jeudi 21 octobre 2010

Exercice d'écriture : « Rose », par Julie Sanchez

En photo : Puceron
par Rémi Vannier

Durant mes pérégrinations dans les rosiers voisins, il m’arrive parfois de périlleuses aventures.
Hier, j’ai même frôlé la mort, c’est pour dire !
Le matin, en me levant, j’avais repéré une rose vraiment appétissante. Elle était d’un rouge carmin magnifique, strié de blanc. Des perles de rosée parsemaient ses pétales charnus et la rendaient encore plus alléchante.
Comme j’avais l’eau à la bouche, j’entrepris d’escalader le rosier. Il était gigantesque! Et bien sûr, pour mon plus grand malheur, la plus belle de ses fleurs était aussi la plus haute. Mais peu importe, j’avais trop faim.
Je gravis donc l’amas de feuilles et de branches, petit à petit. J’humais avec plaisir les effluves des toutes belles, comme j’aime à les nommer.
Ce fut long mais je vis enfin la tige de ma chère rose qui se dressait, toute fière.
Je dus esquiver toutes les immenses épines pour ne pas glisser et j’arrivai enfin sous les pétales. J’enfouis ma tête dans ceux-ci et j’entrepris de me frayer un chemin dans cette masse odorante.
Quelle odeur… Un parfum à la fois sucré et piquant émanait de toute la fleur. Arrivé sur son cœur, je le mordais à plein rostre. Un festin !
J’étais tellement concentré que je ne vis pas arriver celle qui hantait mes nuits depuis que j’étais petit. Combien de fois avais-je entendu « Si tu n’arrêtes pas tes bêtises, j’appelle la coccinelle ce soir ! » Brr, ça me faisait froid dans le dos !
Et là, mon pire cauchemar était à deux pattes de moi. Elle s’approcha lentement mais d’un air déterminé. Elle était d’un rouge et d’un noir profonds. Le monstre agita son corps dans une sorte de transe effrayante et déploya ses élytres. Me faisant tout petit, j’espérais qu’elle ne m’ait pas vu… Mais il n’en était rien. Elle se posa tout près de ma tête. Elle ouvrait et fermait sa mandibule et je crus qu’elle allait m’avaler sur le champ.
J’eus juste le temps de m’enfoncer un peu plus profondément dans le cœur de la rose. La créature diabolique resta un long moment à observer ma cachette. Quand, tout à coup, mes amis arrivèrent. Je n’osais pas bouger de peur qu’elle revienne vers moi. Ma lâcheté fut punie par la vision horrible de mes congénères en train de se faire dévorer.
Lorsque la coccinelle fut repartie, je sortis de ma rose bien-aimée et dus traverser ce qui restait du festin de la monstrueuse. Plus jamais je ne me laisserai guider par la gourmandise… Foi de puceron !

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