jeudi 21 octobre 2010

La version proposée aux candidats à l'agrégation interne (les propositions de traduction)

Gustavo Barceló era un viejo colega de mi padre, dueño de una librería cavernosa en la calle Fernando que capitaneaba la flor y nata del gremio de libreros de viejo. Vivía perpetuamente adherido a una pipa apagada que desprendía efluvios de mercado persa y se describía a sí mismo como el último romántico. Barceló sostenía que en su linaje había un lejano parentesco con lord Byron, pese a que él era natural de la loicalidad de Caldas de Montbuy. Quizá con ánimo de evidenciar esta conexión, Barceló vestía invariablemente al uso de un dandi decimonónico, luciendo fular, zapatos de charol blanco y un monóculo sin graduación que según las malas lenguas no se quitaba ni en la intimidad del retrete. En realidad, el parentesco más significativo en su haber era el de su progenitor, un industrial que se había enriquecido por medios más o menos turbios a finales del siglo XIX. Según me explicó mi padre, Gustavo Barceló estaba, técnicamente, forrado, y lo de la librería era más pasión que negocio. Amaba los libros sin reserva, y aunque él lo negaba rotundamente, si alguien entraba en su librería y se enamoraba de un ejemplar cuyo precio no podía costearse, lo rebajaba hasta donde fuese necesario, o incluso lo regalaba si estimaba que el comprador era un lector de casta y no un diletante mariposón. Al margen de estas peculiaridades, Barceló posía una memoria de elefante y una pedantería que no desmerecía en porte o sonoridad, pero si alguien sabía de libros extraños era él. Aquella tarde, después de cerrar la tienda, mi padre sugirió que nos acercásemos hasta el café de Els Quatre Gats en la calle Montsió, donde Barceló y sus compinches mantenían una tertulia bibliófila sobre poetas malditos, lenguas muertas y obras maestras abandonadas a merced de la polilla.

Carlos Ruiz Zafón, La sombra del viento, Barcelona, Planeta, 2001

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Auréba nous propose sa traduction :

Gustavo Barceló était un vieux collègue de mon père, propriétaire d’une librairie obscure dans la rue Fernando que dirigeait la fine fleur de la corporation de bouquinistes. Il vivait perpétuellement collé derrière une pipe éteinte qui dégageait des effluves de marché persan et il se décrivait lui-même comme le dernier romantique.
Barceló soutenait que dans sa lignée, il y avait une parenté lointaine avec Loyd Byron, bien qu’il fût originaire de la localité de Caldas de Montbuy. Peut-être dans le but de mettre en évidence cette connexion, Barceló s’habillait invariablement à la manière d’un dandy du dix-neuvième siècle, en arborant foulard, chaussures blanches vernies et un monocle sans correction que selon les mauvaises langues, il n’enlevait même pas dans l’intimité des toilettes. En réalité, la parenté la plus significative à son actif était celle de son père, un industriel qui s’était enrichi par des moyens plus ou moins douteux à la fin du XIXème siècle. Selon ce que m’a expliqué mon père, Gustavo Barceló était, techniquement, plein aux as, et en ce qui concerne la librairie, c’était plus une passion qu’un fonds de commerce. Il aimait les livres sans réserve, et bien qu’il le niait catégoriquement, si quelqu’un entrait dans sa librairie et s’entichait d’un exemplaire qu’il ne pouvait pas se payer, il en baissait le prix autant qu’il le fallait, ou il allait même jusqu’à l’offrir s’il estimait que l’acheteur était un bon lecteur et non pas une girouette dilettante. En marge de ces particularités, Barceló possédait une mémoire d’éléphant et une pédanterie qu’il ne déméritait pas en allure ou en sonorité, mais si quelqu’un s’y connaissait en livres étranges, c’était lui. Cette soirée-là, après avoir fermé la boutique, mon père avait suggéré que nous allions au café Els Quatre Gats dans la rue Montsió, où Barceló et ses acolytes entretenaient un débat bibliophile sur des poètes maudits, des langues mortes et des œuvres maîtresses abandonnées à la merci des mites.

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Florian nous propose sa traduction :

Gustavo Barceló était un collègue de mon père, responsable d'une librairie caverneuse de la "Calle Fernando" qui dirigeait la fine fleur de la corporation des bouquinistes. Il vivait sans cesse avec une pipe accrochée à ses lèvres qui dégageait des effluves de marché perse et il se décrivait lui-même comme le dernier des romantiques existant. Barceló soutenait que dans son arbre généalogique, on trouvait un lointain lien de parenté avec lord Byron, alors qu'il était originaire de la localité de Caldas de Montbuy. De part le probable désir de mettre en évidence cette connexion, Barceló s'habillait invariablement à la manière d'un dandy du dix-neuvième siècle: il portait un foulard en soie, des chaussures en cuir verni blanc et un monocle sans correction qu'il n'ôtait, selon les mauvaises langues, pas même dans l'intimité des toilettes. En réalité, la parenté la plus significative à mettre à son actif, et celle avec son géniteur, un entrepreneur qui s'était enrichi de manières plus ou moins douteuses à la fin du XIX siècle. D'après ce que m'expliqua mon père, Gustavo Barceló était, à priori, fortuné, et sa librairie était d'abord une passion plutôt qu'une affaire. Il aimait les livres du plus profond de son être, et bien qu'il le niât de façon catégorique, si quelqu'un entrait dans sa librairie et qu'il flashait sur un exemplaire dont le prix était trop élevé pour se l'offrir, Barceló le lui baissait autant que nécessaire, ou le lui offrait même, s'il estimait que l'acheteur était un lecteur de qualité et non pas un simple touche-à-tout. En marge de ces particularités, Barceló possédait une mémoire d'éléphant et était d'une pédanterie qui n'atténuait pas sa personnalité ni son savoir, car s'il y en avait un qui s'y connaissait en livres rares, c'était bien lui. Cette après-midi-là, après avoir fermé la boutique, mon père nous suggéra d'avancer vers le café de "Els Quatre Gats" dans la "Calle Montsió", où Barceló et ses acolytes s'adonnaient à quelque discussions bibliophiles sur des poètes controversés, des langues mortes et des chefs-d'œuvre abandonnés à la merci de la poussière.

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Laurie nous propose sa traduction :

Gustavo Barceló, un vieux collègue de mon père, était propriétaire d’une librairie caverneuse dans la rue Fernando et était à la tête du gratin de la corporation des vendeurs de livres anciens. Il était toujours affublé d’une pipe éteinte qui libérait des effluves de marché perse et se définissait lui-même comme le dernier romantique. Barceló soutenait que dans sa famille il existait une lointaine parenté avec lord Byron, bien que lui fût originaire du village de Caldas de Montbuy. Dans le but de montrer ce lien peut-être, Barceló se vêtait invariablement tel un dandy du XIXème siècle, arborant un foulard, des chaussures vernies blanches et un monocle sans correction qu’il ne quittait jamais pas même aux toilettes, à en croire les mauvaises langues. En vérité, la parenté la plus flagrante dans sa manière d’être était celle avec son père qui s’était enrichi de manière plus ou moins douteuse à la fin du XIXème siècle. D’après ce que m’a expliqué mon père, Gustavo Barceló était, littéralement, plein aux as, et sa librairie était plus une passion qu’une affaire. Son amour pour les livres était sans limite, et bien qu’il le niât fermement, si quelqu’un entrait dans sa librairie et tombait amoureux d’un exemplaire trop coûteux pour lui, il en baissait le prix autant que nécessaire, il lui arrivait même de l’offrir quand il estimait que l’acheteur était un lecteur de choix et pas un lecteur du dimanche. Outre ces particularités, Barceló avait une mémoire d’éléphant et était d’une pédanterie tant visible qu’audible, mais si quelqu’un s’y connaissait en livres étranges, c’était lui. Cet après-midi-là, après avoir fermé sa boutique, mon père proposa qu’on aille jusqu’au café Les Quatre Chats de la rue Montsio, où Barceló et ses acolytes organisaient une débat bibliophile sur les poètes maudits, les langues mortes et les chefs-d’œuvre abandonnés aux mites.

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Léa nous propose sa traduction :

Gustavo Barceló était un vieux collègue de mon père, patron d’une librairie caverneuse dans la calle Fernando que dirigeait la fine fleur du groupe des anciens libraires.
Barceló vivait continuellement attaché à une pipe éteinte qui diffusait des effluves de marché perse et il se décrivait lui-même comme le dernier romantique.
Il soutenait que dans sa lignée il y avait un lointain lien de parenté avec lord Byron, malgré le fait que celui-ci était originaire de la localité de Caldas de Montbuy.
Peut-être avec l’intention de mettre en évidence ce lien, Barceló se vêtait invariablement à la manière d’un dandy du XIXème siècle, un foulard éclatant, des souliers blanc vernis et un monocle sans mesure que, selon les mauvaises langues, il n’enlevait même pas dans l’intimité des toilettes.
En réalité, le lien de parenté le plus significatif dans son patrimoine était celui de son géniteur, un industriel qui s’était enrichi par des moyens plus ou moins troubles à la fin du XIXème siècle.
D’après les explications de mon père, Gustavo Barceló était techniquement, plein aux as, et l’intérêt de la librairie était davantage passionnel que commercial.
Il aimait les livres sans réserve, et même s’il le niait catégoriquement, si quelqu’un entrait dans sa librairie et s’entichait d’un exemplaire dont il ne pouvait s’acquitter, il en baissait le prix jusqu’à la possibilité d’achat, ou il l’offrait même s’il estimait que l’acheteur était un lecteur de lignée et non un homosexuel dilettante.
En marge de ces particularités, Barceló avait une mémoire d’éléphant et une pédanterie qui ne perdait pas en grandeur et en qualité sonore, mais si quelqu’un s’y connaissait bien en livres étrangers, c’était lui.
Ce soir là, après avoir fermé la boutique, mon père suggéra que nous nous approchions du café d’Els Quatre Gats dans la calle Montsió, où Barceló et ses acolytes organisaient une réunion bibliophile entre amis, sur des poètes maudits, des langues mortes et des chefs d’œuvres abandonnés à la merci des mites.

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