lundi 21 mai 2012

Exercice d'écriture – le texte de Justine Ladaique

Le sujet était « Depuis les yeux de mon chat »…


On pourrait dire que dans l’esprit de certaines personnes, les chats sont une espèce de mythe. En effet, dans les croyances populaires, le chat aurait neuf vies ; s’il est noir, il est annonciateur de mauvais présages et porte malheur. Ce félin est souvent associé à la magie et davantage à la sorcellerie.
Pour ma part, j’ai beau être un chat : je suis bien loin de toutes ces superstitions…
Depuis trois ans, je vis dans un spacieux pavillon avec un grand jardin en banlieue parisienne. J’habite avec ma maîtresse, une petite fille de huit ans, et sa maman qui, le jour des cinq ans de sa fille a changé ma vie. En faisant ce cadeau d’anniversaire à la petite Marie, elle a fait de moi le plus heureux des chats ! Je quittais la pension dans laquelle j’avais passé les premières années de ma vie, pour atterrir dans les bras d’une merveilleuse petite fille et me faire câliner souvent. J’avais échappé à la vie de chat errant qu’ont certains de mes congénères et j’en étais ravi ; on n’aurait sans doute moins peur de moi, on ne se dirait pas au premier abord « Attention, il doit avoir des puces et des tiques » en me chassant à coups de balai. Je n’aurais pas l’air famélique et ne viendrais pas réclamer à manger dans le voisinage. Cela dit, il est évident que ma liberté est moindre – déjà, je ne suis jamais dehors la nuit – ; mais pas tant que ça, vous allez voir :
 La journée, Marie va à l’école et sa mère part travailler. Je suis donc seul et peut jouir de ma liberté sans entraves. Souvent, la baie vitrée du salon qui donne sur le jardin reste entrouverte pour que pendant mes moments en solitaire, je puisse sortir me dégourdir les pattes et parcourir le monde. Par exemple, quand j’en ai marre de mes croquettes ou de ma pâtée et que l’envie me prend de varier mon menu, je sors à pas feutrés et patiente dans l’herbe à l’affût d’une souris. Parfois aussi, il m’arrive de grimper à un arbre et de guetter un oiseau…
De temps en temps encore, je vais à la pêche aux poissons. Lors d’une de mes promenades, j’ai découvert une rivière pas très loin de la maison ; on peut couper à travers champ pour y accéder : ça tombe bien, ça me permet de chasser si j’en ai envie et d’éviter de risquer de me faire écraser par quelqu’un qui ne ferait pas attention à moi…
Comme vous le voyez, je peux jouer, grimper aux arbres, choisir mon alimentation, paresser au soleil, tout cela sans surveillance constante. Alors que Marie, sa mère lui interdit de grimper aux arbres en lui disant que c’est dangereux, qu’elle risquerait de se faire mal. Pour les repas, si elle a des haricots ou des brocolis dans son assiette, elle doit tout manger sans grimacer même si elle n’aime pas ça ; parce que c’est bon pour la santé.
Parfois, elle aimerait jouer, mais là encore sa mère veille au grain et sa sempiternelle rengaine résonne à mes oreilles : « Chérie, viens faire tes devoirs d’abord ! ». Elle l’aime sa fille ça se voit, elle ne veut que son bonheur, mais dieu que le monde des humains est complexe. Il faut toujours faire attention à tout. Je préfère ma condition de chat, je viens quémander des caresses quand j’en ai envie, mais au moins, je n’ai pas à souffrir toutes ces contraintes.

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