jeudi 5 février 2009

Version d'entraînement, 10 (carlos Fuentes), 6

El Chac Mool, 6

”El Chac Mool inundó hoy la sala. Exasperado, dije que lo iba a devolver a la Lagunilla. Tan terrible como su risilla -horrorosamente distinta a cualquier risa de hombre o animal- fue la bofetada que me dio, con ese brazo cargado de brazaletes pesados. Debo reconocerlo: soy su prisio-nero. Mi idea original era distinta: yo dominaría al Chac Mool, como se domina a un juguete; era, acaso, una prolongación de mi seguridad in-fantil; pero la niñez -¿quién lo dijo?- es fruto comido por los años, y yo no me he dado cuenta… Ha tomado mi ropa, y se pone las batas cuan-do empieza a brotarle musgo verde. El Chac Mool está acostumbrado a que se le obedezca, por siempre; yo, que nunca he debido mandar, sólo puedo doblegarme. Mientras no llueva -¿y su poder mágico?- vivirá co-lérico o irritable”.
Hoy descubrí que en las noches el Chac Mool sale de la casa. Siempre, al oscurecer, canta una canción chirriona y anciana, más vieja que el canto mismo. Luego cesa. Toqué varias veces a su puerta, y cuando no me contestó, me atreví a entrar. La recámara, que no había vuelto a ver desde el día en que intentó atacarme la estatua, está en ruinas, y allí se concentra ese olor a incienso y sangre que ha permeado la casa.. Pero detrás de la puerta, hay huesos: huesos de perros, de ratones y gatos. Esto es lo que roba en la noche el Chac Mool para sustentarse. Esto explica los ladridos espantosos de todas las madrugadas”.
“Febrero, seco. Chac Mool vigila cada paso mío; ha hecho que telefonee a una fonda para que me traigan diariamente arroz con pollo. Pero lo sustraído de la oficina ya se va a acabar. Sucedió lo inevitable: desde el día primero, cortaron el agua y la luz por falta de pago. Pero Chac ha descubierto una fuente pública a dos cuadras de aquí; todos los días hago diez o doce viajes por agua, y él me observa desde la azotea. Dice que si intento huir me fulminará; también es Dios del Rayo. Lo que él no sabe es que estoy al tanto de sus correrías nocturnas… Como no hay luz, debo acostarme a la ocho. Ya debería estar acostumbrado al Chac Mool, pero hace poco, en la oscuridad, me topé con él en la escalera, sentí sus brazos helados, las escamas de su piel renovada, y quise gritar.
”Si no llueve pronto, el Chac Mool va a convertirse en piedra otra vez. He notado su dificultad reciente para moverse; a vecs se reclina durante horas, paralizado, y parece ser, de nuevo, un ídolo. Pero estos reposos sólo le dan nuevas fuerzas para vejarme, arañarme como si pudiera arrancar algún líquido de mi carne. Ya no tienen lugar aquellos inter-medios amables en que relataba viejos cuentos; creo notar un resenti-miento concentrado. Ha habido otros indicios que me han puesto a pensar: se está acabando mi bodega; acaricia la seda de las batas; quiere que traiga una criada a la casa; me ha hecho enseñarle a usar jabón y lociones. Creo que el Chac Mool está vayendo en tentaciones humanas, incluso hay algo viejo en su cara que antes parecía eterna. Aquí puede estar mi salvación: si el Chac se humaniza, posiblemente todos sus si-glos de vida se acumulen en un instante y caiga fulminado. Pero también, aquí, puede germinar mi muerte: el Chac no querrá que asista a su derrumbe, es posible que desee matarme.

***

Brigitte nous propose sa traduction :

Aujourd’hui le Chac Mool a inondé tout le salon. Exaspéré, j’ai dit que j’allais le rapporter à la Lagunilla. Son petit rire – horriblement différent de n’importe quel rire humain ou animal – a été aussi terrible que la gifle qu’il m’a assénée, avec cette main chargée de lourds bracelets.
Il faut bien que je l’admette : je suis son prisonnier. Mon idée initiale était différente : je devais dominer le Chac Mool, comme on domine un jouet ; c’était, peut-être, un prolongement de mon assurance d’enfant ; mais l’enfance – Qui a dit ça ? – est un fruit rongé par les années, et je me suis rendu compte… Il a pris mes vêtements et il met les peignoirs lorsque la mousse verte commence à pousser. Le Chac Mool est habitué à ce que je lui obéisse, pour toujours ; moi, qui n’ai jamais su commander, je ne peux que me soumettre. Tant qu’il ne pleuvra pas – Et son pouvoir magique ? - il sera colérique ou irritable.
Aujourd’hui, j’ai découvert que toutes les nuits, le Chac Mool sort de la maison. Toujours, au coucher du soleil, il chante à tue-tête une vieille chanson, plus vieille encore que l’existence elle-même du chant. Ensuite, il arrête. J’ai frappé plusieurs fois à sa porte et quand il ne me répondait pas, je me suis risqué à entrer. La chambre, que je n’avais pas revue depuis le jour où la statue avait tenté de m’agresser, est littéralement dévastée, et là est concentrée cette odeur d’encens et de sang qui a imprégné toute la maison… Mais, derrière la porte, il y a des ossements : des os de chiens, de souris et de chats. C’est ce que vole le Chac Mool la nuit pour se nourrir. Ce qui explique les aboiements épouvantables tous les matins.
Février, sec. Chac Mool épie chacun de mes pas ; il a fait en sorte que je téléphone à une auberge pour qu’on m’apporte quotidiennement du poulet au riz. Mais ce qui a été subtilisé au bureau s’épuise déjà. Et est arrivé ce qui devait arriver : depuis le premier du mois, ils ont coupé l’eau et l’électricité pour défaut de paiement. Mais Chac a découvert une fontaine publique à deux pâtés de maison d’ici ; tous les jours, je fais dix ou douze voyages pour aller chercher de l’eau, et il m’observe depuis la terrasse. Il dit que si j’essaie de m’enfuir il me foudroiera ; il est aussi Dieu de la Foudre. Ce qu’il ne sait pas, c’est que je suis au courant de ses escapades nocturnes…Comme il n’y a pas d’électricité, je dois me coucher à huit heures. Je devrais être habitué maintenant au Chac Mool, mais il y a peu il n’y a pas longtemps, dans l’obscurité, je l’ai heurté dans l’escalier, j’ai senti ses bras glacés, les écailles de sa nouvelle peau, et j’ai voulu crier.
S’il ne pleut pas bientôt, le Chac Mool va redevenir de pierre ; j’ai remarqué dernièrement sa difficulté à se mouvoir; parfois, il se repose pendant des heures, paralysé, et il semble alors être redevenu une idole. Mais ses moments de repos ne font que lui donner de nouvelles forces pour me brimer, me griffer comme s’il pouvait arracher quelque liquide de ma chair. Ces intermèdes agréables au cours desquels il racontait des contes anciens n’ont plus lieu ; il me semble remarquer une intense aversion. D’autres indices m’ont fait penser à cela : ma réserve de vins est en train de se vider ; il caresse la soie des peignoirs ; il veut que je fasse venir une employée de maison ; il m’a forcé à lui apprendre comment utiliser savon et lotions. Je crois que le Chac Mool est en train de succomber aux tentations humaines, son visage qui paraissait d’une jeunesse éternelle, a quelque chose de vieux. C’est peut-être là que se trouve mon salut : si le Chac Mool devient humain, il est possible que tous ses siècles de vie s’accumulent en un instant et qu’il tombe, anéanti. Mais c’est aussi là que peut germer ma mort : le Chac ne voudra pas que j’assiste à sa déchéance, il est possible qu’il veuille me tuer.

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Odile nous propose sa traduction :

Aujourd'hui le Chac Mool a inondé la salle. Exaspéré, je lui ai dit que j'allais le ramener à la Lagunilla. La claque qu'il m'a flanquée a été aussi terrible que son petit rire -si horriblement distinct de celui d'un homme ou d'un animal-. Je dois le confesser: je suis son prisonnier. Mon idée de départ n'était pas celle-là: c'est moi qui devait le dominer, comme on domine un jouet; c'était peut-être là un prolongement de mes certitudes d'enfant; mais l'enfance, -qui l'a dit?- est un fruit rongé par le passage du temps et moi, je ne me suis aperçu de rien..... Il a pris mes vêtements et enfile mes peignoirs quand la mousse verte repousse sur lui. Le Chac Mool a l'habitude qu'on lui obéisse, et depuis toujours. Moi, qui n'ai jamais eu à donner d'ordres, je ne peux que me soumettre. Tant qu'il ne pleuvra pas – et son pouvoir magique alors?- il sera colérique ou irritable.
« Aujourd'hui, j'ai découvert que le Chac Mool quitte la maison toutes le nuits. A la tombée du jour , il chante toujours d' une voix criarde une vieille chanson, plus immémoriale que le chant lui-même. Puis il arrête. J'ai frappé plusieurs fois à sa porte et comme il ne répondait pas, j'ai osé entrer. La chambre, que je n'avais pas revue depuis que la statue à essayé de m'attaquer, est dévastée et c'est là que se concentre cette odeur d'encens et de sang qui a imprégné toute la maison. Mais derrière la porte, il y a des os; des os de chiens, de souris et de chats. C'est ce que le Chac Mool atttrape la nuit pour se nourrir. Cela explique les aboiements effroyables que j'entends tous les matins à l'aube ».
« Février sec. Chac Mool épie chacun de mes pas; il a fait en sorte que je téléphone à un restaurant pour qu'on me livre quotidiennement du riz au poulet. Mais ce que j'ai dérobé au bureau va bientôt s'épuiser. L'inévitable s'est produit : depuis le premier du mois, on a coupé l'eau et l'électricité faute d'en avoir payé les factures. Mais Chac Mool a découvert une fontaine publique à deux rues d'ici; tous les jours je dois faire dix ou douze voyages pour la provision d'eau et il me surveille depuis la terrasse. Il dit que si je tente de fuir, il me foudroiera; il est aussi le dieu de le Foudre. Ce qu'il ignore, c'est que je suis au courant de ses escapades nocturnes....Comme il n'y a pas de lumière, je dois me coucher à huit heures. Je devrais être accoutumé au Chac Mool, mais il y a peu, dans l'obscurité, je suis tombé nez à nez avec lui, dans l'escalier, j'ai senti ses bras glacés, les squames de sa nouvelle peau, et j'ai voulu crier.
« Si la pluie ne tombe pas bientôt, le Chac Mool va redevenir de pierre. J'ai remarqué qu'il a maintenant du mal à bouger, parfois il s'immobilise pendant des heures, comme paralysé et alors il ressemble de nouveau à une idole. Mais ces moments de repos ne servent qu'à lui rendre des forces pour me maltraiter, m'égratigner comme s'il pouvait tirer quelque liquide de ma chair. Ces aimables intermèdes pendant lesquels il me contait de vieilles histoires n'ont plus lieu; je crois sentir une colère sourde. Il y a eu d'autres indices qui m'ont donné à penser: ma cave se vide; il caresse la soie des peignoirs; il veut que je fasse venir une domestique à la maison; il m'a demandé de lui montrer comment on utilise le savon et les parfums. Je crois que le Chac Mool tombe peu à peu dans les tentations des humains, il y a même quelque chose de vieilli dans dans visage qui auparavant paraîssait éternellement jeune. Là se trouve peut-être mon salut: si le Chac Mool s'humanise, il est possible que tous ses siècles de vie s'accumulent d'un seul coup et qu'il tombe foudroyé. Mais cela pourrait aussi signer mon arrêt de mort: le Chac ne supportera pas que j'assiste à sa déchéance, et il est possible qu' il veuille me tuer.

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Vanessa – étudiante du groupe 2 de CAPES – nous propose sa traduction :

« Le Choc Mool, inonda, aujourd’hui, la pièce. Exaspéré, je lui dis que j’allais le rendre à La Lagunilla. Aussi terrible que son petit rire – horriblement différente à tout rire d’homme ou d’animal – fut la gifle qu’il me donna, avec ce bras chargé de lourds bracelets. Je dois bien le reconnaître : je suis son prisonnier. Mon idée originelle était différente : moi, je dominerais le Chac Mool, comme on domine un jouet ; c’était, sans doute, une prolongation de ma sécurité infantile ; mais l’enfance – Qui le dit ? – est un fruit dévoré par les années, et moi, je ne m’en suis pas aperçu… Il a pris mes vêtements, et il met mes robes de chambre quand il commence à lui apparaître de la mousse verte. Le Chac Mool est habitué à ce que l’on obéisse, toujours ; moi, qui n’ai jamais dû commander, je ne peux que me soumettre. Tant qu’il ne pleuvra pas – Et son pouvoir magique ? – il vivra colérique ou irritable ».
« Aujourd’hui, je découvris que, la nuit, le Chac Mool sort de la maison. A la tombée de la nuit, il chante toujours une chanson grinçante et ancienne, plus vielle que le chant même. Ensuite, il cesse. Je frappai, plusieurs fois, à sa porte, et quand il ne me répondit pas, j’osai entrer. La chambre, que je n’avais pas revue depuis le jour durant lequel la statue tenta de m’attaquer, est en ruines, et, dedans, se concentre cette odeur d’encens et de sang qui a envahit la maison… Mais, derrière la porte, il y a des os : os de porc, de souris et de chat. C’est ce que vole, la nuit, le Chac Mool pour se nourrir. Cela explique les aboiements de chaque matin ».
« Février, sec. Chac Mool surveille chacun de mes pas ; il m’a obligé à téléphoner à un gargote pour me livrer, tous les jours, du riz avec du poulet. Mais les vols au bureau vont bientôt prendre fin. Il arriva l’inévitable : depuis le premier jour, on m’a coupé l’eau et l’électricité pour impayés. Mais Chac a découvert une fontaine publique à deux pâtés de maison d’ici ; tous les jours je fais dix ou douze voyages pour aller chercher de l’eau, et, lui, m’observe depuis la terrasse. Il dit que si je tente de fuir, il me fulminera ; c’est aussi le Dieu de la Foudre. Ce que lui ne sait pas, c’est que je suis au courant de ses escapades nocturnes… Comme il n’y a pas d’électricité, je dois me coucher à huit heures. Je devrais être habitué à Chac Mool, mais il y a peu, dans l’obscurité, je le heurtai, dans l’escalier, je sentis ses bras glacés, les écailles de sa nouvelle peau, et je voulus crier.
« S’in ne pleut pas bientôt, le Chac Mool va se transformer en pierre, une nouvelle fois. J’ai remarqué sa difficulté récente pour bouger ; parfois, il s’incline pendant des heures, paralysé, et il semble être, à nouveau, une idole. Mais ces repos ne font que lui procurer de nouvelles forces pour me brimer, me griffer comme s’il pouvait arracher un quelconque liquide de ma chair. Ces intervalles aimables durant lesquels il me racontait de vieux contes, n’ont plus lieu ; je crois remarquer un ressentiment intense. Il y a eu d’autres indices qui m’y ont fait penser : ma cave se vide ; il caresse la soie de mes robes de chambre ; il veut que je lui amène une employée à la maison ; il m’a obligé à lui montrer comment utiliser du savon et des lotions. Je crois que le Chac Mool est en train de succomber aux tentations humaines, il y a même quelque chose de vieux sur son visage qui, auparavant, semblait éternel. Ma salvation peut se trouver là. Si le Chac devient humain, il est possible que tous ses siècles de vie s’accumulent en un instant et qu’il tombe fulminé. Mais, ici , peut également germer ma mort : le Chac ne voudra pas que j’assiste à sa chute, il est possible qu’il veuille me tuer ».

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