lundi 12 novembre 2012

Exercice d'écriture 4 – par Kévin Cipollini


« Lettre à mon juge »

Monsieur le Juge,

Voici ma version des faits : ce mercredi-là, vers 15 h 45, j’étais sur mon lieu de travail, dans mon bureau situé au deuxième étage, comme tous les mercredis à cette heure-là. Je reçois plusieurs personnes dans la journée, et je peux vous donner, en gage de ma bonne foi, les identités et les coordonnées de ceux qui m’ont rendu visite au moment des faits. Mes relations avec mes collègues sont généralement bonnes, l’ambiance au sein de notre agence est on ne peut mieux enviable. Bien sûr, il y a quelques prises de bec de temps en temps, mais ce n’est jamais grave. Sauf si l’on excepte le drame qui s’est produit il y a quelques jours.
Je connaissais peu la victime, c’est vrai. En fait, la seule fois où je l’ai rencontrée, c’est précisément en tout début de journée, peu après 13 h. Et si certains me regardent d’un œil soupçonneux, c’est parce que notre entretien ne s’est pas bien déroulé pour ce pauvre homme. Il m’avait fait part de ses problèmes familiaux, mais même si cela m’en a coûté, veuillez bien le croire Monsieur le Juge, je ne pouvais pas accéder à sa requête. Il m’en demandait bien trop, et je peux ultérieurement vous fournir les documents qui le prouvent. Mais en aucun cas, je n’estime l’avoir poussé à mettre fin à ses jours.
Il m’arrive peu d’être compatissant au sein de mon travail, ce ne sont pas mes quelques accusateurs dans cette affaire qui me donneront tort. Mais que voulez-vous, ma fonction m’en empêche. Je reconnais ma froideur, mais j’ai toujours essayé de faire preuve de bon sens lors de mes rendez-vous, et ce dans l’intérêt de mes interlocuteurs. De plus, vous remarquerez que ces personnes-là sont également celles qui ont essuyé un, voire plusieurs refus de ma part. Peut-on alors parler d’impartialité ? Comprenez bien que je me trouve dans une situation délicate, dans la mesure où mon droit de récusation aurait pu aisément écarter quelques jurés qui se seraient retrouvés dans une situation analogue à celle du défunt. Mais je suis incapable d’user de ce droit avec parcimonie, sous prétexte que nous ne pouvons connaitre ce genre d’information concernant les jurés.
Je ne peux que m’en remettre à ma bonne foi et un peu au concours de dame Chance pour que, je l’espère, justice soit faite.

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