Félix María Samaniego
Par Nathalie
Par Nathalie
Il est considéré comme un grand fabuliste espagnol, au même titre que Tomás de Iriarte.
Issu d’une bonne famille, il a passé plusieurs années en France avant d’entamer des études de droit à l’université de Valladolid. Soucieux d’encourager l’instruction populaire, il participe activement à la promotion des sociétés patriotiques (Sociedades de Amigos del País) apparues sous le règne de Charles III. C’est dans le but d’instruire et d’édifier qu’il rédige ses Fables Morales (Fábulas Morales), librement inspirés des fabulistes de l’Antiquité – Phèdre et Esope – et surtout de Jean de La Fontaine.
Ce n’est qu’après les avoir montré à son ami Tomás de Iriarte que Samaniego entreprend la publication de ses fables en 1781. Mais l’année suivante, Iriarte publie ses Fables Littéraires (Fábulas Literarias) en se vantant d’avoir donné à l’Espagne ses premières fables originales… Dès lors, une lutte acharnée va opposer les deux fabulistes espagnols, par pamphlets interposés.
Même s’il a toujours cherché à rester proche de l’original, Samaniego n’est pas parvenu à restituer la vivacité ou la finesse psychologique de ses illustres prédécesseurs, comme on peut en juger avec « el cuervo y el zorro », traduction-adaptation de la célèbre fable «le corbeau et le renard ».
El cuervo y el zorro - Félix María Samaniego
En la rama de un árbol,
bien ufano y contento,
con un queso en el pico,
estaba el señor Cuervo.
Del olor atraído,
un Zorro muy maestro
le dijo estas palabras
un poco más o menos:
"¡Tenga usted buenos días,
señor Cuervo, mi dueño!
¡Vaya que estáis donoso,
mono, lindo en extremo!
Yo no gasto lisonjas,
y digo lo que siento;
que si a tu bella traza
corresponde el gorjeo,
juro a la diosa Ceres,
siendo testigo el cielo,
que tú serás el Fénix
de sus vastos imperios"
Al oír un discurso
tan dulce y halagüeño,
de vanidad llevado,
quiso cantar el Cuervo.
Abrió su negro pico,
dejó caer el queso.
El muy astuto Zorro,
después de haberle preso,
le dijo: "Señor bobo,
pues sin otro alimento,
quedáis con alabanzas
tan hinchado y repleto,
digerid las lisonjas
mientras yo digiero el queso"
Quien oye aduladores,
nunca espere otro premio.
Le corbeau et le renard - Jean de La Fontaine
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Issu d’une bonne famille, il a passé plusieurs années en France avant d’entamer des études de droit à l’université de Valladolid. Soucieux d’encourager l’instruction populaire, il participe activement à la promotion des sociétés patriotiques (Sociedades de Amigos del País) apparues sous le règne de Charles III. C’est dans le but d’instruire et d’édifier qu’il rédige ses Fables Morales (Fábulas Morales), librement inspirés des fabulistes de l’Antiquité – Phèdre et Esope – et surtout de Jean de La Fontaine.
Ce n’est qu’après les avoir montré à son ami Tomás de Iriarte que Samaniego entreprend la publication de ses fables en 1781. Mais l’année suivante, Iriarte publie ses Fables Littéraires (Fábulas Literarias) en se vantant d’avoir donné à l’Espagne ses premières fables originales… Dès lors, une lutte acharnée va opposer les deux fabulistes espagnols, par pamphlets interposés.
Même s’il a toujours cherché à rester proche de l’original, Samaniego n’est pas parvenu à restituer la vivacité ou la finesse psychologique de ses illustres prédécesseurs, comme on peut en juger avec « el cuervo y el zorro », traduction-adaptation de la célèbre fable «le corbeau et le renard ».
El cuervo y el zorro - Félix María Samaniego
En la rama de un árbol,
bien ufano y contento,
con un queso en el pico,
estaba el señor Cuervo.
Del olor atraído,
un Zorro muy maestro
le dijo estas palabras
un poco más o menos:
"¡Tenga usted buenos días,
señor Cuervo, mi dueño!
¡Vaya que estáis donoso,
mono, lindo en extremo!
Yo no gasto lisonjas,
y digo lo que siento;
que si a tu bella traza
corresponde el gorjeo,
juro a la diosa Ceres,
siendo testigo el cielo,
que tú serás el Fénix
de sus vastos imperios"
Al oír un discurso
tan dulce y halagüeño,
de vanidad llevado,
quiso cantar el Cuervo.
Abrió su negro pico,
dejó caer el queso.
El muy astuto Zorro,
después de haberle preso,
le dijo: "Señor bobo,
pues sin otro alimento,
quedáis con alabanzas
tan hinchado y repleto,
digerid las lisonjas
mientras yo digiero el queso"
Quien oye aduladores,
nunca espere otro premio.
Le corbeau et le renard - Jean de La Fontaine
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire