mercredi 26 décembre 2012

Exercice d'écriture 6 – par Kévin Cipollini

« Derrière les yeux de l'étudiant »

Quand même, que de chemin parcouru ! Si on y regarde d’un peu plus près, il faut avoir une bonne dose d’endurance et de volonté pour prétendre avoir fait de la route. En tout cas, c’est le sentiment qui l’envahit dès qu’il se replonge dans ses dernières années d’études, loin d’être une sinécure. Qu’importe : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », n’est-ce pas M. Nietzche ? Quelque peu orgueilleux, il faut l’admettre, le miroir renvoie à l’étudiant, bien calé sur la rampe de lancement menant vers une destination fascinante et ô combien intimidante, l’image d’un vétéran de guerre couvert de balafres et autre brûlures diverses, le treillis taché de poussière et de terre, et qui a sur le visage l’expression caractéristique du « Bah, j’en ai vu d’autres. »
Et pourtant, il n’a pas de quoi être si confiant, car après tout, il est toujours présent sur le champ de bataille qui, à ses yeux, n’est plus qu’un second foyer. Certes, on a connu plus chaleureux, sauf qu’il sait désormais que la Mort n’est plus vraiment une menace pour lui : il l’a déjà côtoyée à quelques reprises, et finalement, sa faux est bien émoussée. Mais notre étudiant, spécimen fort intéressant de la faune humaine, ouvre l’œil, restant en vigilance constante, un comportement résultant de l’expérience engrangée dès son franchissement des portes imposantes de l’université. Vivant en meute, l’étudiant s’adapte aisément à cet environnement qui n’est hostile qu’aux yeux du profane, et a appris très vite qu’il devait se faire prédateur. Sa proie idéale, c’est ce qu’il a considéré assurément comme un graal à un moment donné lors de son exploration continue dans cette jungle dense où les plus imprudents ont vite fait de s’égarer : un diplôme universitaire, la condition préalable pour devenir, à défaut d’un mâle dominant, un prédateur accompli, un chasseur aguerri apte à survivre dans le monde qui l’attend.
Car oui, cette jungle n’est qu’une façade. Au loin, l’étudiant aperçoit un territoire inconnu, auquel il sait qu’il doit se rendre afin de poursuivre son existence. Ce territoire, c’est la canopée, dont on lui a déjà raconté bien des choses. Là-bas, c’est une toute autre faune à laquelle il lui faudra faire face. Là-bas, il arrive que ses anciens compagnons de chasse deviennent des rivaux, pour la simple et bonne raison que les proies peuvent se faire rares, en fonction de l’alimentation de l’étudiant. Là-bas commencera alors sa vraie existence. Car après tout, l’étudiant est à l’image d’un vieux louveteau, ou d’un jeune loup, selon son point de vue. Quoi qu’il en soit, il voit qu’en dépit de ses talents, il reste, une fois de plus hélas, du chemin à parcourir !

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