mardi 3 février 2009

Version d'entraînement, 8 (carlos Fuentes), 4

El Chac mool, 4

”El traslado a la casa me costó más que la adquisición. Pero ya está aquí, por el momento en el sótano mientras reorganizo mi cuarto de trofeos a fin de darle cabida. Estas figuras necesitan sol, vertical y fo-goso: ese fue su elemento y condición. Pierde mucho en la oscuridad del sótano, como simple bulto agónico, y su mueca parece reprochar-nos que le niegue la luz. El comerciante tenía un foco exactamente vertical a la escultura, que recortaba todas las aristas, y le daba una expresión más amable a mi Chac Mool. Habría que seguir su ejemplo.”
”Amanecí con la tubería descompuesta. Incauto, dejé correr el agua de la cocina, y se desbordó, corrió por el suelo y llegó hasta el sótano, sin que me percatara. El Chac Mool resiste la humedad, pero mis maletas sufrieron, y todo esto en día de labores, me ha obligado a llegar tarde a la oficina.”
Vinieron, por fin, a arreglar la tubería. Las maletas, torcidas. Y el Chac Mool, con lama en la base”.
Desperté a la una: había escuchado un quejido terrible. Pensé en ladro-nes. Pura imaginación”.
”Los lamentos nocturnos han seguido. No sé a qué atribuirlos, pero es-toy nervioso. Para colmo de males, la tubería volvió a descomponerse, y las lluvias se han colado, inundando el sótano”.
”El plomero no viene, estoy desesperado. Del departamento del Distrito Federal, más vale no hablar. Es la primera vez que el agua de las llu-vias no obedece a las coladeras y viene a dar a mi sótano. Los quejidos han cesado: vaya una cosa por otra”.
Secaron el sótano, y el Chac Mool está cubierto de lama. Le da un as-pecto grotesco, porque toda la masa de la escultura parece padecer de una eripisela verde, salvo los ojos, que han permanecido de piedra. Voy a aprovechar el domingo para raspar el musgo. Pepe me ha recomen-dado cambiarme a un apartamento, y en el último piso, para evitar estas tragedias acuáticas. Pero no puedo dejar este caserón, ciertamente muy grande para mí solo, un poco lúgubre en su arquitectura porfiriana, pero que es la única herencia y recuerdo de mis padres. No sé qué me daría ver una fuente de sodas con sinfonola en el sótano y una casa de decoración en la planta baja”.
”Fui a raspar la lama del Chac Mool con una espátula. El musgo parecía ser ya parte de la piedra; fue labor de más de una hora, y sólo a las seis de la tarde pude terminar. No era posible distinguir en la penumbra, y dar fin al trabajo, con la mano seguí los contornos de la piedra. Cada vez que repasaba el bloque parecía reblandecerse. No quise creerlo: era ya casi una pasta. Este mercader de la Lagunilla me ha timado. Su escultura precolombina es puro yeso, y la humedad acabará por arruinarla. Le he puesto encima unos trapos, y mañana le pasaré a la pieza de arriba, antes de que sufra un deterioro total”.

***

Brigitte nous propose sa traduction :

Son transport jusque chez moi me coûta davantage que son acquisition. Mais elle était enfin là, pour le moment dans le sous-sol, le temps que je réorganise ma salle de trophées pour lui attribuer sa place. Ces statues ont besoin d’un soleil vertical et puissant : ce qui fut son élément et sa condition. Elle se dévalorise beaucoup dans l’obscurité du sous-sol, telle une simple masse agonisante, et sa grimace semble nous reprocher le fait qu’on lui refuse la lumière. Le commerçant avait un spot parfaitement vertical à la sculpture, qui mettait en valeur toutes ses arêtes et donnait à mon Chac Mool une expression plus avenante. Il faudrait suivre son exemple.
Quand je me suis réveillé la plomberie était détraquée. Négligent, j’avais laissé couler l’eau de la cuisine et elle avait débordé, avait coulé sur le sol et avait atteint le sous-sol, sans que je m’en aperçoive. Le Chac Mool résiste à l’humidité, mais mes valises avaient souffert, et tout ça sur une journée de travail, ce qui m’a obligé à arriver tard au bureau.
Ils sont enfin venus réparer la tuyauterie. Les valises, déformées. Et le Chac Mool avec de la mousse à sa base.
Je me suis réveillé à une heure du matin : j’avais entendu une plainte terrible. J’ai pensé à des voleurs. Pur fruit de mon imagination.
Les plaintes nocturnes ont continué. Je ne sais à quoi les attribuer, mais je suis nerveux. Pour comble de malheurs, la tuyauterie a encore lâché et la pluie s’est infiltrée, inondant le sous-sol.
Le plombier ne vient pas, je suis désespéré. Quant au service du District Fédéral, mieux vaut ne pas en parler. C’est la première fois que les eaux de pluies ne suivent pas les conduits d’évacuation et qu’elles viennent se déverser dans mon sous-sol. Les plaintes ont cessé : une chose arrive, l’autre s’en va.
Ils ont asséché le sous-sol, et le Chac Mool est recouvert de mousse. Ca lui donne un aspect grotesque, parce qu’on dirait que toute la masse de la sculpture est atteinte d’un érysipèle vert, sauf sur les yeux qui ont conservé la couleur de la pierre. Je vais profiter de mon dimanche pour gratter la mousse. Pepe m’a recommandé de prendre un appartement, au dernier étage de préférence, pour éviter ce genre de tragédies aquatiques. Mais je ne peux pas laisser ma grande maison, certes, très grande pour moi tout seul, un peu lugubre avec son architecture profirienne, mais qui représente le seul héritage et souvenir de mes parents. Je ne sais pas ce que ça me ferait de voir une fontaine à sodas avec de la musique dans mon sous-sol et une maison de décoration au rez-de-chaussée.
Je suis allé gratter la mousse du Chac Mool avec une spatule. La mousse semblait déjà incrustée dans la pierre ; cela m’a pris plus d’une heure et je n’ai pu terminer qu’à six heures de l’après-midi. Il était impossible de bien voir dans la pénombre et pour terminer le travail, j’ai suivi le contour de la pierre avec ma main. Chaque fois que je repassais ma main sur le bloc, on aurait dit qu’il devenait mou. Je n’ai pas voulu y croire : c’était déjà presque de la pâte. Ce marchand de la Lagunilla m’a roulé dans la farine. Sa sculpture précolombienne n’est que plâtre et l’humidité finira par la détruire complètement. Je l’ai couverte de linges, et demain je la déplacerai dans la pièce du haut, avant qu’elle ne subisse une détérioration totale.

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Odile nous propose sa traduction :

« Le transfert vers mon domicile m'a couté plus cher que l'achat lui-même. Mais il est là, à la cave pour le moment, pendant que je réorganise ma pièce aux trophées afin de lui trouver une place. Ces idoles ont besoin de soleil, un soleil vertical et chaud: c'était leur élément et leur environnement. Il n'est pas mis en valeur dans l'obscurité du sous-sol telle une simple masse moribonde et sa moue semble nous reprocher de lui refuser la lumière. Le vendeur avait placé un projecteur, exactement à la verticale de la sculpture ce qui cassait tous ses angles et donnait à mon Chac Mool un air plus aimable. Il faudrait suivre son exemple ».
« Á mon réveil, les tuyauteries étaient abimées. Imprudent, j'avais laissé couler l'eau de l'évier et elle a débordé, s'est répandue jusqu'au sous-sol, sans que je m'en aperçoive. Le Chac Mool résiste à l'humidité, mais les valises ont souffert, et tout ça est arrivé un jour où je devais travailler ce qui m'a obligé à arriver en retard au bureau. Finalement, on est venu pour réparer la plomberie. Les valises, fichues. Et le Chac Mool a de la mousse sur son socle. Je me suis réveillé à une heure: j'avais entendu une plainte terrible. Je pensai à des voleurs. Pure imagination.
Les plaintes nocturnes ont continué. Je ne sais pas à quoi les attribuer, mais je suis nerveux. Pour comble de malheurs, les tuyauteries sont de nouveau abimées et les pluies se sont écoulées, inondant la cave. »
« Le plombier n'arrive pas, je suis désespéré. Le service du District Fédéral, il vaut mieux ne pas en parler. C'est la première fois que l'eau de pluie ne s'écoule pas par les gouttières et vient finir dans le sous-sol. Les plaintes ont cessé, c'est déjà quelque chose ».
« Ils ont asséché le sous-sol et le Chac Mool est recouvert de mousse. Cela lui donne un aspect grotesque, car toute la sculpture paraît souffrir d'un érésipèle vert, hormis sur les yeux. Je vais profiter du dimanche pour gratter la mousse. Pepe m'a conseillé de prendre un appartement, et au dernier étage, pour éviter ces drames aquatiques. Mais je ne peux abandonner cette grande maison, certainement trop grande pour moi qui suis seul, et un peu lugubre dans son architecture profirienne, mais elle est le seul héritage de mes parents et un souvenir d'eux. Je ne sais pas ce que j'éprouverais de voir une fontaine à sodas et un juke-box au sous-sol et un magasin de décoration au rez-de-chaussée ».
« J'ai gratté la mousse du Chac Mool avec une spatule mais elle semblait déjà incrustée dans la pierre; cela m'a pris plus d'une heure, et ce n'est qu'à six heures de l'après-midi que j'ai pu terminer. Il était impossible de voir dans la pénombre et d'achever enfin le travail, alors je suivais les contours de la pierre avec la main. Chaque fois que je vérifiais le bloc, il semblait s'amollir. Je ne voulais pas y croire: c'était presque une pâte. Ce marchand de la Lagunilla m'a escroqué. Sa sculpture précolombienne n'est que du plâtre et l'humidité finira par la détruire. J'ai mis quelques chiffons dessus et demain je la porterai dans la pièce du haut, avant qu'elle ne soit complètement détruite ».

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Vanessa - étudiante du groupe 2 de CAPES – nous propose sa traduction :

« Le transfert jusque chez moi me fut plus pénible que l’acquisition. Mais maintenant elle est ici, pour le moment dans le sous-sol pendant que je réorganise la salle des trophées dans le but de lui faire une place. Ces figurines ont besoin de soleil, vertical et fougueux : ce fut son élément et sa condition. Elle souffre beaucoup dans l’obscurité du sous-sol, telle une simple masse à l’agonie, et son expression semble nous reprocher de lui refuser la lumière. Le commerçant avait un projecteur exactement vertical par rapport à la sculpture, qui recoupait toutes les arêtes, et donnait une expression plus aimable à mon Chac Mool. Il faudrait suivre son exemple. »
« Je me réveillai avec la tuyauterie décomposée. Naïf, je laissai couler l’eau de la cuisine, et elle déborda, et coula sur le sol et arriva jusqu’au sous-sol, sans que je ne m’en aperçoive. Le Chac Mool résiste à l’humidité, mais mes valises ont souffrirent, et tout ceci un jour ouvrable, ce qui me fit arriver en retard au bureau. »
« Ils vinrent, enfin, réparer la tuyauterie. Les valises, déformées. Et le Chac Mool avec de l’ulve sur la base. »
« Je me réveillai à une heure du matin : j’avais entendu une terrible plainte. Je pensai à des voleurs. Pure imagination. »
« Les lamentations nocturnes ont continué. Je ne sais pas à quoi les attribuer, mais je suis nerveux. Pour comble de mes maux, la tuyauterie s’est décomposée à nouveau, et la pluie s’est infiltrée, inondant le sous-sol. »
« Le plombier n’arrive pas ; je suis désespéré. Du département du District Fédéral, mieux vaut ne pas en parler. C’est la première fois que l’eau de pluie n’obéit pas aux grilles d’égout et atteint mon sous-sol. Les gémissements ont cessé. Une chose en remplace une autre. »
« Ils séchèrent le sous-sol, et le Chac Mool est couvert d’ulve. Cela lui donne un aspect grotesque, car toute la masse de la sculpture semble souffrir d’un érysipèle vert, sauf les yeux, qui sont restés de pierre. Je vais profiter de ce dimanche pour gratter la mousse. Pepe m’a conseillé de changer d’appartement, et au dernier étage, pour éviter ces tragédies aquatiques. Mais je ne peux pas laisser cette grande maison, certainement trop grande pour moi seul, un peu lugubre avec son architecture porfirienne, mais c’est l’unique héritage et souvenir de mes parents. Je en sais pas ce de ça me ferait de voir une source de sodas avec de la musique dans le sous-sol et une maison de décoration au rez-de-chaussée. »
J’allai gratter l’ulve du Chac Mool avec une spatule. La mousse semblait déjà faire partie de la pierre ; ce fut un travail qui dura plus d’une heure, et je ne pus terminer qu’à six heures de l’après-midi. Il n’était pas possible de voir dans la pénombre, et de finir le travail, de la main je suivis les contours de la pierre. Chaque fois que je repassais le bloc, il semblait ramollir. Je ne voulus pas y croire. C’était presque plus qu’une pâte. Ce marchand de La Lagunilla m’a eu. Sa sculpture précolombienne n’est que pur plâtre, et l’humidité finira par la ruiner. Je la mis sur des chiffons, et demain, je la mettrai dans la pièce du haut, avant qu’elle ne soit victime d’une totale détérioration.

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