Un grand merci à Monsieur Georges Tyras pour sa disponibilité et sa gentillesse.
1) Justine Ladaique. Quand et comment êtes-vous venu à la traduction ?
Georges Tyras. Mes premières traductions, des romans noirs de Juan Madrid, Andreu Martín et Manuel Vázquez Montalbán, remontent à la fin des années 80. Il s’agissait à l’époque de faire connaître au public français les modalités espagnoles de ce genre littéraire, sur lequel j’avais par ailleurs beaucoup travaillé en tant que chercheur universitaire.
2) J. L. Quels domaines avez-vous explorés et quels sont ceux qui ont votre prédilection ?
G. T. Le roman noir, le roman policier, le roman expérimental. Je me sens bien dans le domaine du roman de la mémoire, qui emprunte parfois les mécanismes de l’enquête présents dans la fiction policière.
3) J. L. Quel est votre plus beau souvenir de traduction ?
G. T. Peut-être d’avoir réussi la traduction des Recettes immorales de Manuel Vázquez Montalbán, et d’en avoir été complimenté par l’auteur.
4) J. L. Quels sont les outils auxquels vous avez recours ?
G. T. Lexilogos bien sûr ! Et trois rayonnages de ma bibliothèque garnis de dictionnaires de toute sorte !
5) J. L. Vous êtes le traducteur attitré d'Alfons Cervera, comment l'êtes-vous devenu ?
G. T. J’ai été profondément impressionné (au sens quasiment photographique) par ses textes et ai souhaité les faire découvrir à un public de langue française. Avec d’autant plus de passion que leur traduction était est un véritable défi linguistique. J’ai donc démarché les éditeurs (environ 25) jusqu’à ce que (environ 2 ans), l’un prenne le risque d’une première publication. Rendons-lui hommage, c’est Pierre-Jean Balzan, directeur de La Fosse aux ours, qui a publié Maquis en 2010.
6) J. L. Le sollicitez-vous souvent quand vous traduisez l’une de ses œuvres ?
G. T. Je soumets à Alfons les problèmes que je ne suis pas parvenu à résoudre par mes propres moyens. Cette soumission est un dernier recours, qui intervient après tout un processus de travail sur le texte qui n’est pas exclusivement un travail de traduction, mais aussi un travail d’analyste, de critique, dans la perspective d’une préparation de cours, d’un article scientifique, ou même d’une présentation grand-public.
7) J. L. Êtes-vous en rapport avec les auteurs que vous traduisez ?
G. T. D’une façon générale, oui.
8) J. L. Entretenez-vous de bons rapports avec les éditeurs ?
G. T. D’une façon générale, oui.
9) J. L. Que faites-vous face à une difficulté de traduction que vous peinez à résoudre ?
G. T. Quand on a fait le choix de travailler sur la littérature actuelle, on a affaire à des auteurs vivants ; cela facilite les choses ! Sinon, après avoir épuisé les ressources bibliographiques, on peut aussi épuiser ses propres amis !
10) J. L. Vous arrive-t-il d'hésiter entre l'emploi du passé simple ou du passé composé ? Auriez-vous des conseils pour un choix judicieux ?
G. T. Je crois que c’est Harald Weinrich qui dit que le passé simple est une forme qui n’exprime pas du temps mais du récit. Savoir faire la distinction entre la valeur narrative et la valeur temporelle constitue une réponse à votre question que je trouve d’une grande efficacité.
11) J. L. Pour vous le traducteur est-il un auteur ou un passeur ?
G. T. Il me semble qu’il est davantage un passeur qu’un auteur s’il veut rester du côté des sourcistes ; il sera davantage auteur s’il penche du côté des ciblistes. Mon cœur, et peut-être ma raison, penche pour la première option.
12 ) J. L. Auriez-vous des conseils à donner à un futur traducteur ?
G. T. Comme le conseille le poète T. S Eliot, « Lire jusqu’à la nuit tombée, et en hiver partir pour le sud… »
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