« Dis-le ! Mais, dis-le ! »
Deux heures et demie du matin. Elle n’est toujours pas rentrée. Il ressent de nouveau ce mélange confus de tristesse et de colère, cela fait maintenant quelques mois qu’il a appris à vivre avec. Il la soupçonne, l’observe, la suspecte et la guette. Mais en vain, il ne l’a jamais surprise ; aucune preuve, rien de concret, juste cette paranoïa, cette peur panique de la perdre, de la voir s’en aller. La solution semble inexistante, elle a beau lui parler, lui promettre, le supplier de ne plus douter, son incertitude persiste.
Trois heures et quart, allez savoir où elle peut être. Il se sert un autre verre, quitte à l’attendre pendant qu’elle s’amuse, autant faire passer le temps, avaler la pilule plus facilement. Il se torture en l’imaginant avec un autre, il ne le supporterait pas, elle est à lui, elle l’a toujours été, ça ne peut pas changer. Ça ne changera jamais. Il se le promet, et avale une gorgée de bourbon.
Trois heures et demie, quatrième verre, au bord de la crise de nerfs. Il a les mains qui tremblent, l’esprit embrumé, et plus qu’une seule cigarette. Les clés tournent sur la porte, elle entre, il entend le bruit du placard alors qu’elle range son manteau et enlève ses chaussures. Une vague de soulagement puis l’adrénaline monte, elle ne va pas s’en tirer comme ça, la confrontation est obligatoire, vitale. À peine a-t-elle le temps de s’approcher qu’elle se retrouve submergée de questions agressives, peut être justifiées par l’heure tardive… Mais il ne lui laisse pas le temps de répondre, il ne veut pas d’explications, il ne veut plus l’entendre raconter ses mensonges, il veut juste savoir, une fois pour toutes.
Quatre heures, alors qu’elle ne s’agite plus, enfin, ses mains sont toujours crispées autour de son cou. Et il ne cesse de répéter, en secouant son corps inerte sur le tapis du salon : « Dis-le ! Mais, dis-le ! Avoue ! » Il a renversé son cinquième verre. Et l’incertitude ne le lâche pas.
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