dimanche 19 janvier 2014

Exercice d'écriture 11 – par Sarah

QUATRIEME DE COUVERTURE

Ce matin-là, la tâche que me confia le directeur me plongea dans un profond embarras. Je travaillais depuis près de six mois dans cette maison d’édition et m’occupais en temps normal de la mise en page après réception des manuscrits. Il m’arrivait également d’assister mon chef de service lorsqu’on nous envoyait beaucoup de manuscrits et qu’il fallait sélectionner les auteurs avec qui nous allions travailler par la suite. Mais jamais le directeur ne m’avait sollicité personnellement, qui plus est pour rédiger une quatrième de couverture, chose que je n’avais jamais réalisé depuis que je travaillais pour eux, et qui n’était en général pas laissée aux nouveaux arrivants. Ce qui aurait dû me réjouir prenait des allures de cauchemar. C’était une preuve de confiance de la part du directeur et je ne devais pas le décevoir, ce qui bien sûr, m’angoissait terriblement. Mais ce qui m’effrayait plus encore, était que j’avais détesté ce livre. J’en avais lu d’autres auparavant du même auteur et tous m’avaient ennuyé au plus haut point, je trouvais à chaque fois l’intrigue fade, pour ainsi dire inexistante. Mais il écrivait des best-seller, et de toute évidence, le grand public en raffolait. Refuser de le publier aurait été catastrophique pour les recettes de la maison d’édition. Dans de telles conditions, je ne pouvais en aucun cas refuser de l’écrire, j’étais dans l’obligation de me plier aux exigences de la direction, même si je la soupçonnais de vouloir ainsi me mettre au défi et de voir si je pouvais me plier aux règles. Je n’étais pas dupe, aucun de mes collègues n’aurait pu affirmer de manière sincère qu’il avait aimé ce livre. Quelles que soient les intentions de mes supérieurs, il fallait que je m’accomplisse car il en allait de mon poste. Il me restait quatre heures avant de la rendre et ne devais donc pas perdre de temps à me demander pourquoi c’était à moi de le faire. Mais comment vanter les mérites de quelque chose qui nous a fortement déplu? Surtout dans le cas d’une quatrième de couverture, qui donne au lecteur une première impression sur l’ouvrage. Je m’apprêtais donc à tromper le lecteur avec une accroche mensongère. Après m’être fait à cette idée, je m’attelais à la tâche…

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