dimanche 22 novembre 2009

Exercice de version, 5

¿Qué venía yo a hacer al Pont des Arts? Me parece que ese jueves de diciembre tenía pensado cruzar a la orilla derecha y beber vino en el cafecito de la rue des Lombards donde madame Léonie me mira la palma de la mano y me anuncia viajes y sorpresas. Nunca te llevé a que madame Léonie te mirara la palma de la mano, a lo mejor tuve miedo de que leyera en tu mano alguna verdad sobre mí, porque fuiste siempre un espejo terrible, una espantosa máquina de repeticiones, y lo que llamamos amarnos fue quizá que yo estaba de pie delante de vos, con una flor amarilla en la mano, y vos sostenías dos velas verdes y el tiempo soplaba contra nuestras caras una lenta lluvia de renuncias y despedidas y tickets de metro. De manera que nunca te llevé a que madame Léonie, Maga; y sé, porque me lo dijiste, que a vos no te gustaba que yo te viese entrar en la pequeña librería de la rue de Verneuil, donde un anciano agobiado hace miles de fichas y sabe todo lo que puede saberse sobre historiografía. Ibas allí a jugar con un gato, y el viejo te dejaba entrar y no te hacía preguntas, contento de que á veces le alcanzaras algún libro de los estantes más altos.

Julio Cortázar, Rayuela

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Ma proposition de traduction :

Que venais-je donc faire sur le Pont des Arts ? Il me semble que ce jeudi de décembre, j'avais projeté d'aller sur la rive droite pour boire du vin dans le petit café de la rue des Lombards, où Madame Léonie me lit la paume de la main, m'annonçant des voyages et des surprises. Je ne t'ai jamais emmenée voir Madame Léonie, sans doute parce que j'ai eu peur qu'elle décèle dans la paume de ta main quelque vérité sur moi, car tu as toujours été un terrible miroir, une épouvantable machine de répétitions, et ce que nous appelions nous aimer, c'est peut-être cela : j'étais debout devant toi, une fleur jaune à la main, toi, tu portais deux bougies vertes et le temps, lui, soufflait contre nos visages une lente pluie de renoncements, d'adieux et de tickets de métro. De sorte que non, Maga, que je ne t'ai jamais emmenée auprès de Madame Léonie ; et je sais, parce que tu me l'as dit, que tu n'aimais pas que je te voie franchir le seuil de la petite librairie de la rue Verneuil, où un vieillard usé remplit des milliers de fiches et sait tout ce qu'on l'on peut savoir sur l'historiographie. Tu t'y rendais pour jouer avec un chat, et le vieux te laisser entrer, sans te poser de questions, content que, parfois, tu lui attrapes un livre sur les étagères plus plus hautes.

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Amélie nous propose sa traduction :

Que venais-je donc faire sur le Pont des Arts ? Il me semble qu’en ce jeudi de décembre, j’avais pensé me rendre sur la rive droite pour aller boire un coup dans le petit café de la rue des Lombards, où Madame Léonie lit dans la paume de ma main et m’annonce des voyages et des surprises. Je ne t’ai jamais emmené voir Madame Léonie pour qu’elle lise dans les lignes de ta main ; j’avais peut-être peur qu’elle y découvre quelque vérité sur moi, car tu as toujours été un terrible miroir, une épouvantable machine de répétitions, et ce que nous appelions nous aimer, ce fut peut-être cela : moi, debout devant toi, une fleur jaune dans la main, toi, tenant deux bougies vertes, et le temps soufflant sur nos visages une pluie lente de renoncements, d’adieux et de tickets de métro. C’est pourquoi je ne t’ai jamais emmené voir Madame Léonie, Maga ; et je sais, parce que tu me l’as dit, que cela ne te plaisait pas que je te voie entrer dans la petite librairie de la rue de Verneuil, où un vieil homme épuisé rédige des milliers de fiches et sait tout ce que l’on peut savoir sur l’historiographie. Tu t’y rendais pour jouer avec un chat, et le vieux te laissait entrer sans te poser de questions, bien content qu’une fois de temps en temps, tu lui attrapes un livre sur les étagères les plus hautes.

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Auréba nous propose sa traduction :

Que venais-je faire au Pont des Arts? Je crois que ce jeudi de décembre j’avais envisagé d’aller sur la rive droite et de boire du vin dans le petit café de la rue des Lombards où madame Léonie regarde la paume de ma main et me prédit des voyages et des surprises. Je ne t’ai jamais emmenée te faire lire la paume de la main par madame Léonie, peut-être ai-je eu peur qu’elle ne lise quelque vérité sur moi, car tu as toujours été un miroir terrible, une épouvantable machine à répétitions. Et ce que nous avons appelé nous aimer, ce fut peut-être le fait que j’étais debout devant toi, une fleur jaune dans la main, et tu soutenais deux bougies vertes et le temps soufflait contre nos visages une lente pluie de renoncements et d´adieux et de tickets de métro. De sorte que je ne t´ai jamais emmenée voir Madame Léonie, Maga; et je sais, car tu me l´as dit, que tu n´aimais pas que je te voie entrer dans la petite librairie de la rue de Verneuil, où un vieillard voûté fait des milliers de fiches et sait tout ce que l’on peut savoir en matière d´historiographie. Tu y allais pour jouer avec un chat, et le vieux te laissait rentrer et ne te posait pas de questions, content du fait que tu lui attrapes quelque livre des rayons les plus hauts.

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Sonita nous propose sa traduction :

Que venais-je faire sur le Pont des Arts? Il me semble que ce jeudi de décembre j’avais dans l’idée de croiser la rive droite et de boire du vin dans le petit café de la rue des Lombards où madame Léonie me lit les lignes de la main et m’annonce des voyages et des surprises. Je ne t’ai jamais emmenée avec madame Léonie pour qu’elle te lise la main, dans le meilleur des cas il se peut que j’eus peur qu’elle lise dans ta main une quelconque vérité sur moi, parce que tu as toujours été un miroir terrible, une épouvantable machine à répétitions, et ce qu’on a appelé nous aimer a été peut-être le fait que j’étais devant toi, avec une fleur jaune dans la main, et toi, tu tenais deux bougies vertes et le temps soufflait contre nos visages une pluie fine de renoncements, d’adieux et de tickets de métro. De sorte que je ne t’ai jamais emmenée avec madame Léonie, Maga, je sais, parce que tu me l’as dit, que tu n’aimais pas que je te voie entrer dans la petite librairie de la rue de Verneuil, où un vieil homme fatigué fait un millier de fiches et sait tout ce que l’on peut savoir sur l’historiographie. Tu allais là-bas pour jouer avec un chat, et le vieux te laissait entrer et ne te posait pas de questions, bien content que parfois tu lui attrapes un quelconque livre sur les plus hautes étagères.

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