nicolás Valdivia

Tu ne vas pas me comprendre. Tu diras que je suis une femme capricieuse. Et tu auras raison. Mais qui pouvait imaginer que du soir au lendemain les choses changeraient aussi radicalement ? Hier, quand je t'ai rencontré, je t'ai dit qu'en politique il ne faut rien laisser par écrit. Aujourd'hui, je n'ai pas d'autre moyen pour communiquer avec toi. Cela te donnera une idée de l'urgence de la situation....
Tu diras que ton intérêt pour moi – l'intérêt que tu m'as manifesté dès que nous regards se sont croisés dans l'antichambre du secrétaire d'État – n'est pas politique. C'est un intérêt amoureux, de l'attirance physique, c'est même de la sympathie humaine, pure et simple. Avant tout, tu dois savoir Nicolas chéri, que pour moi, tout est politique, même le sexe. Cette voracité professionnelle peut te choquer. Mais il n'y a rien à faire. J'ai quarante-cinq ans et depuis l'âge de vingt-deux ans, j'ai organisé ma vie dans un seul but : être politique, faire de la politique, manger politique, rêver politique, jouir et souffrir politique. C'est ma nature. C'est ma vocation. Ne penses pas que pour autant je laisse de côté mon goût féminin, mon plaisir sexuel, mon désir de coucher avec un homme jeune et beau – comme toi...
Simplement, je considère que la polique est l'interprétation publique de passions privées. Y compris, et peut-être surtout, la passion amoureuse. Mais les passions sont des formes arbitraires du comportement et la politique est une discipline. Nous aimons avec la très grande liberté que nous concède un univers innombrable, incertain, hasardeux et nécessaire à la fois, à la recherche du pouvoir, en rivalisant pour une parcelle d'autorité.
Tu crois que c'est pareil en amour ? Tu te trompes. L'amour possède une force sans limites qui s'appelle l'imagination. Emprisonné dans le château d'Ulúa, tu as encore la liberté d'avoir du désir, tu es maître de ton imagination érotique. En revanche, qu'il te sert bien peu en politique, sans le pouvoir, de désirer et d'imaginer !

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Sonita nous propose sa traduction :

De Maria del Rosario Galván pour Nicolás Valdivia.
Tu vas penser du mal de moi. Tu diras que je suis une femme capricieuse. Et tu auras raison. Mais, qui allait imaginer que les choses changeraient du jour au lendemain si radicalement? Hier, quand j’ai fait ta connaissance, je t’ai dit qu’en politique il ne fallait rien laisser par écrit. Aujourd’hui, je n’ai pas d’autre manière de me mettre en contact avec toi. Cela te donnera une idée de l’urgence de la situation…
Tu me diras que ton intérêt envers moi – l’intérêt que tu m’as montré si tôt nous nous sommes regardés dans l’antichambre du secrétaire du Gouvernement – n’est pas politique. Il est d’ordre amoureux, c’est de l’attraction physique, c’est même de la sympathie humaine pure et simplement. Tu dois savoir au plus tôt, mon cher Nicolás, que pour moi tout est politique, même le sexe. Cette voracité professionnelle peut te choquer. Je n’en ai cure. J’ai quarante-cinq ans et depuis mes vingt-deux ans j’ai organisé ma vie dans un seul but : être politicienne, faire de la politique, manger de la politique, rêver de politique, jouir et souffrir de la politique. C’est ma nature. C’est ma vocation. Ne crois pas qu’en raison de cela je mets de côté mon goût féminin, mon plaisir sexuel, mon désir de coucher avec un beau jeune homme – comme toi… – Simplement, je considère que la politique c’est la mise en scène publique des passions privées. Incluant surtout, peut-être, la passion amoureuse. Mais les passions ce sont des formes arbitraires de la conduite et la politique est une discipline. Nous aimons avec la liberté maximale que nous est accordée par un univers en masse, incertain, hasardeux, et à la fois nécessaire, à la chasse du pouvoir, en compétition pour une parcelle d’autorité.
Tu crois qu’il en est de même en amour ? Tu te trompes. L’amour possède une force sans limites qui s’appelle l’imagination. Emprisonné dans le château d’Ulúa, tu continues d’avoir la liberté du désir, tu es le maître de ton imagination érotique. En revanche, cela te sert bien peu en politique de désirer et imaginer sans avoir le pouvoir !

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