dimanche 17 juin 2012

Version pour le 16 juin

Yo nací en Ávila, la vieja ciudad de las murallas, y creo que el silencio y el recogimiento casi místico de esta ciudad se me metieron en el alma nada más nacer. No dudo de que, aparte otras varias circunstancias, fue el clima pausado y retraído de esta ciudad el que determinó, en gran parte, la formación de mi carácter. De mi primera niñez bien poco recuerdo. Casi puede decirse que comencé a vivir, a los diez años, en casa de don Mateo Lesmes, mi profesor. Me acuerdo perfectamente, como si lo estuviera viendo, del día que mi tutor me presentó él... Se iniciaba ya el otoño. Los árboles de la cuidad comenzaban a acusar la ofensiva de la estación. Por las calles había hojas amarillas que el viento, a ratos, levantaba del suelo haciéndolas girar en confusos remolinos. Hicimos el camino en la última carretela descubierta que quedaba en la ciudad. Tengo impresos en m cerebro los menores detalles de aquella mi primera experiencia viajera. Los cascos caballos martilleaban las piedras de la calzada rítmicamente, en tanto las ruedas, rígidas y sin ballestas, hacían saltar y crujir el coche con gran desesperación de mi tío y extraordinario regocijo por mi parte. Ignoro las calles que recorrimos hasta llegar a la placita silente donde habitaba don Mateo. Era una plaza rectangular con una meseta en el centro, a la que se llegaba merced al auxilio de tres escalones de piedra. En la meseta crecían unos árboles gigantescos que Cobijaban bajo sí una fuente de agua cristalina, llena de rumores y ecos extraños. Del otro lado de la plaza, cerraba sus confines una mansión añosa e imponente, donde un extraño relieve, protegido en una hornacina, hablaba de hombres y tiempos remotos; hombres y tiempos idos, pero cuya historia perduraba amarrada a aquellas piedras milenarias.

Miguel Delibes, La sombra del ciprés es alargada

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Florian nous propose sa traduction :

Je suis né à Ávila, la vielle ville aux murailles, et je crois que le silence et le recueillement quasi mystique de cet endroit se sont imprégnés de moi dès ma naissance. Je ne doute pas un instant, qu'entre autres choses, le climat pondéré et discret de cette citée a contribué, en grande partie, à forger mon caractère. Je n'ai que très peu de souvenir de ma plus tendre enfance. On peut presque dire que j'ai commencé à vivre à l'âge de dix ans, chez don Mateo Lesmes, mon précepteur. Je me rappelle parfaitement, comme si c'était hier, le jour où mon tuteur m'a présenté le... C'était le début de l'automne. Il y avait dans les rues des feuilles jaunes que, par moment, le vent soulevait du sol, les faisant tourner en un confus tourbillon. On avait parcouru le chemin dans la dernière calèche encore découverte qui restait en ville. Les moindres détailles de ma première expérience de voyageur sont gravés dans ma mémoire. Les sabots des chevaux martelaient les pierres de la chaussée en rythme, tandis que les roues, rigides et sans ressorts amortisseurs, faisaient sauter et grincer la voiture au plus grand désespoir de mon oncle mais pour ma plus grande joie à moi. J'ignore les rues que nous avions empruntées pour arriver à la petite place endormie où habitait don Mateo. C'était une place rectangulaire avec, au centre, une terrasse surélevée que l'on atteignait à l'aide de trois marches en pierre. Sur la terrasse, des arbres gigantesques poussaient au point d'abriter une source d'eau cristalline, gorgée de rumeurs et d'échos étranges. De l'autre côté de la place, il y avait une demeure ancienne et imposante qui fermait ses portes, d'où un curieux relief, protégé par une niche, parlait d'hommes et de temps lointains, des hommes et des temps passés, mais dont l'histoire perdurait, encrée dans ces pierres millénaire.

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Manon nous propose sa traduction :

Je suis né à Avila, la vieille ville aux murailles, et je crois que le silence et le recueillement presque mystique de cette ville n'ont rien donné de plus à mon âme que ma naissance. Je suis sûr que, à part quelques autres circonstances, c'est le climat pausé et renfermé de cette ville qui a déterminé, en grande partie, la façon dont s'est formé mon caractère. De ma prime enfance, je me souviens de bien peu de choses. On peut presque dire que j'ai commencé à vivre à dix ans, chez Don Mateo Lesmes, mon professeur. Je me rappelle parfaitement, comme si je le voyais, du jour où mon tuteur me l'a présenté... L'automne débutait. Les arbres de la ville commençaient à subir l'offensive de la saison. Il y avait dans les rues des feuilles jaunes que le vent, par moments, soulevait en les faisant valser en des tourbillons confus. Nous avons fait le chemin sur la dernière charrette découverte qu'il restait de la ville. J'ai imprimé dans mon cerveau les moindres détails de cette première expérience de voyage qu'a été la mienne.  Les sabots des chevaux martelaient les pierres de la chaussée en rythme, pendant que les roues, rigides et sans suspensions, faisaient sauter et crisser la voiture, faisant le grand désespoir de mon oncle et mon extraordinaire joie. J'ignore quelles rues nous avons empruntées jusqu'à ce que nous arrivions à la petite place silencieuse où habitait Don Mateo. C'était une place rectangulaire avec un palier au centre où on arrivait grâce à trois marches en pierre. Sur le palier poussaient des arbres gigantesques qui abritaient une fontaine d'eau cristalline, pleine de murmures et d'échos étranges. De l'autre côté de la place s'achevaient le périmètre d'une vieille et imposante demeure, où un étrange relief, protégé par une niche, parlait d'hommes et de temps révolus ; des hommes et des temps passés, mais dont l'histoire perdurait, accrochée à ces pierres millénaires.

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