jeudi 3 mai 2012

Version à rendre pour le 2 mai

Cuando alcanzó su casa, aún no habían empezado a caer las primeras gotas.
Toda la familia Nives procedía de aquella casona ancha y sólida de ganaderos señores, que ahora era suya, aunque, como todos sus bienes, los tenía su madre en usufructo.
Otros parientes de Eulogio se habían instalado en Madrid y en varias capitales de provincias. Casi todos eran grandes burgueses, mucho más ricos que lo había sido Miguel Nives, el padre de Eulogio, aunque su manera de vivir no era mejor que la que había establecido Mariana para ellos. Las Empresas Comerciales Nives, por ejemplo, con un capital de muchos millones, pertenecían a sus tíos y a sus primos hermanos casi totalmente... Y todo esto tenía importancia, mucha más importancia en la familia de Eulogio, que en la mayoría de las familias españolas corrientes, porque los Nives tenían un instinto familiar fuertísimo. Paulina solía decir que los Nives eran una especie de masonería desparramada por la nación. Ni siquiera la guerra civil les había desunido. Todos los parientes, de distintas tendencias políticas, se habían ayudado cuanto pudieron salvando todas las diferencias de opinión. A Eulogio le ayudaron sus parientes cuando estuvo en América; y al llegar a España le habían tendido una mano. Eulogio se sentía más sólidamente asentado en la vida al darse cuenta de que no estaba solo, de que pertenecía a un clan. Un clan de trabajadores, llenos de tesón, afortunados.
Antonio Nives, aquel primo segundo de Eulogio, con el que Paulina se había negado a marchar a Ponferrada, era el Nives más acaudalado y menos característico; éste (hijo de un buen abogado de Barcelona) era rico sin ninguna clase de mérito propio. Era rico por gracia del destino. Su madre (una muchacha de origen filipino, con una fortuna inmensa) murió al nacer Antonio y ahora él había heredado esta gran fortuna. El abogado, su padre, que también le había hecho estudiar esa carrera con la esperanza de tenerle en su bufete, le desesperaba al ver la vida que hacía Antonio de absoluta pereza y despilfarro. Se había confiado en su matrimonio como en un recurso. Pero desde que se había casado iba mucho peor aún...
Todos los Nives consideraban a Antonio con ciertas reservas. El matrimonio que había hecho les llenaba de asombro, porque Rita Vados, la mujer de Antonio, era exactamente la clase de persona que cualquier señora Nives hubiese deseado para su hijo, así como Paulina, la mujer de Eulogio, hubiera sido considerada una desgracia familiar siempre... Y sin embargo, Eulogio, un muchacho sensato, que siempre hizo lo que sus padres esperaban de él, había escogido a Paulina, y era Antonio, el nervioso, el «artista» —y sus parientes daban a esta palabra un retintín bastante merecido, pues Antonio presumía de poeta y escritor sin razón alguna— quien había sabido elegir y conquistar a la hija de los condes de Vados de Robre, la mejor familia del país, y la única aristócrata del pueblo. 
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Justine nous propose sa traduction :

Lorsqu’il atteignit sa maison, les premières gouttes n’avaient pas encore commencé à tomber.
Toute la famille Nives provenait de cette grande bâtisse large et solide d’éleveurs propriétaires, qui désormais était à lui ;  même si comme tous ses biens, sa mère en avait l’usufruit. D’autres membres de la famille d’Eulogio s’étaient installés à Madrid et dans plusieurs capitales de provinces. C’étaient presque tous de grands bourgeois, beaucoup plus riches que ne l’avait été Miguel, le père d’Eulogio, bien que leur manière de vivre ne fut pas meilleure que celle que Mariana avait établie pour eux. La quasi-totalité des Entreprises commerciales Nives, par exemple, avec un capital de nombreux millions,  appartenait  à ses oncles et ses cousins… Et tout cela avait de l’importance, beaucoup plus d’importance dans la famille d’Eulogio, que dans la majorité des familles espagnoles ordinaires, car les Nives avaient un instinct familial très fort. Paulina avait l’habitude de dire que les Nives étaient une espèce de franc-maçonnerie éparpillée dans la nation. Même la guerre civile ne les avait pas désunis. Tous les membres de la famille, de diverses tendances politiques, s’étaient aidés dès qu’ils avaient pu en conservant leurs différences d’opinion. Eulogio avait été aidé par les membres de sa famille quand il était en Amérique et à son arrivée en Espagne, ils lui avaient tendu la main. Eulogio se sentait plus solidement ancré dans la vie lorsqu’il se rendait compte qu’il n’était pas seul, qu’il appartenait à un clan. Un clan de travailleurs, débordants de ténacité, chanceux.
Antonio Nives, ce cousin issu de germain d’Eulogio, avec lequel Paulina avait refusé de partir à Ponferrada, était le Nives le plus fortuné et le moins caractéristique. Ce dernier (fils d’un bon avocat de Barcelone), était  riche sans aucune sorte de mérite personnel. Il était riche grâce à la faveur du destin. Sa mère (une jeune femme d’origine philippine dotée d’une immense fortune)  mourut à la naissance d’Antonio et à présent, il avait hérité de cette grande fortune. L’avocat, son père, qui lui avait fait suivre les mêmes études avec l’espoir de l’avoir à ses côtés à l’étude, désespérait en voyant la vie que menait Antonio faite de paresse absolue et de gaspillage. Il avait compté sur son mariage comme une solution mais depuis qu’il s’était marié, les choses empiraient toujours… Tous les Nives considéraient Antonio avec certaines réserves. Devant le mariage qu’il avait contracté ils étaient au comble de l’étonnement, car Rita Vados, la femme d’Antonio, était exactement le genre de personne que n’importe quelle Madame Nives aurait souhaité pour son fils, alors que Pauline, la femme d’Elogio avait toujours été considérée comme une disgrâce familiale… Et cependant, Eulogio, un jeune homme sensé, qui a toujours fait ce que ses parents attendaient de lui, avait choisi Paulina ; et c’était Antonio le nerveux, « l’artiste » – et les membres de sa famille prononçaient ce mot  sur un ton moqueur assez mérité, car Antonio se vantait d’être poète et écrivain sans aucune raison – qui avait su choisir et conquérir la fille des Comtes de Vados de Robre, la meilleure famille du pays et la seule aristocrate du village.


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Elena nous propose sa traduction :

Lorsqu’il arriva chez lui, les premières gouttes n’avaient pas encore commencé à tomber.
La famille Nives au complet provenait de ce manoir large et solide de seigneurs éleveurs, qui maintenant lui appartenait, bien que, comme pour tous ses biens, sa mère en avait l’usufruit.
D’autres parents d’Eulogio s’étaient installés à Madrid et dans d’autres capitales de province. Ils étaient presque tous de grands bourgeois, beaucoup plus riches que Miguel Nives, le père d’Eulogio, ne l’avait été, même si leur train de vie n’était pas meilleur que celui que María avait établi pour eux.  La quasi-totalité des Entreprises Commerciales Nives, par exemple, avec un capital de plusieurs millions, appartenait à ses oncles et à ses cousins germains… Et tout ceci avait son importance, beaucoup plus d’importance dans la famille d’Eulogio que dans la majorité des familles espagnoles ordinaires, parce que les Nives avaient un instinct familial très développé. Paulina disait souvent que les Nives étaient une espèce de maçonnerie éparpillée dans tout le pays. Même la Guerre Civile n’avait pas réussi à les diviser. Tous les parents, de différentes tendances politiques, s’étaient serré les coudes autant que faire se peut, au-delà de toutes les différences d’opinions. Eulogio fut aidé par ses parents quand il était en Amérique ; et à son retour en Espagne, ils lui avaient prêté main-forte. Eulogio se sentait plus solidement installé dans la vie en réalisant qu’il n’était pas seul, qu’il appartenait à un clan. Un clan de travailleurs, persévérants, fortunés.
Antonio Nives, ce cousin second d’Eulogio, avec qui Pauline avait refusé de partir à Ponferrada, était le Nives le plus nanti et le moins caractéristique ; celui-ci (fils d’un bon avocat de Barcelone) était riche sans aucun mérite de sa part. Il était riche grâce au destin. Sa mère (une jeune fille d’origine philippine, avec une immense fortune) décéda à la naissance d’Antonio et à présent, il avait hérité de cette colossale fortune. L’avocat, son père, qui lui avait fait suivre aussi cette formation dans l’espoir de l’avoir un jour dans son cabinet, était désespéré de voir la vie que menait Antonio, d’une absolue paresse et de dilapidation. Il comptait sur son mariage en tant que dernier recours. Mais depuis qu’il s’était marié, c’était encore pire…
Tous les Nives considéraient Antonio avec une certaine réserve. Le mariage qu’il avait concrétisé les avait sidérés, car Rita Vados, la femme d’Antonio était exactement le type de personne que toute femme Nives aurait souhaité pour son fils ;  de la même manière que Paulina, la femme d’Eulogio, serait toujours considérée comme une calamité familiale… Et cependant, Eulogio, un jeune homme sensé, qui fit toujours ce que ses parents attendaient de lui, avait choisi Paulina, et c’était Antonio, l’agité, l’  « artiste » − et ses parents conféraient à ce mot un tintement assez mérité, car Antonio se vantait d’être poète et écrivain sans aucune raison valable – qui avait su choisir et séduire la fille des comtes de Vados de Robre, la meilleure famille du pays, et la seule aristocratique du village.

Carmen Laforet, La mujer nueva

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